Promesse d'une Vie (T2)

Epilogue

Point de vue de Jace

Lorsque nous arrivons à l'église, une bruine légère nous tombe sur le visage. Je rapproche Iliana de moi alors que nous rejoignons les femmes et les hommes présents pour ce triste moment et nous nous mettons à l'abri sous le porche de l'église. Chacun attend l'arrivée du corbillard en se prenant dans les bras et en pleurant à chaudes larmes alors que certains ont déjà pris place dans le bâtiment. Ces gens sont de petits veinards, car pour notre part, c'est dehors que nous devons attendre le cortège funèbre.

Je réajuste ma veste au moment où Adam et ses parents arrivent sur les lieux. Jocelyne, toujours aussi élégante, porte un tailleur noir et de petits talons de la même couleur. Pour les hommes Harrington, une chemise blanche et une veste de costume noire. Contrairement à moi, ils ont aussi mis une cravate, mais avec le mauvais rêve que j'ai fais ce matin, j'ai préféré éviter.

- Bonjour.

Adam et Robert me serrent la main avant de se diriger vers Iliana qui ne m'a pas décroché un mot depuis notre départ. Jocelyne quant à elle, me pose une main dans le dos en me demandant silencieusement comment va sa fille. En effet, après l'étrange journée passée en compagnie des Harisson dans la crique, nous étions rentrés directement à la maison d'Iliana sans informer personne. Adam nous avait simplement déposé, proposant de rester avec nous, mais Iliana avait refusé et était montée s'enfermer dans la salle de musique.

- Ça va, je la rassure au moment où j'entends des graviers crépiter sous les pneus d'un cortège de voitures.

Je m'empare de la main d'Iliana. Mon cœur s'emballe alors que les véhicules s'arrêtent devant nous et j'observe nerveusement les portières s'ouvrir sur des femmes et des hommes au visage fermé.

Il y a trois ans, je faisais partit de ces visages.

On referme les portes derrière nous. Dans l'habitacle, l'atmosphère est pesante et suffocante, à moins que ce soit encore ma cravate qui fasse des siennes. Ces bouts de tissus ne sont vraiment pas fait pour moi, mais quand ma mère m'a demandé d'en porter une avec ses yeux larmoyants, je n'ai pas eu le cœur de dire non. Mais j'ai toujours la même impression d'étouffer.

Je passe deux doigts entre le col de ma chemise et mon cou. Je me sens fiévreux, à deux points de faire un malaise. C'est à ce moment qu'une main douce et froide vient s'emparer de la mienne. La chevelure brune et les yeux bleus de sa propriétaire dans mon champ de vision, je me détends d'un coup, comme s'il ne suffisait que d'elle pour oublier toutes mes souffrances.

- Jace ?

Je cligne des yeux et le bleu ciel se transforme en vert émeraude. Je me laisse quelques instants pour revenir à la réalité. C'est la première fois que les images dans ma tête me paraissent si réelles. Il y a deux secondes encore, j'avais vraiment l'impression que devant moi, c'était Anna. Mais ce sont bien ces deux pupilles vertes qui me fixent aujourd'hui avec peine et inquiétude. Je souris tendrement à ma petite amie et je la prends dans mes bras.

- Ça va aller. Ce n'est qu'un mauvais moment à passer.

- Je suis désolée de t'imposer ça.

Je lui embrasse les cheveux.

- Ne dis pas de bêtises.

Lorsque nous nous reconcentrons sur l'allée qui mène à l'entrée de l'église, nous y voyons un cercueil blanc, assez petit pour être porté par seulement deux personnes. Jayden, la tête haute et le teint très pâle est à l'avant, et son père, l'air plus fatigué et plus vieux que la dernière fois que nous l'avons vu, se tient derrière lui. Ils avancent en silence, droit devant eux, suivis de près par Katelyn qui est épaulée par ce qui me semble être au premier abord sa sœur. Mais à y regarder de plus près, leur ressemblance est plus qu'évidente. Le même carré blond, la même forme d'yeux, la même forme du visage. Derrière elles, des enfants de tout âge et quatre autres couples, avec des compositions florales dans les bras, ferment la marche. J'en déduis qu'il s'agit des oncles et tantes de Maureen, ainsi que de ses cousins.