Wedding Girl

II - Robin

Après lui avoir lancé un clin d'œil volontaire, je la laisse et me dirige à nouveau vers le salon. Au moment où j'entends la poignée tourner, je ne peux m'empêcher de lancer un dernier regard sur cette fille plus que charmante. Ses cheveux coupés en carré court lui vont parfaitement bien, son corps est proportionnel à sa taille, elle n'est ni trop grande, ni trop petite, elle est juste bien. Et ne parlons pas de ses magnifiques petits yeux azures.

On croirait entendre un adolescent en manque, pensé-je.

Je secoue vivement la tête pour me faire sortir toutes ses idées.

Il est impossible pour moi de dire qu'elle ne dégage pas un charme ahurissant, je mentirais en disant ça. Mais ce qui m'attire le plus chez elle, c'est sa répartie. Le fait qu'elle m'ait tenu tête me pousse à faire tomber ses limites. Et croyez-moi, je ne compte pas la laisser filer comme ça.

- Robin, s'exclame ma mère, c'était quoi ton but au juste ?

Lui faire comprendre qui est le patron ici, me dis-je intérieurement.

- Je voulais juste m'assurer qu'elle n'allait pas gâcher le mariage de mon petit frère...

- Ce que tu peux être immature parfois ! C'est son métier Robin, tu ne crois pas qu'elle sait ce qu'elle fait ?

Et voilà que ma mère prend sa défense.

- Maman a raison, commence George, frérot elle fait ça depuis deux ans d'après ce que m'a dit Éla, tu ne penses pas qu'elle est digne de pouvoir le faire ?

- Je n'ai jamais dit le contraire, c'est juste que je voulais être certain de sa fiabilité. Ce n'est pas parce qu'elle reçoit les éloges de plusieurs personnes ayant fait appel à elle qu'elle est irréprochable...

- Arrête ça tout de suite, crie ma mère, mais qu'est-ce qui ne tourne pas rond dans ta tête ? Ce n'est pas parce que tu as été déçu et blessé par le passé que toutes les femmes sont pareilles. La preuve, regarde ton frère, il est heureux, pourquoi pas toi ?

Parce que les relations et moi ça finit toujours mal.

- Je vais vous laisser, vous n'avez plus besoin de moi n'est-ce pas ? Alors bonne soirée.

Puis je tourne les talons et me dirige précipitamment vers la porte d'entrée que je n'omets pas de claquer pour faire comprendre mon énervement.

Je n'en peux plus. C'est toujours la même chose quand je viens chez mes parents, soit ils me font la morale me disant que je devrais me trouver un emploi stable, ainsi qu'une relation, soit ils ne parlent que de mon frère et de son heureuse élue. Je sature.
C'est vrai que je ne suis pas un exemple pour mon petit frère, j'ai fait les quatre cents coups, je suis souvent en vadrouille le soir et je ne finis quasiment jamais seul après quelques verres bien dosés de Whisky.

Avant j'aimais ma vie, mais plus depuis son passage, elle m'a détruit comme un moins que rien. M'a réduit à néant...Mais c'est fini cette époque où je me laisse marcher sur les pieds maintenant c'est « fonce et ne regarde plus en arrière », quitte à atterrir dans le mur.

**

Une trentaine de minutes plus tard, me voilà arrivé devant la porte de mon appartement. Si mes parents vivent dans une demeure imposante et complètement démesurée, moi je préfère vivre comme les autres. L'argent ne me manque pas, j'aurais de quoi acheter un quartier entier, mais je n'ai jamais voulu profiter de tout ce que j'avais.

J'opte plus pour un mode de vie normal, l'argent ne fait pas tout et ce n'est pas pour autant que les personnes nageant dedans sont heureuses.
Eh oui, les apparences sont souvent trompeuses, et je n'aime pas ce cliché que forment les gens de cette catégorie.

Si je pouvais choisir, je serais né dans une autre famille.
Une famille ou l'argent ne coule pas à flot, mais ou l'amour est présent.
Le pognon monte à la tête de mes parents, et pour eux, travailler dans cette compagnie de publicité n'est pas à la hauteur.
Ils auraient préféré me voir directeur en ressources humaines, ou encore patron de ma propre entreprise. Mais ce n'est pas pour moi, non, moi je n'aime pas tout ça.
Ce que j'aime, c'est créer des publicités rendre une marque vivante, attractive.

Je ne suis pas du genre à participer à tous ses galas de charité où je ne sais quoi, ces rassemblements de riches comme je les appelle, ne sont pas pour moi. Mais pour ne pas faire honte à ma famille, je fais acte de présence, avant de m'éclipser et de finir la soirée dans mon club préféré.

Si seulement mes parents étaient plus attentionnés envers nous... Les choses seraient différentes et je ne serais pas ce connard sans cœur. Je sais que je peux toujours compter sur les comptes en banque de mes parents, où encore sur l'aide des nombreuses femmes qui s'occupent de la maison, celles que j'ai bien évidemment, baisé.
Mais j'essaye de fuir de ce monde du mieux que je peux.

J'ai bien peur qu'un jour je finisse comme eux. Ça m'effraie, je ne veux en aucun cas leur ressembler. Et j'ai beau être un vrai connard avec les femmes, je sais qu'un jour les choses changeront...et je ne suis pas prêt.

Je retire ma chemise, et ce pantalon me permettant de faire semblant d'être bien dans ma peau de fils de riches, et enfile mon vieux survêtement gris ainsi que mon tee-shirt noir. Je me dirige ensuite dans ma petite cuisine pour me préparer à manger, oui je sais cuisiner pas parfaitement mais je me débrouille.

Mon assiette devant moi, je consulte mon téléphone.

« Un mariage s'annonce dans la famille Leknins, et par chance ce n'est pas le plus âgé de leurs deux enfants ! Ce qui signifie que la chasse est toujours ouverte pour ce fameux Robin Leknins....»

Ce n'est pas possible.

Pourquoi faut-il que ma famille attire toujours autant les rumeurs, mais aussi les magazines people ? Est-ce qu'un jour notre nom finira par disparaître de ses nombreuses pages d'actualités ?

En plus de détester le milieu dans lequel je vis, il faut toujours que des inconnus s'en mêlent. C'est sûr que grâce à ce nom de famille, ils doivent se faire un maximum de frics un peu comme le couple royal en Angleterre... Vivre dans ce groupe, composé de mes parents et de mon frère est un vrai calvaire. Mais les gens aiment ce genre de ragots, comme si leur vie en dépendait et j'ai bien peur que souvent, ils en profitent.

Si seulement je pouvais être un parfait inconnu, pouvant vivre la vie qu'il souhaite, et non pas celle qu'on lui dicte depuis petit.

Être libre, voilà ce qu'il me manque...