Le Croissant de Lune - Livre 1 La Nouvelle Constellation [Terminé]

Partie 17

  Le lendemain, avec Timoté, nous ne nous parlons toujours pas. La journée passe insensiblement et les cours aussi lentement qu'elle.Laure, tout comme lui, se sent délaissée, ma double vie secrète de magicienne n'est simple ni pour eux, ni pour moi. Moi, au moins, je peux m'échapper de ces problèmes lorsque je suis avec les Étoiles Noires.

  Dans la mystérieuse salle, sur la table de bois noir, de nombreux livres sont éparpillés.

-  Soit la bienvenue. Fit aimablement le garçon.

  C'est la première fois que j'entends la voix grave et chantante de Benjamin. Je me retourne, il s'incline.

-  Pourquoi ? Dis-je désespérée et tendue.

-  Pardon ? S'exclame-t-il aussi surpris que calme.

-  Pourquoi tu t'inclines ?

-  Par respect. Je pensais que tu le savais ? Sa voix douce et sensible me fais culpabiliser.

-  Je sais que ma spécificité me procure de l'importance, mais ne m'en donnes pas s'il te plaît.

-  Tu n'aimais pas qu'on t'accorde de l'importance. Dit-il bas. Très bien, mais dans ton cas, même si je ne m'incline pas, tu en as. Et beaucoup plus que nous cinq réunis. Il est timide et parle vraiment doucement.

-  Changeons de sujet, Monsieur Nature ! que vas tu m'enseigner ?

-  Ne donnes pas tant d'importance à un humble serviteur de la terre. Dit-il en riant doucement.

-  Sens de l'humour, j'adore ! Je ris avec lui.

-  Comme tu le sais, je fais partie du peuple de la Forêt Embleutée. Ma famille y a toujours vécu, enfin, sauf moi et mes parents, et ce depuis bientôt seize ans. Mes parents sont experts en herbologie, d'où ma passion ; j'ai eu les meilleurs professeurs. Ils ont beaucoup voyagé à travers les Mondes et leur connaissance des plantes est à toute épreuve. Comparé à eux, je suis quelque peu médiocre. Il marque une pause et inspire profondément. Mon peuple est très discret, entre nous nous ne parlons pas beaucoup non plus. Tu constateras que je fais des efforts considérables pour adresser la parole à n'importe qui. Ses joues s'empourprent de plus en plus. Je n'ai étudié que des plantes terriennes et une partie de celles de Minoire. Celles des autres Mondes me sont presque inconnues, j'en connais certaines, mais vraiment très peu. Les livres que je possède n'en parlent pratiquement pas, ils sont ciblés sur Minoire et la Terre.

-  Tu ne devrais pas te sous-estimer de cette manière ; tu es jeune, tu ne peux pas avoir acquis les connaissances d'une vie de recherches ; ne te compares pas à tes parents.

-  Qui t'a dit que je me comparais à eux ? Un sourire timide s'affiche sur son visage osseux. De mes recherches tu en tireras un enseignement essentiel, tu vas apprendre à reconnaître les différentes plantes ainsi que leurs propriétés. Mais également à te servir d'elles pour confectionner des élixirs et améliorer certaines de tes Capacités. Suis moi, je vais te montrer quelques unes de mes recherches : mes herbiers.

  Sur la table une dizaine d'herbiers sont ouverts. J'en prends un et regarde les plantes une par une. J'en reconnais certaines, tel que les feuilles de pommier, de cerisier et d'érable, les feuilles de fraisier, de tulipe ou de primevère. Facilement je reconnais les pétales de marguerite, de jacinthe et de muscaris. Par contre, les aiguilles de sapin, d'épicéa, de pin ou de tsuga, n'ont aucune différence pour moi. Ma mine dépitée l'interpelle.

-  Tu y arriveras, je vais t'aider. Il me regarde sympathiquement.

-  Tu me demandes d'apprendre et de reconnaître toutes les sortes de plantes présentes sur Terre ? Je le regarde, effarée.