Première promesse

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Point de vue d'Iliana

Nous nous dévisageons durant plusieurs minutes sans ouvrir la bouche. J'attends qu'il prenne la parole, il attend que je le fasse ; nous n'irons pas loin comme ça. D'un coup, il se racle la gorge et inspire profondément et finit par  parler posément :

- Tu voulais avoir une discussion avec moi ? Je suis là. Qu'on en finisse.

Je m'approche de lui et m'installe à sa droite en laissant quelques centimètres nous séparer. A vrai dire, je ne sais pas trop par où commencer si ce n'est par la question qui m'obsède depuis que Jace et moi avons mis fin à notre appel.

- Pourquoi tu ne me l'as pas dit plus tôt ?

Il fixe un point en face de lui, comme perdu. Cela me donne l'occasion de l'observer plus  précisément, comme si je pouvais sonder son âme rien qu'avec un regard. Il semble étonnamment triste et fatigué par la situation. Le fait de garder le secret pour Jace a-t-il été difficile ? A-t-il songé au moins une fois à m'en parler ?

- Je sais pas.

Je me décale pour m'éloigner de lui et je secoue la tête.

- Je ne te crois pas. Je sais que je t'avais dit que je ne voulais pas lui adresser la parole... mais merde Adam, il voulait s'excuser et revenir sur ses paroles alors que je croyais que pour lui tout était terminé ! J'ai été dans le déni des semaines, je m'en suis rendue malade, et tu étais là, à me voir plongée dans cet état de néant à cause de tout ça alors que tu avais reçu cet appel de lui ! Comment as-tu pu me laisser comme ça ? Je ne comprends pas.

Il soupire. Il est vraiment exténué. Habillé de sa tenue de la veille et toujours pas rasé, il est tout débraillé. Ses paupières papillonent plusieurs fois pour tenter de se débarrasser de la fatigue qui menace de les sceller définitivement et il se masse les yeux pour les forcer à rester ouverts.

- Tu es ma soeur.

Je fronce les sourcils. D'où veut-il en venir ?

- Je n'ai pas été le grand-frère parfait quand nous étions plus jeunes. Je t'ai fais pleurer de nombreuses fois, je me suis souvent mal comporté envers toi, je t'ai critiqué, insulté, mais je n'ai jamais cessé de t'aimer.

Un petit sourire nostalgique étire ses lèvres et il baisse les yeux sur ses mains.

- Quand on m'a appris ta naissance, je crois que je n'avais jamais été aussi malheureux de toute ma vie. Mes parents n'appartenaient qu'à moi et personne ne me les prendrais, petite-soeur ou pas. Papa a dû mettre deux bonnes heures à m'attacher dans la voiture pour aller à la maternité, je bougeais dans tous les sens et je ne voulais pas rencontrer cette "chose" qui gâcherait tout. Mais quand je t'ai vue...

Il me fixe de ses yeux brillants et écarte les mains.

- Tu n'étais pas plus grande que ça et pourtant, je n'avais jamais vu quelque chose d'aussi beau et d'aussi fragile. Dès qu'on t'a mise dans mes bras, que j'ai senti ton parfum, que j'ai senti la chaleur de ton petit corps contre le mien... Ça a été comme un déclic. Les infirmières étaient toutes étonnées face à nous : tu étais un bébé très bruyant habituellement mais tu n'as jamais pleuré une seule fois quand je te tenais. Tu as enroulé tes doigts autour de mon index et on ne s'est jamais lâchés. Toute ma haine s'est envolée quand j'ai posé mes yeux sur toi pour se transformer en un amour que je n'aurais jamais cru porter à quelqu'un un jour. Je t'ai aimée au premier regard et ça n'a jamais prit fin.

Mon coeur fond littéralement devant cette déclaration. Il ne m'en avait jamais parlé mais pour lui, cela semble être un souvenir très touchant et heureux.

Promesse d'une Vie (T2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant