Tome III - Chapitre quatorzième

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_ Nam, ouvre-moi.

Jera est derrière la porte, attendant que je lui donne un signe de vie. Mais je n'ai pas envie de discuter. J'ai envie d'être seule. J'ai fait une connerie envers lui et Kasey, j'en suis consciente. Mais je n'ai pas calculé la probabilité de tomber sur Gio et Iori et d'être retardée dans mon ascension sur Acropolis. Et surtout, de les entraîner dans mon merdier !

_ Nam, ouvre cette porte ! Il faut que je te parle !

Il ne me lâchera pas. Il ne partira pas sans rien faire. Je souffle et me lève de la banquette pour aller lui ouvrir. Je tire la porte vers moi et m'en éloigne pour le laisser rentrer. Il referme la porte derrière lui et marche vers moi.

_ Bon dieu, mais qu'est-ce qu'il t'est passé par la tête ?

_ L'idée de sauver tous vos petits culs du danger imminent ! Tu te rends compte qu'au moment où l'on parle, il est peut-être en train de lancer l'attaque ?, dis-je en pointant un mur de la pièce. Et je croyais que tu comprenais que j'allais partir.

_ Oui, mais t'aurais pu au moins me prévenir quand tu allais t'enfuir ! Tu crois que ça ne me fait pas peur à moi aussi ?, s'exclame-t'il en pointant sa poitrine. Je suis plus au courant que toi sur les faits et gestes de l'Armée !

Je décide de ne pas répondre, il vaut mieux pour tout le monde. J'ai encore cette maudite petite voix d'homme qui me pourchasse.

_ Désolé... Je suis à cran avec tout ça, avec la peur qui traine dans nos rangs, ton retour à Acropolis et notre mort prochaine...

_ Si vous m'aviez laissé faire Gio, Jera, Kasey et toi, on ne dirait pas "notre mort", juste la mienne. Mais non, vous voulez tous vous battre ! C'est pour ça qu'il faut des femmes dans le gouvernement ! Les hommes sont vraiment des idiots.

On se défie du regard. D'accord, c'était un ami de ma mère. Ok, il sent un besoin mystique de me protéger depuis que je suis rentrée sous le commandement de Connors. Mais dans ce genre de situation, tous ces principes passent vite à la trappe.

La porte s'ouvre et Aedan entre. Jera me salue de la tête et s'en va. Aedan se poste à côté de moi, sa tige argentée et fumante pendant à ses lèvres. Une fumée sort de ses narines et il me regarde. Je me tourne vers lui, avec un air indescriptible.

_ T'es mon père.

Il s'arrête de bouger pendant un moment. Nos yeux ne se détachent pas les uns des autres. Il baisse la tête et aspire encore la tige argentée.

_ C'est bizarre de l'entendre.

_ Je ne te le fais pas dire, réponds-je. Je continue quand même d'appeler Connors « mon père », des fois. C'est dur de l'effacer, après toutes ces années. Pourquoi je ne l'ai jamais su ? Par Jera ou par quelqu'un d'autre ?

_ C'était à ta mère et moi de te le dire, mais on ne savait pas comment. Ensuite, elle est morte. Et je n'ai pas voulu t'en mettre trop sur les épaules.

_ Dès que je t'ai vu, j'ai su. Ton visage... Le mien... On aurait dit un miroir.

Il se redresse pour reprendre contenance.

_ Je vais guider le premier groupe. Je ne pourrai pas te protéger. Alors fais attention à toi.

_ Tobias et Kasey seront dans le groupe qui va monter dans le bureau. Je les retrouverai. Ne t'en fais pas.

_ Tu sais, on peut encore trouver un autre moyen.

J'ai envie de lui dire tout par rapport au cube et au dispositif pour désamorcer les ogives. Mais non, c'est hors de question. Je dois avoir encore une longueur d'avance.

NAMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant