XIX - Abigail

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Ma tête repose sur son torse, se soulevant de manière irrégulière.
Je savais que ce moment allait arriver, c'était sûr. On ne se connaît pas, mais on s'attire, autant qu'on adore se chercher.

Est-ce ça la vraie attraction ? Celle qui nous pousserait à tout ? Celle qui rend complètement vulnérable et accro ?

Je m'étais promis de ne pas le laisser rentrer dans ma vie, car il est indirectement mon client, mais la tentation est trop forte. Arrogant, énigmatique, malicieux et doux, sont des mots qui le décrivent bien.
Il a ce côté, personne ne sait qui je suis vous ne connaissez que mon nom de famille, celui de l'homme qui veut tout obtenir et qui n'abandonnera pas avant, ou encore celui d'un homme intentionné envers les autres. Mais pourquoi envers moi ? La pauvre fille que je suis ne devrait pas l'intéresser... pourtant j'ai l'impression que c'est tout le contraire...

- Que veux-tu savoir ? je demande dans un faible murmure.

C'est difficile pour moi de parler. Surtout de mon passé, mais je sais, enfin j'ai le pressentiment qu'il sera compréhensible.

- Tout. Parce que je ne sais rien, et que je veux t'accompagner dans la suite de ton histoire, il me répond en déposant un baiser dans mes cheveux.

Lui aussi à des secrets que j'aimerai connaître, mais je suis certaine qu'aujourd'hui je n'aurais le droit qu'à des brides de ceux-ci.

- Par exemple pourquoi t'être spécialisée dans ce monde qu'est le mariage ? Qu'est-ce qui t'attire dedans ?

Ces questions me font comprendre, que moi, je ne sais même pas ce qu'il fait comme boulot, et nous venons tout juste de partager un moment, des plus exquis, sans même nous connaître...

Tes principes prennent la fuite lorsqu'il se retrouve proche de toi...

- Ça m'a toujours intrigué, et j'adore voir la joie sur le visage des personnes qui s'unissent. Le mariage est un événement magique, qui doit rester graver dans les souvenirs, mais aussi sur les photos, alors j'ai décidé d'ouvrir ma petite entreprise de wedding planner. Et depuis je me sens épanouie. Et toi qu'est-ce que tu fais comme métier ? je demande en conservant ma tête sur son torse.

Je n'ai pas la force d'affronter son regard. J'ai faibli, encore une fois, devant lui alors que je m'étais promis de ne plus le faire. Mais mon cœur ne supporte plus tout ça...

- J'ai fait des études de marketing, ce qui n'était pas conforme aux idées de mes parents, mais j'en avais rien à faire, et j'ai doucement, mais sûrement gravi les échelons pour obtenir un bon poste dans la publicité.

Je m'attendais à tout, sauf à ça. Je dois dire que j'avais des préjugés envers lui, j'aurais parié qu'il était médecin, ou encore un grand avocat réputé, et je dois dire que je suis étonnée de voir que ce n'est pas le cas. Alors un faible sourire vient prendre place sur mon visage, monsieur aime transgresser les règles.

- Laisse-moi deviner, je suis certain que tu pensais de moi que j'étais un grand médecin, ou avocat, c'est ça ? il questionne.

Je relève alors ma tête vers lui, surprise.

- Comment sais-tu ça ?

- Parce que c'est ce que pensent toujours les gens en fonction de mon nom de famille, et comme je suis assez discret sur ma vie, contrairement à mon frère, peu de personnes savent réellement qui je suis...

Le fait qu'il se confie autant à moi me touche, je ne pensais pas qu'un homme connu comme lui pouvait garder des secrets, et maintenant il les partage avec moi.
Mon coeur commence à battre plus vite, et je me sens heureuse d'être là en ce moment avec lui, bien que la façon, qu'il a eu de se rhabiller m'a blessé.

Que me caches-tu Robin ? Pourquoi fais-tu ça ? Pourquoi lorsque je suis avec toi, les choses me paraissent à la fois, si simple et complexe ?

Mon regard est ancré dans le sien, et je sais qu'il y perçoit mes questions à l'intérieur de ceux-ci. Je suis comme un livre ouvert avec lui, je n'arrive pas à me cacher comme j'y arrivais avec Seb. Peut-être que notre histoire, a finalement, bien fait de se terminer, mais il n'aurait jamais dû aller aussi loin. Car à cause de lui, je suis devenue incapable de contrôler mes larmes lorsque quelque chose me vexe, ou me touche.

- Qu'est-ce qu'il y a ? tu me parais ailleurs, me demande-t-il en caressant tendrement ma joue.

- La façon que tu as eu de te rhabiller, me perturbe.. je murmure.

- Abigail...

- Si c'est contre moi, dit-le-moi directement tu sais, j'ai l'habitude de souffrir, je chuchote en baissant la tête.

- Hey ! reprend-il en attrapant mon menton de ses longs doigts pour faire relever mon visage vers le sien.

Mes yeux doivent être vitreux, et remplis d'interrogations, tandis que dans les siens, je n'arrive pas à déceler la moindre émotion... c'est bien ce que je disais le problème, c'est moi.

- Abigail, il faut que tu arrêtes ça. Je ne suis pas comme les hommes que tu as pu connaître, et tu veux savoir pourquoi j'ai renfilé mon caleçon ? me demande-t-il.

Je hoche la tête, déjà prête à subir un nouveau coup au cœur. Il inspire un long moment avant de commencer.

- Lorsque j'étais petit, j'étais un vrai cascadeur, je tombais tout le temps, mais j'adorais ça, je n'avais jamais mal, enfin jusqu'au moment où mon vélo a fini par réellement me blesser.

Il aborde un petit sourire, comme nostalgique de ses moments.

- J'ai fait le con, pour ne pas changer, et je me suis retrouvé à l'hôpital parce qu'un des rayons de ma roue avant avait fini par venir s'introduire dans ma jambe. Et je ne pensais pas qu'il était allé si haut, alors depuis, j'en garde une cicatrice au niveau de mon entre jambes, et lorsque je suis nu, ses souvenirs me reviennent en tête, et j'imagine que tu as compris, je déteste ça.
Me raccrocher au passé est une chose que je n'aime pas faire, j'ai besoin d'avancer, et ce sont des conneries de gamins rien de plus.

Je m'attendais à ce qu'il me dise que c'est parce que quand il était petit ses parents étaient nudistes, ou des âneries pareilles, mais pas une histoire comme celle-ci. Et étrangement, le fait qu'il me confie ça, me fait réellement comprendre que je peux avoir confiance en lui, que je peux foncer. Que je dois foncer et arrêter de regarder dans le passé, car comme il le dit si bien, nous devons avancer et tourner la page. Mais ce n'est pas toujours aussi facile à faire... et maintenant qu'il vient, indirectement, de m'ouvrir son cœur, et son histoire, je vais moi aussi devoir le faire, et je ne sais pas si je vais être capable de le faire réellement... j'ai toujours menti aux personnes qui me demandaient ce qui n'allait pas...j'ai confiance en lui...mais ne va-t-il pas, lui aussi, utilisé mes mots contre moi ?
M'ouvrir est une tâche très difficile... mais il mérite bien ça.

Wedding GirlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant