VII - Abigail

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Il arrive parfois, qu'en un instant vous tombez plus bas que terre. Qu'un rire, qu'un son, que vous appréciez auparavant devienne votre pire ennemi. Que ce dont vous ne voulez plus avoir à faire reviens comme une tempête... vous brisant encore un peu plus.
La vie est cruelle, quand on souhaite revivre, elle ne fait que remémorer nos mauvais souvenirs.

Ses deux bras fermes m'entourent, et je craque. Je laisse quelques larmes dévaler le long de mes joues.

Pourquoi suis-je si faible ?
Je ne voulais pas lui montrer cette facette de moi...Je voulais lui tenir tête, être cette femme invincible...

- Abigail, s'il vous plaît, murmure Robin en caressant mes cheveux doucement pour éviter de défaire mon chignon.

Cette facilité qu'il a à me prendre dans ses bras, celle de me réconforter, me perturbe.
Pourquoi est-il aussi attentionné envers moi ?

Mes bras l'enserrent fermement, il est un peu comme ma bouée en ce moment, et étrangement je me sens extrêmement bien dedans.

- Je m'excuse, je ne voulais pas vous offenser comme ça, chuchote-t-il.

Je renifle discrètement avant de défaire mes bras et de les passer sur mes yeux pour essuyer les traces de larmes.
Honteuse, je baisse les yeux vers mes pieds fixant mes mocassins.

- C'est moi qui devrais m'excuser, dis-je en soupirant, je n'aurais pas dû.

J'essuie à nouveau du revers de ma main mon visage, conservant ma tête baissée.

- Vous n'avez pas à le faire, c'est de ma faute.

Sa voix est douce, et remplie de regrets. Il se sent coupable.

- Ne vous sentez pas coupable, vous ne pouviez pas savoir...

Sa main attrape mon menton le relevant délicatement.
Directement, nos yeux se trouvent et s'ancrent les uns aux autres.
La lueur verte que j'ai trouvée au fond de ceux-ci le jour de notre rencontre y est toujours présente, il me sourit doucement conservant sa main sur mon menton.

- Vous êtes si belle quand vous souriez, murmure-t-il.

Je sens la chaleur de mon corps augmenter instantanément, mes joues prennent une autre teinte et je me sens gênée.

- Ne soyez pas gênée Abigail, vous avez la chance d'avoir un charme ahurissant...

- Stop, le coupé-je, arrêtez. Vous allez me faire rougir.

Ma remarque n'a aucun sens, puisque j'ai déjà rougi.

- C'est déjà le cas, se moque-t-il.

Sa main qui auparavant était sous mon menton, vient prendre place sur ma joue, et son pouce la caresse tendrement.

- Vous voulez bien venir vous rassoir ? questionne-t-il en me fixant.

Je hoche la tête, et sans que je m'y attende nos doigts s'enlacent.
Comme tout à l'heure, la facilité qu'ont ceux-ci à se trouver me déstabilise.

Qu'est-ce que cela signifie ?
Suis-je dans un rêve ?

Il nous emmène à nouveau vers la table, où une bouteille est posée sur la table.
Il relâche mes doigts, m'incitant à m'assoir et s'installe en face de moi.

- Avez-vous déjà réfléchi au sujet du mariage de mon frère ?
demande-t-il.

Étonnamment, j'aurais cru qu'il allait me demander la raison de mes larmes, mais non, il préfère changer de sujet. Et je dois avouer que je lui en suis reconnaissante.

- Un petit peu, dis-je en le regardant servir nos verres.

- Vous savez que vous pouvez compter sur moi si vous avez un doute ? reprend-il.

- La façon dont vous m'avez dit ça la dernière fois, n'était pas très comment dire...

Je m'arrête un instant capturant son regard, et cherchant mes mots.

Pourquoi ai-je commencé cette phrase moi aussi ?

- Très correct ? questionne-t-il.

- Oui voilà, pas très correct.

Il sourit, en attrapant son verre pouls en boit une gorgée.

- Je veux juste que tout soit parfait pour mon petit frère, déjà que je n'étais pas pour, je ne veux pas que la journée de sa vie se transforme en calvaire.

- Je comprends tout à fait votre point de vue, mais comme votre mère a pu le dire, je suis une des meilleures organisatrices de la région. D'ailleurs, je ne comprends toujours pas pourquoi vous avez fait appel à moi.

Je prends mon verre à mon tour, et déguste ce vin de qualité.

Jamais, au grand jamais, je n'aurais pu me payer un tel verre.

- Parce que mes parents et moi, sommes déjà beaucoup trop occupés pour faire le moindre préparatif, puis il faut bien faire bosser des gens comme vous, dit-il en me lançant un clin d'œil.

Prétentieux. Arrogant. Orgueilleux. Trop sûr de lui, pensé-je.

Je lève les yeux au ciel lui faisant comprendre mon désarroi.
Il sourit, tout en buvant son verre.

- Vous savez, je sais ce que vous pensez de moi, lance-t-il.

- Ah oui ?

- Je sais pertinemment ce que vous êtes en train de vous dire, et je ne contredirais pas vos déductions, vous devez avoir raison.

- J'ai toujours raison, répliqué-je.

- Et après on parle de moi comme étant prétentieux. Mais vous ne faites pas mieux dites-moi ?

Je ne réponds rien, me contentant de le fixer.

Que se cache-t-il derrière cet homme ?

Le serveur interrompt mes pensées en nous ramenant le plat du jour.

- Au menu ce midi, une assiette de langoustines accompagnées des leurs légumes de saisons.

Mes yeux fixent l'assiette avec attention.
Je n'ai jamais mangé de plat aussi important, et encore moins des langoustines.

Comment voulez-vous que je m'offre ce genre de repas avec le peu de mariages que j'organise en un mois ?
J'ai besoin de vivre à côté...

- Bon appétit, lance le serveur en me souriant franchement.

Je le lui rends, et le suit du regard quand un soupir me sort de ma phase d'admiration.
Je tourne alors mon visage vers Robin, qui me regarde les sourcils froncés.

- Vous avez vraiment envie de vous taper ce jeune puceau ?

- Mais vous ne pouvez pas arrêter avec vos préjugés, ce n'est pas parce que je le fixe ou que je lui souris que je vais finir dans son lit. Je pensais quoi vous aviez un peu plus... de principes, dis-je d'une traite.

- Des principes moi j'ai en madame...

- Arrêtez de m'appeler Madame ! m'énervé-je, je ne suis pas marié !

- Depuis quand le terme madame, est-il réservé aux femmes mariées ?

- Depuis que je suis organisatrice de mariages monsieur je sais tout !

Il ne dit rien pendant un long moment, attrape sa fourchette et commence à piocher dans son assiette.

- Votre caractère me plaît autant qu'il me donne envie de partir, murmure-t-il avant d'avaler une bouchée.

Connard !

S'il pensait m'apaiser avec cette phrase, et bien c'est tout le contraire. Et il ne sait pas à quel point je peux être mauvaise moi aussi.

Quand je disais que ce repas allait être long...

Wedding GirlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant