Partie 1

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  Ma vie résumée en un mot : invisible.

Invisible ou presque. Je douterais même de mon existence si Mégane et ses amies ne riaient pas de moi et de ma timidité à tout bout de champs. Il est vrai que la confiance en moi et moi ne vont pas de pair. Etonnant ? Je figure sur leur tableau d'honneur, tel le punching-ball idéal ; il semblerais même que j'y soit seule inscrite.

Contrairement à elles je ne suis pas jupe, gloss brillant ou encore populaire,mais une première de classe, studieuse et cachée derrière une mèche de cheveux camouflant la moitié du visage. « Un exemple a suivre ! », aiment répéter mes professeurs.

  Un exemple à suivre ? Sérieusement ? Discrète et réservée, je m'isole dans un monde où personne n'est autorisé à entrer, ce qui contribue à mon manque de confiance personnelle et à mon déficit social. Je doute fort que ce comportement soit exemplaire.

Parfois j'imagine une autre vie, où tout serait parfait, sans problèmes. Où j'aurais encore mes deux parents; un espace parallèle où je me sentirais bien dans ma peau. Mais ce n'est pas le cas, et cela ne le sera jamais. Trop timide, trop peu sûre de moi, trop distante, trop froide, trop de défauts et trop de barrières que je me suis créées.Et même si cela m'empêche de m'attacher, me rend solitaire et sauvage, se sont eux qui me protègent, m'ont renforcés psychologiquement, et me préservent de la dépendance que l'humain a : soit un besoin incontrôlable ; raisonnable dans une certaine mesure ; d'être entouré. Drogué à la présence d'autrui. Un malheur pour un trop grand nombre de pas savoir exister sans l'autre.


  Alors que j'étais petite, ma mère a disparu dans un accident. J'avais quatre ans.

Dès lors, mon père a abandonné tout ce qui lui tenait à cœur. Il a perdu la femme de sa vie dans une accident mystérieux et de sa famille ne lui reste que moi. Père poule, excessivement protecteur et inlassablement là pour moi. Scotché à mes talons il scrute mes moindres faits et gestes ; il est là, les yeux à la fois vides et remplis d'amour.

En grandissant, je suis parvenue à obtenir sa confiance même s'il continu à s'inquiéter sans cesse pour moi ; nous avons réussi à reprendre une vie quelque peu normale.


  Février deux mille douze, par un jour de blizzard, mon père aida une jeune femme qui avait glissé sur une épaisse plaque de glace. Ils se sont revus de nombreuses fois : la suite, tout le monde la connais.Un an plus tard, pour fêter l'anniversaire de leur rencontre, ils ont souhaité que nous fassions connaissance.

  Mon père a retrouvé le bonheur et l'amour, cela me rend, à mon tour,heureuse.

Ludivine est une belle personne. Toute en finesse et en élégance, elle impose son fort caractère du haut de son mètre soixante-trois. Mais détrompez-vous, elle est loin d'être la méchante belle-mère des contes de fées. Sa fille est tout aussi charmante qu'elle ;harmonieux mélange de beauté, d'intelligence et de bonté, ce qui en fait une personne admirée et aimée de tous. La seule chose que nous ayons en commun est notre année de naissance ; l'an deux mille.

  Épanouis dans leur relation, ils nous ont annoncés ; il y a quelques mois ; leur projet d'emménager ensemble. Je n'ai dit mot ce jour là, un sourire innocent a habillé mon visage ; de toute façon je n'avais rien à perdre. Laure, quand à elle était mitigée ; déménager signifie tout laisser derrière soi,recommencer une vie qui pourrait être bien différente de celle passée. Finalement, son cœur de jeune fille en fleurs a été convaincu à la vue de l'amour partagé entre nos parents.


  Première semaine d'août ; nous déménageons dans un quartier coquet de la banlieue de Céliande. Récemment construite, l'extension de la cité est plus calme, mais toute aussi charmante que son centre ville. A quelques minutes de l'arrêt de bus, soit à vingt minutes du lycée. Le six rue des Lands accueille pour la première fois ses nouveaux habitants : les Prunelt.

Le Croissant de Lune - Livre 1 La Nouvelle Constellation [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant