Partie 30

35 8 2
                                    

  Après avoir fait ce que m'avait demandé Cybille, je la retrouve dans le jardin. La femme m'accueille avec un grand sourire et ses bougies dans les mains. Elle me conduit dans une vieille cabane au fond du jardin.

-  C'est... c'est votre atelier ? Fis-je surprise.

-  Oui ! S'exclame-t-elle.

-  Je ne m'attendais pas vraiment à ça.

  En effet, je m'étais imaginée une sorte de véranda avec des étagères,des centaines de livres et parchemins et quelques grandes plantes. Au lieu de cela, je me trouve en face d'une minuscule cabane de jardin bleu délavé et abîmé par les éléments. Les échardes sortent des planches de bois qui commencent à pourrir, le carreau de la seule fenêtre est brisé et rafistolé avec du gros scotch marron de déménagement, la gouttière qui entoure le toit ne tient qu'avec trois crochets rouillés. Je déglutis, elle me donne la chaire de poule, je suis persuadée qu'en effleurant seulement la poignée de porte, la structure s'écroulerait, et nous avec.

-  Ne te fies pas aux apparences, jeune demoiselle ! La vision n'est qu'une réalité déformée. Dit Cybille en s'approchant de la porte. Bon, aller ! tu viens !

  Elle ouvre la porte qui grince, à l'intérieur la pénombre avale tout,je ne suis pas du tout en confiance. Elle se retourne, attrape mon poignet et me tire à l'intérieur. Je pousse un petit cris aigu,ferme les yeux et repense à ma famille ; à mon père qui s'en voudra de m'avoir laissé, à Laure qui ne s'en remettra jamais si je meurs et à Timoté qui sombrera dans la dépression.

-  Aller ! c'est parti ! S'écrit Cybille en se servant de ses mains pour invoquer sa magie modificatrice de lieu.

  J'ouvre les yeux au bon moment pour voir la minuscule pièce de deux mètres carrés se métamorphoser en une sublime pièce.

-  Mon bel atelier ! ça fait un bon moment que je ne suis pas venue te voir ! Bon, tu es un peu poussiéreux mais avec une petite bourrasque ça devrait s'arranger ! D'un mouvement du doigt, elle fait apparaître une minuscule tornade qui avale toute la poussière sans faire voler ne serait-ce qu'une feuille de papier. Ah ! Voilà, tu es tout beau ! S'exclame-t-elle.

-  C'est magnifique. Fis-je tout doucement.

-  N'est ce pas ! Bon, tu pourras contempler mon atelier plus tard car on a du boulot ! Dit-elle en riant. Assieds toi là. Elle m'indique une chaise devant la grande table. Ici, tu ne risques pas de tout brûler, ne t'en fais pas ! Ajoute-elle. Pour maîtriser ta magie, il faut que tu te maîtrises psychologiquement. Mais pour ça, il faut impérativement que tu ais confiance en toi. Arrête de te juger, de te comparer sinon tu ne parviendras jamais à te servir de tes pouvoirs. Laisse toi bercer et vibrer par la magie. Je reste silencieuse à ce qu'elle me dit. Ici, et même à l'extérieur, personne ne te juge. A part toi. Tu sais, c'est positif de se juger pour avancer, mais dans ton cas, ça t'empêche d'évoluer.

-  Je le sais bien, mais ce n'est pas si facile. Fis-je.

-  Au contraire ! c'est une des choses les plus simples à faire ! Tu ne veux pas arrêter de souffrir.

-  Oui, comme la totalité des gens. Et tu ne me feras pas croire que tu ne souffres pas.

-  En effet, mais je laisse la vie me porter ; je suis son mouvement.

-  Mmmh. Fis-je peu convaincue.

-  Assez parlé, au boulot ! Conclue-t-elle.

  La femme se saisit des bougies ; elle en choisit une et la pose à une quarantaine de centimètres du bord de la table. Puis s'assoie à son tour.

Le Croissant de Lune - Livre 1 La Nouvelle Constellation [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant