Pardon

7K 397 226
                                    

Point de vue d'Iliana

A chaque fois c'est la même chose : j'appelle, je tombe sur son répondeur et je raccroche. Cela fait au moins vingt fois que je réitère ces mêmes gestes et cela fait au moins vingt fois que lorsque j'entends le bip de sa messagerie vocale, je perds les mots. Je ne sais tout simplement pas quoi dire, je n'arrive pas à croire que j'ai pu oublier une chose aussi importante dans la vie de celui que j'aime.
Le fait qu'il ne réponde pas ne m'aide pas non plus, j'ai mal et je ne peux même pas savoir si il est fâché contre moi ou seulement trop occupé pour répondre. J'espère sincèrement que c'est la deuxième option.

Je m'installe lourdement sur mon lit en soupirant : je suis la pire petite amie du monde. Oui il m'arrive souvent d'oublier des choses, mais généralement c'est parce que c'est sans importance où que cela fait trop mal, hors, je ne vois pas en quoi le premier concert de la tournée de mon petit ami pouvait être soit l'un soit l'autre. A moins que cela me touchait plus que je voulais me le laisser croire, peut-être que je n'avais pas réellment pris conscience des changements irréversibles qu'engendreraient cette tournée. Tout de suite, je me mets à imaginer toutes les groupies qui feraient tout pour l'approcher, au point de devenir complètement folles. Cette aspect ne me plaisait déjà pas. Je savais qu'il en aurait, c'était déjà le cas au lycée bien avant que nous nous mettions en couple et déjà après le concert de David Guetta avec cette bande de nunuches qui le suivaient comme de petits toutous aux aboiements suraiguës, mais je ne me doutais pas que cela serait si rapide et avec autant d'ampleur.

Quand Alexia m'avait montré la photo de son amie après le concert en compagnie de Jace, je m'étais dit que cela ne devait pas être la seule à avoir réussie à se photographier avec mon petit ami, et je n'avais pas eu tort, hélas. Cela faisait un moment que je n'étais pas allée sur les réseaux sociaux et quand j'y avait jeté un oeil, tout un tas de photos similaires inondaient mes fils d'actualités, le nombre de followers de Jace sur Twitter - bien que déjà très conséquent auparavant - avait au moins été multiplié par cent et je commençais même à voir des comptes fakes de lui ainsi que des pages "fans" où tous ses petits toutous faisaient part de leur ressenti face au dieu grec qu'était Jace. Un commentaire suffit à me rendre malade.
La machine avait été enclenchée avec un point de non-retour : plus jamais Jace n'aurait le droit à l'anonymat, plus jamais nous aurions droit à notre intimité, les médias le traqueraient jusqu'à ce qu'il fasse un faux-pas, jusqu'à ce qu'il leur donne quelque chose de croustillant pour leur apporter plus de lecteurs. Plus jamais sa vie ne serait la même, et sans doute plus jamais la mienne si nous décidions de nous montrer en public, que nous prenions la décision d'assumer notre statut de couple. Mais le voudrait-il vraiment ? Aurait-il cette envie de présenter au monde sa petite amie cancéreuse ? Et moi, aurais-je la force d'assumer tout ce qui pourrait être dit sur moi ? Aurais-je la force de recevoir en pleine figure tout ce qui pourrait toucher Jace de près ou de loin dans les médias au point de me rendre complètement folle et perdue entre mensonge et vérité ?

Je recompose le numéro une nouvelle fois et j'attends, encore et encore, jusqu'à tomber sur sa messagerie. Cette fois, je ne me défile pas et je lui dis tout ce que j'ai sur le coeur :

- Salut Jace, c'est moi...

"Bien sûr qu'il sait que c'est toi, petite débile !"

- Heu... Je suis désolée enfin... pour ton concert ; j'aurais dû m'en rappeler. Je n'ai pas d'excuses à te donner tout simplement parce que j'ai complètement merdé, sur toute la ligne. Tout ça est de ma faute. J'aurais juste dû m'en souvenir, j'aurais juste dû savoir à quel point cet événement était important pour toi et pour ta vie. Et le pire c'est que j'en avais conscience, mais j'ai dû prendre peur au plus profond de moi, j'ai dû avoir peur de tous les changements qu'auraient ce concert dans nos vies. En attendant, ton silence me rend malade et je ne sais pas si tu joues avec moi pour te venger ou si c'est seulement que tu es trop obsédé par tes occupations... Un jour, c'était moi qui t'obsédais, il faut croire que les choses ont déjà bien changées... Quoi que je peux parler...

Promesse d'une Vie (T2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant