Chapitre 1

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Mon réveil sonne et j'ai du mal à émerger, mais quand il faut y aller, il faut y aller. Je l'éteins et m'autorise à rester cinq minutes de plus dans mon lit. Ces cinq petites minutes passent à une vitesse hallucinantes. De toute manière c'est toujours comme ça, qu'on le veuille ou non.

Je me lève donc et regarde l'heure. Il est maintenant six-heure trente-cinq. Je vais dans la salle de bain pour me préparer. Etant donné qu'après je vais travailler, je ne fais pas un grand effort. Je fais juste du ménage toute la journée. Cela me permet de ne pas voir beaucoup de monde. Je préfère rester discrète.

Je mets un slim noir avec un débardeur noir. J'attache mes cheveux en un chignon fouillis et ne prends pas la peine de me maquiller. Pour moi et le monde dans lequel je vis, ce n'est qu'une perte de temps.

Après une trentaine de minutes je suis enfin prête et je pars réveiller Enzo. C'est incroyable comment je tiens à ce petit bout de chou de cinq ans. C'est tout ce qu'il me reste, mais c'est aussi tout ce qui me rappelle mon passé. Mais c'est grâce à lui que je me bats pour m'en sortir.

Je me dirige dans sa chambre et ouvre doucement la porte. Je peux voir son petit visage dormir paisiblement grâce à la petite veilleuse branchée non loin de son lit pour qu'elle lui soit visible.

- Enzo, mon chéri, c'est l'heure. Je murmure doucement tout en lui caressant les cheveux.

- Hum hum.

Je le laisse émerger doucement tout en lui préparent ses affaires pour l'école. Une fois qu'il est bien réveillé je l'accompagne à la douche. Je lui règle la température de l'eau et le laisse se laver le temps que j'aille lui préparer son petit déjeuner.

C'est vrai que c'est un peu tôt de le laisser se laver seul à cinq ans mais dans les circonstances dans lesquelles nous avons dû vivre, nous avons dû grandir plus vite que nous l'aurions dû.

Je lui prépare un bon bol de lait chaud avec des céréales et quelques tartines. Comme on nous le dis sans cesse, le petit-déjeuner est le repas le plus important de la journée et croyez moi, il en a bien besoin.

Une fois que j'ai tout mis sur la table, je vais voir où il en est dans la salle de bain. J'ouvre la porte en toquant avant pour montrer les gestes de politesse. Même si je suis jeune, j'essaie de lui donner une bonne éducation.

- Ça va ? T'as fini ?

- Oui ! Répond-il tout en éteignant l'eau.

Je prends la serviette posée prêt du lavabo et la lui tends. Je l'aide un peu et ensuite raccroche la serviette. Puis, je le laisse s'habiller seul. Pour cela, il est assez grand.

Je repars ensuite dans la cuisine et prépare mon petit-déjeuner, tout en réchauffant son bol. Je termine juste au moment où Enzo arrive.

- Tiens, fais attention, je viens de le réchauffer.

- D'accord !

- Il reste une demi-heure avant que l'on parte.

Nous mangeons tout en parlant de ses journées à l'école. Au début, il avait du mal car il avait du retard et le fait que nous changions de ville pas mal de fois au début ne l'a pas vraiment aider à se faire des amis. Il restait à distance.

Mais j'espère que cette fois-ci, nous resterons un peu plus longtemps, le temps qu'il termine au moins son année et qu'il n'ait pas, encore, une fois de plus tout à recommencer. Pour le moment, cette petite ville me plait. Elle se nomme Lowell dans le massachusset.

Quand à moi, je travaille jusque quinze heures en tant que femme de ménage pour des personnes âgées et je suis des cours à domicile le reste de la journée et quand Enzo est au lit. Il me faut bien mon diplôme même si je sais que je ne ferai pas de grandes études. Je n'aurai jamais une vie normale. Mais je ferai tout pour que lui, il en ait une.

Les trente minutes arrivent à leur fin et nous terminons de nous préparer. Il met ses chaussures le temps que je fasse la vaisselle. Je fais de même après. Je prends ma veste, ou plutôt mon gilet qui est d'ailleurs trop grand pour moi, mais qui est très confortable. Pour finir, je prends mon sac et aide Enzo à mettre le sien. Nous sortons du petit appartement et je ferme à clef.

Je ferme les yeux et respire un grand coup. C'est partie pour une nouvelle et grande journée. Je demande d'avoir la force de tenir un jour de plus dans ce monde si cruel. J'affiche un grand sourire sur mon visage pour qu'Enzo ne remarque rien comme tous les jours et je lui prends la main.

Direction son école. Nous sommes à peu prêt à vingt minutes de marche. Je n'ai pas trouver de logement plus prêt et qui rentre dans mon budget. Il faut dire qu'avec le métier que je fais et le peu d'heure que je travaille ceci ne m'aident pas réellement mais bon, cela nous permet de vivre.

Nous parlons de tout et de rien quand nous arrivons à l'école. Il est tout pressé d'aller jouer avec ses amis qu'il m'oublie presque. Je me mets à croupis pour lui faire un bisou et lui souhaiter une bonne journée. Je me redresse et le regarde s'en aller le sourire aux lèvres.

Il se retourne juste avant de rentrer pour me faire un signe de main par lequel je réponds. Cela est notre petit rituel. Même s'il ne se souvient de rien, je pense que c'est rester en lui et que ce signe le rassure.

Je sais qu'un jour, je devrais tout lui raconter. Tout son passé, mais aussi d'où il vient. Pour le moment je n'en ai pas la force, mais je sais que ce jour arrive à grand pas et qui sait, peut-être même plus tôt que prévu.

Je me retourne et pars au travail, sous la pluie qui commence à s'abattre. Il faut croire que cette journée ne sera pas aussi belle que je l'espérais.

DisparaîtreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant