XXVI - Robin

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Lorsque j'arrive chez moi, je ne peux m'empêcher de soupirer.
La boule au ventre, j'ai demandé à Jack de me laisser rentrer en pied, lui qui n'arrêtait pas de m'envoyer des messages, inquiet suite à ce qu'il s'est passé, tout en lui promettant de lui envoyer un message lorsque je serais arrivé.
J'avais besoin de me retrouver, de passer du temps seul. J'ai vainement essayé de comprendre sa réaction, pourquoi ? Pourquoi a-t-elle réagi ainsi ? Pourquoi !

Je ne comprends pas.

Qu'ai-je fait pour qu'elle réagisse comme ça ? Que n'ai-je pas fait ? Qu'est-ce qui ne tourne pas rond ?
Elle n'a même pas cherché à me retenir, et ça, ça me brise le cœur.

Je lui en veux, mais j'aimerai, au plus profond de moi, retourner chez elle. La prendre dans mes bras, la rassurée, lui dire que je l'aime, que je veux la faire mienne, autant que je suis sien, mais ça ne servirait à rien, elle me l'a explicitement fait comprendre.
Je me dirige donc vers ma chambre, et m'effondre sur mon lit. Je n'ai aucune envie de regarder la télévision, surtout si c'est pour entendre parler de nous. Existe-t-il seulement un nous ? Que sommes-nous réellement l'un pour l'autre ? Suis-je un con à croire qu'elle me veut ? Suis-je débile de croire en la possibilité d'un nous ?

Aimer, et ne pas être aimé en retour et le pire sentiment qu'il existe sur terre. Quand l'amour est tout sauf réciproque, ce sentiment est celui que l'on veut échapper. On fait croire que finalement ça ne nous atteint pas, alors que l'inverse se produit.

Je me déteste.

Je me déteste à l'idée d'être tombé amoureux de cette femme, je n'aurais jamais dû l'approcher d'aussi près. Garder mes distances avec elle, aurait été une bonne chose, maintenant que les choses sont faites, je souffre. Comme à chaque fois.

Mon téléphone sonne, à plusieurs reprises, et j'ai tout sauf envie de décrocher. Je suis certain que c'est ma mère, elle peut bien attendre dans tous les cas, je n'ai rien à lui dire.

Qu'on me foute la paix, au moins pour ce soir.

La personne persiste, encore et encore, je l'attrape rapidement, et rageusement, je l'envoie valser à travers ma chambre.

Je n'en ai clairement rien à faire de le casser.
Je veux juste qu'on me laisse !

Je soupire bruyamment, puis ferme doucement les yeux, voulant trouver la paix dans sommeil...

Il doit être près de trois heures du matin, et je n'arrive pas à trouver le sommeil.
Je tourne, encore et encore dans mon lit, la tête remplie de désespoir et de peine. Une nouvelle fois, mon cœur est brisé.

Ça m'apprendre à toujours tomber amoureux des mauvaises personnes...

Je me lève difficilement, me dirige vers la cuisine, puis attrape une bouteille de whisky, le voilà mon remède à tous mes problèmes. Je retire rapidement le bouchon voulant apaiser mes peines et cette douleur qui ne cesse de me consumer.

Qu'est-ce que j'ai bien pu faire au bon Dieu pour que ma vie soit un véritable enfer ?

L'alcool prend peu à peu possession de moi. Mais je n'ai pas le temps de finir ma première longue gorgée que soudainement, la sonnette retentit.

Les battements de mon cœur s'accélèrent. Qui est-ce que ça peut bien être ?

Je chancèle et m'avance vers la porte, ou la personne persiste à toquer, je veux juste être tranquille, pourquoi vient-on encore me déranger ?

- Robin, s'exclame une voix que je ne reconnais que trop bien.

Qu'est-ce qu'elle peut bien faire là à une heure pareille ? Que n'a-t-elle pas compris dans le sens des mots que j'ai prononcés il y a moins de vingt-quatre heures ?

- Abigail, je murmure en appuyant mon front contre le bois froid.

- Robin, elle renchérit doucement.

- Qu'est-ce que tu fous là ? je demande énervé sans ouvrir la porte.

- Peux-tu me laisser parler, ouvre-moi cette porte s'il te plaît Robin...

L'intonation de sa voix me brise le coeur, qu'a-t-elle à me dire ? Que veut-elle ? Pourquoi revient-elle ?

On ne peut pas.

- Je ne peux pas. Nous ne pouvons pas.

Elle soupire bruyamment et je sens mon cœur battre à la chamade.

- Pourquoi se priver d'aimer un homme tel que toi ? elle lâche subitement.

Aimer ? Vient-elle vraiment de dire ça ? Est-ce vraiment la réalité ou simplement un putain de rêve qui me joue des mauvais tours ?

- Tu ne m'aimes pas...

- Comment peux-tu en être si sûr ? Comme peux-tu le savoir ?

Je descends doucement ma main vers la poignée, avant de finalement la tournée et d'ouvrir la porte.
Je ferme les yeux un instant ne voulant pas avoir à faire à ce regard à la fois meurtrier et destructeur. Sa main vient trouver place sur ma joue, et mon corps frissonne, réagissant instantanément à son doux touché.

- Robin, elle chuchote.

Son souffle s'abat sur mes lèvres, et je comprends directement qu'elle se trouve à quelques centimètres de moi. Mais je n'arrive pas à ouvrir les yeux, bien trop blessé par ce qui nous arrive.

- Regarde-moi s'il te plaît.

Elle me dit ça avec une douceur telle, que je ne peux empêcher mes yeux de s'ouvrir. La première chose que je remarque est la noirceur des siens, ainsi que la culpabilité, et la peine. Pourquoi semble-t-elle si touchée alors qu'il n'y a même pas quelques heures elle me laissait partir comme si de rien ?

Je ne comprends définitivement pas cette femme.

- Je ne peux pas te laisser partir comme ça, elle commence.

Son regard azure se remplit de larmes, et je me sens atrocement coupable. Cette femme est un peu plus brisée par ma faute. À cause de moi. Je suis la définition même d'un connard. Celle d'un homme capable de blesser involontairement une femme, mais pas n'importe laquelle, non celle dont il est follement amoureux.

- Tout ce qui nous arrive, tout ce scoop autour de nous, n'est pas entièrement de ta faute.

Que veut-elle dire par là ? Qu'est-ce qu'elle sous-entend ?
Pourquoi dit-elle des choses comme ça ?
Bien sûr que si c'est moi le coupable. Je suis le seul et l'unique responsable dans cette histoire. Voyant très certainement le doute s'emparer de moi elle continue.

- Ce mec, celui dont tu m'as sauvé la dernière fois, lors de notre premier rendez-vous, il en est la cause.

Je ne comprends pas. De quoi parle-t-elle ?

- Je sais qu'il te manque des morceaux pour comprendre les choses, je sais que je vais devoir maintenant tout te révéler, mais promet moi une chose.

Je hoche la tête complètement perdu face à ses mots.

- Ne reproduit pas la même chose que lui, et ne me juge pas...

Je sens, au ton de sa voix, que cette histoire a eu des conséquences sur la personne qu'elle est.
Que la raison de son mal-être n'est autre que ce vieux con.

Qu'entend-elle par " ne me juge pas " ? N'a-t-elle toujours pas compris que mon cœur lui appartient entièrement ? Et que peu m'importe son passé ? Je veux juste qu'elle arrive à tirer un trait sur ce qui lui est arrivé, qu'elle tourne la page sur cette histoire, seulement pas sur la nôtre qui ne commence, ou recommence, juste...

Wedding GirlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant