VIII - Robin

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Ses yeux sortent de leurs orbites.

J'aime ce côté sauvage qu'elle a.

- Mais vous vous prenez pour qui ? réplique-t-elle sèchement.

- Vous ne pouvez pas changer de disques ? Ça fait deux fois que vous utilisez cette phrase...la taquiné-je.

Je la vois bouillir, exactement comme je le voulais.
Je continue de déguster le plat devant moi, attendant patiemment qu'elle me répondre.
Elle soupire bruyamment, avant de commencer à manger.
Je la regarde prendre une première bouchée, et au moment où sa magnifique bouche rejoint sa fourchette, elle ferme les yeux appréciant entièrement le contact de celle-ci.
Ses lèvres pulpeuses me charrient, et je les imagine très bien ailleurs.
Une pression commence à s'exercer au niveau de mon pantalon...

Non. Non. Non ! Ce n'est pas le moment. Pas du tout !

- Vous n'êtes qu'un con, lâche-t-elle après avoir goûté au plat.

Elle relève son visage vers moi, un sourire espiègle gravé sur le visage.

- Vous trouvez ? questionné-je.

- Si vous voyez votre reflet dans un miroir...

- Cela relève de la beauté alors, la coupé-je.

- Qui a dit que vous étiez beau ? renchérît-elle.

- Vous ? continué-je.

- Ne prenez pas vos rêves pour des réalités !

- N'avez-vous pas un discours qui vous est propre ? Par là...

- De quoi je mêle ? réplique-t-elle en me coupant.

- De quoi je ne me mêle pas plutôt, non ?

Je pose un coude sur la table et la regarde attentivement.
Elle baisse les yeux vers son assiette, comme perdue face à notre conversation.

J'adore jouer avec vous mademoiselle Parkers...

- Vous n'avez pas l'impression d'être un gros con ? réplique la jolie brune.

- L'impression, commencé-je en passant mes doigts sur mon menton, est-ce que l'impression fait partie de la réalité ?

- Mais qu'est-ce que la réalité pour vous ?

- Ce qui est réel, ce qui ne peut pas ne pas être.

- Et l'impression ? demande-t-elle.

- J'associerais ce mot, avec l'imagination, c'est une image que nous donnons.

- Je vois...monsieur a réponse à tout, soupire-t-elle.

Satisfait par mon petit manège, j'approche doucement ma chaise de la sienne.
Étant donnée l'ambiance sonore du restaurant, elle ne remarque rien. D'autant plus qu'elle a la tête baissée sur son assiette, sa fourchette à la main jouant avec la nourriture qui y est présente.
J'installe alors ma chaise juste à côté de la sienne.
Nos jambes se touchent, et j'entends sa respiration devenir saccadée.

Si vous saviez l'effet que vous avez sur moi Abigail...

Elle relève la tête vers moi, nos regards s'ancrent ensemble, et ses joues rougissent à vue d'œil.
J'approche doucement mon visage du sien, posant mon front contre le sien.
Son souffle chaud s'abat sur mes lèvres et nos yeux sont toujours ancrés ensemble.
Je passe délicatement ma main sur sa joue bouillante, caressant celle-ci a l'aide de mon pouce. Puis mes doigts glissent vers ses lèvres qu'elle entrouvre au contact de mes doigts. Sa respiration continue de s'accélérer au fil de mon touché, et je ne tiens plus.
Je presse mes lèvres contre les siennes. Un goût à la fois mentholé et salé se reprend entre nos deux lèvres, et je ne peux m'empêcher d'approfondir cet échange. Elle laisse libre accès à ma langue, lui permettant de taquiner la sienne délicatement. Ma main toujours posée sur sa joue me permet de garder le contrôle de ce baiser passionnel.
Ses mains viennent se poser sur mon torse qu'elle tâte d'une manière sensuelle, cette femme aura ma mort.

Tous les deux à bout de souffle, nous nous séparons. Ses yeux se sont foncés suite au désir qui a pris possession de nos corps, sa respiration est toujours autant saccadée, elle se décale un peu de moi baissant ses prunelles azure sur ses mains liées sur ses jambes.

Regrette-t-elle ? Pourquoi change-t-elle de comportement comme ça ?

Elle relève son magnifique visage vers moi, et la lueur qui se trouve dans ses yeux me déstabilise.

- Je suis désolée, murmure-t-elle, je dois y aller.

Et sans que je m'y attende, elle récupère son sac à main et se lève se dirigeant rapidement vers la sortie.

Ai-je fait quelque chose de mal ?

Je devrais me lever et lui courir après, mais à quoi bon le faire si elle n'y voit que du feu ?

Je la regarde alors s'éloigner, me laissant seul comme un con.
Dire que je n'ai pas apprécié ce baiser qu'elle m'a offert est sûrement le pire mensonge que je pourrais inventer. Cette sensation que j'ai ressentie au fond de moi n'était pas uniquement dans mon pantalon mais bien aussi au creux de mon âme, et personne, ne m'avait fait ressentir de telles choses.
Je ne saurais pas décrire ce que je ressens, encore moins y mettre des mots.

Peut-être que la baiser calmerais mes ardeurs...

Je soupire bruyamment, avant de remettre la chaise à sa place et de laisser l'addition sur la table.

Qu'est-ce qu'il m'a pris de l'embrasser ?

Je passe nerveusement ma main dans mes cheveux, et sors mon téléphone pour appeller Jack mais au moment j'allais apporter celui-ci à l'oreille, des sanglots attirent mon attention.
Je tourne alors ma tête en direction du bruit, et je suis surpris de la trouver là.
Abigail est là, assise à même le sol, la tête posée sur ses genoux qu'elle a repliés sur elle-même.
Je m'approche alors délicatement de cette femme fragile, avant de m'assoir à ses côtés.

Je suis censé faire quoi moi maintenant ?

Je n'ai jamais été habitué à réconforter les gens, encore moins leur apporter mon soutien, mais étrangement, quand il s'agit d'elle j'ai l'impression de tout savoir.
D'être un homme digne de ce nom, d'être celui que je n'ai jamais été...
Je pose ma main sur son dos, lui montrant indirectement que je suis là. Elle frisonne au moment où ceux-ci rentrent en contact, mais ne relève pas la tête, continuant de pleurer.

- Je suis désolé si ce baiser que nous avons échangé vous a blessée... murmuré-je.

Cette femme est si belle quand elle sourit, pourquoi lui avoir fait autant de mal ?
Elle mérite d'être joyeuse à chaque jour qui passe, de sourire et de voir le bon côté de la vie...
Elle continue pendant de longues minutes à pleurer, versant sûrement toutes les larmes de son corps avant de finalement renifler bruyamment.
Elle relève délicatement sa tête, et la vision qui s'offre à moi me brise.
Son mascara a coulé le long de son splendide visage, ses yeux sont rougis et encore remplis d'eau.

Oh Abigail... si vous saviez comme j'aimerais vous aider à garder ce sourire que vous avez su m'offrir, de vous prouver que votre vie vaut la peine d'être vécue, mais aussi que votre monde est beau, et ce bien plus que ne le croyez.

- Qu'on me rende le merveilleux sourire de cette femme, dis-je en lui souriant franchement.

Elle me gratifie d'un mince sourire, puis baisse à nouveau sa tête vers des jambes.
Je ne peux m'empêcher de passer mes fins doigts sous son menton pour tourner son visage vers moi. Je passe délicatement mes pouces sur ses joues pour effacer ses traces de mascara dégoulinant.

- Vous savez, commencé-je, la vie est tellement plus belle quand on se laisse aller, quand on arrête de toujours voir le passé, il faut que vous avanciez. Le présent est le début de votre futur, alors Abigail, concentrez-vous sur l'avenir...

Je ne sais pas à quoi ses larmes sont liées, ni même si elle s'en est voulu d'avoir répondu à mon baiser, mais une chose est sûre moi je ne regrette rien. Absolument rien.

Wedding GirlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant