Wedding Girl

XVII - Abigail

Nos lèvres sont scellées ensemble, et je dois avouer que j'adore ce contact avec lui.
Si la première fois qu'il a déposé ses lèvres sur les miennes mon corps a mal réagi, aujourd'hui c'est tout autre. J'ai l'impression d'être libre. De me retrouver peu à peu, et de retrouver cette envie de vivre avec un homme.
Sa langue taquine la mienne avec une telle délicatesse que je ne peux que me laisser aller, et notre étreinte est beaucoup plus intime que l'on ne pourrait le croire.
Dans ce baiser, je sens le désire et la passion qu'il y met, et la proximité de nos deux corps me permet de sentir les battements irréguliers de nos cœurs. Un cri de joie vient casser cette bulle que nous avons, et nous nous séparons, tous les deux à bout de souffle.

- Je savais que tu allais craquer ! s'exclame Maria.

Mes joues me brûlent et Robin ne peut s'empêcher de ricaner. Je lui donne une tape amicale dans l'épaule, et me défais doucement de son étreinte.

- Et là tu ne peux pas nier ! Je l'ai vu de mes propres yeux, renchéri Maria.

- Je n'ai rien dit, et je ne m'expliquerais certainement pas sur ce qu'il vient de se passer. Il s'est passé ce qui allait forcément arriver, rien de plus, je dis en haussant les épaules.

Je sais très bien que je mens, j'avais envie de ce baiser à tel point que j'ai sauté le pas. Et vu comment il y a répondu, j'imagine que c'était réciproque.

- Abigail, me réprimande Maria, tu devrais laisser ton cœur parler...

- Elle a raison, coupe Robin.

Je le foudroie alors du regard, avant de lever les yeux au ciel.

- Bon moi je vous laisse les amoureux, s'écrit Maria toute souriante.

Je ne peux m'empêcher de soupirer, alors comme ça lorsqu'on embrasse un homme, on est forcément amoureux ? Il est vrai que je ne suis pas
indifférente à son charme, et qu'une soirée uniquement avec lui ne serait pas de refus, car en toute honnêteté, s'il me demandait de le suivre je ne sais où, je fermerais les yeux juste pour pouvoir profiter du corps de cet homme contre le mien.

Robin me regarde alors, comme vexé, par les paroles que j'ai pu avoir, et je le ressens dans ses yeux.
Je me rapproche de lui, peu certaine, un peu mal à l'aise.

Tu n'avais qu'à pas y aller si fort, me réprimande ma conscience.

- Donc pour toi ce baiser ne représentait rien ? me demande-t-il sèchement.

- Je... ,je perds mes mots, ce n'est pas ce que j'ai dit, je me défends.

- C'est clairement ce que tu as dit à Maria, alors pourquoi m'avoir embrassé si c'est pour me repousser autant que la dernière fois ? Qu'est-ce que j'ai bien pu te faire pour que tu sois ainsi avec moi ? Tu es complexe à comprendre Abigail, et souvent je n'arrive pas te comprendre...

- Robin...je murmure en m'approchant de lui.

Nos corps se retrouvent à nouveau à quelques centimètres l'un de l'autre, et je pose ma main sur sa joue.

- Si j'ai dit, ça, c'était juste pour qu'on nous laisse tranquille. Je ne veux pas que les gens s'occupent de nous, de ce que nous formons, de ce que nous sommes l'un pour l'autre. À trop vouloir s'occuper, les gens vont vouloir nous diviser, bien que je ne sache pas exactement ce que nous sommes toi et moi.

Son regard se perd dans le mien, et un mince sourire vient trouver sa place sur ses lèvres.

- Alors allons dans un endroit tranquille, où personne ne pourra nous déranger, il dit alors doucement.

Automatiquement, mon corps réagit. Mon ventre se contracte, et des sensations que je n'avais plus ressenties depuis des années viennent prendre place au milieu de tous les organes qui le composent.

On dirait une adolescence prête à passer le cap et à perdre sa virginité...

Ses yeux sont remplis d'une lueur de désir, et je suis certaine que les miens aussi. J'en ai envie autant que lui, alors pourquoi me priver ? Son offre est des plus explicites, pour refuser ?

- Où est-ce que nous allons ? je questionne.

- Au septième ciel ma belle, me répond Robin fièrement.

Sa main toujours dans la mienne il me guide à l'extérieur de ce mariage, et il se dirige d'un pas rapide vers la sortie du parc.
La tension entre nous se fait ressentir, on dirait même que les gens peuvent la voir, et je ne repousserais mes envies pour rien au monde. Peut-être même que ce moment que je vais passer avec lui me réconciliera avec les hommes. Ceux que j'essaye de toujours fuir, mais avec lui, je me sens en sécurité. Je le vois dans le fond de ses yeux qu'il ne me fera jamais aucun mal, et j'ose espérer que je ne me trompe pas...

Il nous emmène dans l'hôtel qui trône juste en face du parc, et la tension se fait de plus en plus forte. Je serais capable de lui sauter au cou, la maintenant, sans même faire attention à ce qui nous entoure, car seul lui m'importe.
Il s'approche du comptoir, ou une femme ne se prive pas de nous reluquer, qu'est-ce qu'elle veut miss parfaite derrière son bureau ?

- Que puis-je pour vous ?

- Vous avez une chambre de libre ? questionne Robin.

- Des chambres j'en ai par centaines, mais libres... je ne sais pas, répond-elle d'un ton aguicheur.

Elle se fiche de moi ?

Je le foudroie du regard, et comme par possessivité, je tourne le visage de Robin vers moi et l'embrasse avec fougue.
Du coin de l'œil je vois son visage surpris.

Je sais parfaitement jouer à la connasse de service alors si tu voulais avoir mon Robin, je pense que tu peux aller te faire, je pense intérieurement.

Robin rompt notre baiser, un peu perdu face à la volonté et l'envie que j'ai mis dans celui-ci et se retourne à nouveau vers la femme.

- Une chambre pour une nuit uniquement, vous pouvez bien avoir ça, dit-il d'un ton rempli de sous-entendu.

- Nous ne faisons que des forfaits pour deux nuits ici, vous savez le Palace du parc, est un hôtel prestigieux de Los Angeles, ce n'est pas uniquement pour...

- J'ai les moyens de payer deux nuits, coupe Robin, l'argent ce n'est pas ce qui me manque. Est-ce qu'on pourrait avoir une chambre maintenant ?

Robin commence peu à peu à perdre son calme, et je le sens à la pression qu'il exerce sur ma main qui se trouve toujours dans la sienne.
Tandis que la femme tape rapidement des tas de choses sur son ordinateur, je tire un peu sur le bras de Robin, et approche mes lèvres de son oreille.

- Plus l'attente est longue, plus le désir augmente... je lui murmure avec une voix sensuelle.

Je ne sais absolument pas d'où me vient cette audace, mais s'il y a bien une chose que je sais, c'est que je le veux. Et tout entier.