XXIV - Robin

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Ma tête tourne, et des cheveux viennent me chatouiller le visage. Je me redresse doucement, évitant de trop bouger pour réveiller la fille qui dort avec moi. Je frotte délicatement mes yeux, et les ouvre avant de remarquer que je suis dans une chambre que je ne connais pas. Celle-ci est petite, à tel point que son lit l'est aussi, nous avons dormi comme ça toute la nuit ? Comment ai-je fait pour supporter ça, moi grand fan du confort ?
La personne bouge, et lorsque son visage apparaît dans mon champ de vision, mon cœur se met à battre rapidement.

Mais elle m'a laissé seul au beau milieu de la rue, qu'est-ce que je fais là ? Elle va encore me jeter comme un moins que rien ? Ça lui fait du bien de me voir souffrir... elle aime ça. J'en suis certain.
Mais qu'est-ce que je fous réellement là ?

Je réfléchis, encore et encore, cherchant la raison de ma venue, et soudainement, tout me revient en tête. Notre soirée qui a volé en éclats. Sa fugue. Ma peine noyée dans l'alcool. Le coup de fil de ma mère. Les informations. Putain.

Je passe nerveusement une main dans mes cheveux, en me remémorant tout ça. Il ne manquait plus que ça. Et pour lui éviter ça, il n'y a qu'une solution, même si mon cœur souffrira, nous n'avons pas le choix. J'ai merdé, je n'ai pas fait attention, et les choses étaient déjà assez complexes sans ça. Alors je ne veux pas lui rajouter des soucis, je ne suis pas comme ça. J'ai beau être fou amoureux d'elle, elle ne mérite pas une affiche médiatique. Et elle mérite mieux qu'un pauvre type comme moi. Je suis vraiment le pire des cons.
Elle commence doucement à bouger, se réveillant, elle aussi.

- Salut, elle chuchote.

- Salut, je rétorque avec un ton détaché.

Mon cœur se brise face à la vision qui se fait devant moi. Et dire que je vais devoir la laisser un certain temps, me rend encore plus mal.

- Il faut qu'on parle de tout ce qui tourne autour de nous, je chuchote.

- Je sais...

Elle baisse la tête honteuse, et malgré le fait qu'elle m'ait fui, je ne peux m'empêcher de me sentir mal.

- Tu veux peut-être un café avant ? elle me demande.

Je hoche la tête, et elle se lève alors. Rompant le contact de nos corps. Elle va atrocement me manquer. Mais je dois bien faire ça. Elle ne mérite pas ça.
Ma mère a raison. Elle est fragile, et les médias font la rendre encore plus vulnérable qu'elle ne l'est déjà.

- Abigail ? Est-ce que je peux t'emprunter ta salle de bain ? je lui demande en me levant.

- Fait comme chez toi, elle me réplique.

**

Lorsque je sors de la douche, je ne peux m'empêcher de me sentir encore plus mal à l'aise. Je ne suis pas chez moi, je débarque à moitié bourré, et je me permets de faire comme si j'étais chez moi. Sans oublier le fait que je vais devoir lui parler, prendre mes distances avec ce petit bout de femme.
Je me rhabille, rapidement, puis pars la rejoindre dans le salon. La télévision diffuse les informations, et je ne peux m'empêcher d'être mal. Mon cœur se serre.

- Tiens ton café, m'interpelle sa voix derrière moi.

Je me retourne, et attrape la tasse qu'elle me tend, en la remerciant. Je prends une petite gorgée, et lui demande si elle veut qu'on aille s'assoir.
Elle hoche la tête, et me propose d'aller sur son canapé. Je la suis, préparant mon discours dans ma tête.

- "Histoire sérieuse, ou simple coup d'une soirée ?"

- Tu peux couper cette merde, je crie avant de rajouter, s'il te plaît.

Elle me paraît surprise, ne comprenant pas pourquoi je m'énerve ainsi, mais elle va bientôt le savoir. Elle éteint la télévision, et je ne peux m'empêcher de soupirer.

- Je suis désolé, je lui dis.

- Tu n'y es pour rien, elle me répond.

- Bordel si ! Tout est de ma faute ! Je n'aurais pas dû t'embarquer dans une histoire comme celle-ci, j'aurai dû être prudent, et je ne l'ai pas été.

Je me sens impuissant, con et nul.

- Robin...

- Non Abigail, n'essaye pas d'améliorer les choses, c'est trop tard. J'ai merdé, et je t'ai emmené dans ma chute. Je n'aurais jamais dû, tout ça n'aurait jamais dû arriver, c'était une erreur de notre part.

- Robin, s'il te plaît... ne dit pas de conneries.

- Non ! je hurle, Abigail, je ne devais pas t'entrainer dans une chute comme celle-ci, j'aurais dû te protéger. Et je n'ai rien fait de tout ça, alors la meilleure solution est que nous nous laissions du temps, et que nous en laissions aux médias. Histoire que tout ça ne finisse pas en scandale.

Ça me brise de lui dire, je voudrais lui dire que je l'aime. Pas ça.

- Nous séparer est la seule solution ? elle demande timidement.

Je ravale avec difficulté la boule qui s'est formée au fond de ma gorge.

- Tu en as d'autres ? Tu me fuis comme la peste, et après tu te plains que les choses ne vont pas. Bordel Abigail, sais-tu à quel point tu me fais mal ? Sais-tu à quel point je souffre ? Alors qu'au fond tu t'en fous. Que cette histoire ne te touche pas, et c'est bien ce que tu voulais non ? Du temps ! Et bien voilà tu en auras, je dis en haussant la voix.

- Robin, arrête... s'il te plaît.

Sa voix somme comme un supplice. Il faut que je parte d'ici. Je ne peux pas rester. Elle va faire tomber mes barrières, et je ne veux pas. Je ne veux pas qu'elle se retrouve en plein milieu des médias. Elle ne mérite pas ça.

Je me lève à contre coeur, le cœur battant à la chamade, et elle en fait de même.
La lueur qui se trouve dans ses yeux me déstabilise. Je ne comprends pas cette femme, elle veut du temps puis là elle me regarde comme si je lui brisais le cœur, alors que c'est tout l'inverse, c'est elle qui me brise, chaque jour un peu plus.
Elle est là, devant moi, et je voudrais la prendre dans mes bras, lui chuchoter que tout ira bien, mais plus elle sera loin de moi mieux ça ira.
Et au fond de moi, je souffre.
Son absence va être difficile à supporter, c'est pourquoi je m'avance vers elle et dépose mes lèvres contre les siennes. Comme si c'était un baiser d'adieu.
Mon cœur se déchire sous ma cage thoracique, et une larme s'échappe, mais je m'en fiche, car le pire dans tout ça, c'est qu'elle ne bouge pas. Elle ne réagit pas. Mon cœur se brise en miles morveux. Je ne suis qu'un con. Un con fou amoureux d'une femme qui s'en moque moi.

Je t'aime, c'est ce que je devrais lui dire, mais elle me repousserait encore plus.

Je décolle mes lèvres des siennes, gardant ce souvenir en mémoire, même s'il garde un petit goût d'amertume, avant de la laisser là et de quitter son appartement.

C'est la meilleure solution que j'ai, bien que ça me brise plus qu'autre chose.

Wedding GirlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant