VI - Robin

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Cette femme veut ma mort.

Car en plus d'être un canon digne d'un mannequin en couverture sur un magazine, elle a des barrières hautes que j'aimerais abattre. Elle m'attire autant que j'ai envie de la détester.
Je pourrais laisser mes mains se perdent dans ses courts cheveux, et mon regard s'ancrer dans les siens

Je deviens complètement bête. On dirait un puceau qui parle...

Je lui tiens la porte, tel un gentleman, et attends qu'elle sorte.
Lorsqu'elle sort de l'habitacle, je ne peux m'empêcher de la regarder de haut en bas. Le haut blanc qu'elle porte lui colle parfaitement à la peau, et son jean huilé lui fait des fesses d'enfers, sans oublier que ce chignon dégage parfaitement sa nuque et laisse apparaître un début de tatouage.

Tiens, elle est tatouée ?

- La vue vous plaît ? m'interrompt-elle.

Merde.

Ses yeux s'ancrent dans les miens, on dirait des lentilles. Ils sont beaucoup trop beaux pour être réel.

- Portez-vous des lentilles ? questionné-je sans le vouloir.

- Mais ça ne va pas ! s'énerve-t-elle

Elle se dirige alors d'un pas rapide vers l'enseigne que j'ai donnée à Jack pour que madame se fasse pardonner.

Un dîner ce n'est rien ? Je peux bien tenir non ?

Je la rattrape en deux trois pas, elle n'est pas très grande, mais qu'est-ce qu'elle a un mauvais caractère !
Elle trouve toujours la phrase qu'il faut pour avoir le dernier mot, et cet air qu'elle prend avec moi... à la fois décontracté et sérieux.
J'aimerais apprendre à la connaître, bien que son corps m'attire plus que sa personnalité.
Les parties de jambes en l'air avec elle... ça doit être sauvage et doux à la fois.

Et merde. Pourquoi je pense à ça moi maintenant ?

Nous rentrons dans le petit restaurant tenu par un ami à mes parents, et un serveur vient nous accueillir. Il reluque la personne qui m'accompagne et ça a le don de m'agacer !

- Une table pour deux s'il vous plaît, dis-je à son attention.

Il rougit à vue d'œil en me regardant, qu'est-ce qui m'a pris de l'inviter ?
En plus d'être accompagné par miss aimable, il fallait qu'on tombe sur ce gros relou de première !

Il nous propose alors de le suivre au fond de la salle, où trônent encore des tables vides.
Il déniche une petite table assez coupée du reste, ce qui est parfait pour en apprendre plus sur mademoiselle Abigail.
Digne d'un gentleman, je lui tire sa chaise pour qu'elle puisse s'assoir. Elle me sourit timidement, et prend place alors que le serveur lui tend le menu.
Je m'installe à mon tour, et récupère la carte que le relou me tend, avant de l'ouvrir et de faire comme la demoiselle en face de moi.

Je regarde rapidement le tout sachant pertinemment que je vais demander le plat du jour, je relève alors ma tête pour observer Abigail.
Ses yeux cherchent frénétiquement un plat digne de ce nom, et souvent je la vois froncer les sourcils. Mais même en grimaçant de la sorte elle est magnifique.
Quelques mèches rebelles tombent de son chignon, ça lui ressemble tellement.
Sentant mon regard sur elle, elle lève son visage vers le mien un regard perdu, je dirais même contrarié.

- Je...bégaye-t-elle.

- Ne vous en faites pas pour l'addition, c'est moi qui règle.

- C'est beaucoup trop, nous aurions très bien pu nous rendre dans un restaurant rapide, vous avez vu les prix qui se trouvent juste à côté des plats ?

- Abigail...

Son nom me sort comme un supplice, je murmure doucement ce doux prénom avant de reprendre.

- Ne vous fiez pas aux chiffres, ce ne sont rien que nombres.

- Vous vous rendez compte...

- Vous avez choisit ? nous interrompt le serveur de tout à l'heure.

Je tourne alors mon visage vers lui me foudroyant du regard, comment ose-t-il nous interrompre de la sorte ?

Il baisse alors le regard vers son carnet de notes, il fait bien.

- Je vais prendre le menu du jour, dis-je durement.

Abigail profite de cet instant pour redonner un coup d'œil rapide à la carte.

- Je vais prendre la même chose, répond-elle en fermant le menu.

- Ajouter à cela une bouteille de votre meilleur vin, s'il vous plaît.

- Bien monsieur, ça sera tout ?

Je lance un regard à Abigail pour savoir si elle a besoin de quelque chose d'autres, mais elle tourne sa tête de droite à gauche.

- Ce sera tout.

Il finit de noter le tout, ramasse nos cartes et retourne s'occuper d'autres clients.

- Pourquoi avoir été aussi froid avec ce jeune homme ? me questionne Abigail en posant son coude sur la table et en me fixant.

- Si vous voulez vous faire baiser par ce puceau, n'hésitez surtout pas à le lui dire, répliqué-je froidement.

- Seriez-vous jaloux ?

Elle me regarde intensément, essayant de percer mes ressentis, tu ne t'en sortiras pas comme ça Abigail. Je suis aussi complexe qu'un livre fermé.

- Moi jaloux ? ricané-je.

- Oui, vous. Vous pensiez que je parlais de qui ? du pape ?

Mon rire redouble d'intensité, a-t-elle vraiment dit ça ?
J'essaye vainement de me calmer mais c'est impossible, c'est trop.
Cette femme a toujours le bon mot, elle est forte. Très forte.
Un grincement me sort de ma période de rigolade, alors que j'essuie le coin de mes yeux je vois Abigail se diriger vers la sortie.

Merde. Ai-je été trop fort ?

Je me lève précipitamment, manquant pas de tomber, et attrape son avant-bras.
Un courant électrique passe au moment où ma main se pose sur son bras, et des frissons prennent place sur le long de son corps.
Elle se retourne vers moi, ancrent ses yeux azur dans les miens.

- Lâchez-moi, murmure-t-elle.

Je ne réponds rien continuant de la regarder droit dans les yeux.

- Robin, s'il vous plaît.

- Non.

- Laissez-moi partir, s'il vous plaît.

Au fond de ses yeux la lueur commence à changer, son regard se remplir de larmes.
Je tire alors un peu plus sur son bras pour la rapprocher de moi, et sans plus attendre je lui ouvre mes bras pour qu'elle s'y réfugie. Je sens une larme couler sur ma chemise, et je la sers un peu plus.

- Abigail, pardonnez-moi. Je ne voulais pas... chuchoté-je.

Je ne comprendrais jamais comment les femmes font pour passer du rire aux larmes en un clin d'œil.

Indirectement, je m'en veux. Je ne sais strictement pas pourquoi elle se retrouve si faible devant moi, mais il doit bien y avoir des raisons et je vais tout faire pour les connaitre. Faire disparaître ses peurs, et graver son sourire à jamais sur son visage.
Même si je suis le pire des cons, je vais tout faire pour que cette femme sourit. Elle est tellement plus belle quand elle sourit...et elle mérite d'être heureuse. D'être traitée comme il se le doit.

Wedding GirlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant