Partie 26

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  Je me lève et suis surprise par le soleil qui illumine encore bien en ce mois d'octobre. Bientôt, le givre enveloppera les arbres, et les enfants se lanceront des boules de neige. Contrairement à la majorité des gens, le froid ne me déprime pas. Il y a des choses tellement plus importantes pour lesquelles nous devrions nous en faire.

  Je n'ai que le temps d'ouvrir un livre que j'entends la porte de la chambre des parents s'ouvrir. Je referme immédiatement le livre et me précipite dans la cuisine pour préparer un café à mon père.Je l'entends pousser un bâillement bruyant et me mets à rire devant la machine à café.

-  Bonjour ma Gargouille. Me dit-il en m'embrassant le front. Ça va ? Tu as bien dormi ?

- Bonjour ! Oui, très bien et toi ? Je pose délicatement la tasse sur la table et sors la boite de sucre.

-  Bien. Dit-il avec un sourire matinal.

  Les yeux à peine ouverts, il bâille une nouvelle fois de façon bruyante. Il met la main dans la boite à sucre et palpe les morceaux blancs pour en trouver un. Il le lâche doucement dans le liquide ébène fumant. Les yeux clos, il lutte pour ne pas s'endormir. Il souffle doucement puis boit une gorgée de café. Une fois avalée,il ouvre grand les yeux et pousse un petit « Ah ! »et s'empresse de boire à nouveau une petite gorgée.

La première goulée lui permet d'ouvrir les yeux et la deuxième de mettre en route son corps. Mon père est comme ça, il a son petit rituel matinal.

Il saisit le livre que j'ai posé sur la table pour lire son titre. Sa tête hoche d'un signe approbateur. Il le retourne afin de lire son résumé.

-  Un nouveau livre ? Me demande-t-il, j'acquiesce de la tête. Il a l'air intéressant ma Gargouille !

-  Je te dirais ça tout à l'heure ; quand je l'aurai lu. Dis-je en riant.

-  Je suis sûr que tu l'auras vite terminé ! Il rit. Je me souviens que lorsque tu étais petite tu dévorais déjà les livres ! Lorsque j'avais une pause dans la menuiserie où je travaillais il y a des années, j'allais dans une très vieille librairie. Le libraire me sectionnait toujours quelques livres qui étaient susceptibles de t'intéresser et il aimait y glisser un livre surprise. Le nombre de fois où j'ai voulu lui payer ses libres surprises ! Il n'acceptait jamais, il aimait dire que les livres sont faits pour communiquer bonheur et connaissances, que ça n'a pas de prix et que seul ton sourire quand tu ouvrais le sac et que tu voyais les livres pouvait le gratifier. Il était généreux cet homme là ! Je me demande ce qu'il est devenu.

  Il me regarde et me tend le roman que je serre contre moi ; je suis émue par son récit, pas seulement parce que cela est touchant mais surtout parce que je ne m'en souviens pas et que c'est rare qu'il me parle de ma petite enfance.

-  Je suis d'accord avec lui, les livres n'ont pas de prix.

-  Les choses les plus importantes n'en ont pas. M'avoue-t-il.

  Nous savons que sa phrase est à double tranchant, c'est sa façon de me dire qu'il m'aime et qu'il tient à moi. Dire sans dire est notre mode de fonctionnement.

-  Plus tu grandis et plus tu ressembles à ta mère. Ajoute-t-il à demi-voix.

  A ces mots, je sens que ma gorge se serre, mon cerveau gonfle et des larmes montent.

Mais qu'a mon père aujourd'hui? Il n'est jamais aussi nostalgique d'habitude.

-  Je suis fier de toi. Je sais que tu deviendras aussi forte et intelligente qu'elle. Tu suis son chemin et j'en suis ravi.

Le Croissant de Lune - Livre 1 La Nouvelle Constellation [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant