Partie 52

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  Je tiens toujours mes promesses, et, dimanche dernier, j'ai promis au grand-père de mon meilleur ami de lui rendre visite. Ce matin,lorsque je me suis levée, ma tête tournait et mes genoux tremblaient. Avant d'entrer dans ma douche, je me suis demandée combien de chance j'avais de tomber et de me briser le crâne sur la faïence blanche. Finalement, me voilà, devant la porte de l'atelier du vieillard, et bien vivante, sans point de suture, ni pansements.

« Cet endroit doit rester secret, hein ! » m'avait-il dit avant d'ouvrir la porte. Je lui avait répondu d'un clin d'œil complice.

  Un petit nuage de poussière s'élève en suivant le mouvement de la porte. Une lumière jaune au plafond illumine avec mystère la table de travail. Un pot à crayon remplit d'outils et de pinceaux, des rubans adhésifs enroulés, des paquets de feuilles fines, épaisses,cartonnées, de toutes les couleurs, des morceaux de cuir et des décorations d'or et d'argent sont bien rangés. Une poubelle remplie à ras-bord de papiers découpés, de morceaux de cuir et de colle séchée. Des manuscrits dépouillés de leur couverture ou alors juste d'un battant de carton sont alignées en piles sur une étagère.Une paire de lunette de précision attend d'être portée pour soigner ces livres malades.

-  J'adore cette odeur.

-  Ahahah ! Moi aussi. Celle qui promet des voyages merveilleux dans des histoires originales et splendides de vie et de sentiments.

  Je lui sourit avec compréhension.

-  Veux tu que je te montre comment je fais ?

-  Oui, avec plaisir.

  Le vieil homme s'assoie sur sa chaise qui semble confortable et revête ses lunettes, je m'approche et observe ses gestes minutieux et sur d'eux. Pas un tremblements ne perturbe ses mains dans leur travail.La concentration se lit dans chacune de ces cellules. Il désosse le livre et gratte, brosse la colle séchée des pages et de la tranche.Après avoir coupé certaines ficelles qui reliait les pages puis après en voir remis des neuves, il découpe les nouvelles couvertures en carton et un revêtement de cuir. Il encolle le dos du livre et la couverture de carton. Arès le séchage il remet de la colle et assemble le livre.

-  Plus qu'a attendre que ça sèche ! S'exclame-t-il. Ça va prendre quelques jours, est-ce que tu aimerais une tasse du thé de ma chère Jeanne ?

-  Volontiers, Bernard, volontiers.

  Je suis le vieil homme jusqu'à la cuisine, à l'étage. Sa femme,toujours aussi belle avec ses rides de joie, nous attendait en brodant.

  Cette après-midi était passionnant, en plus de cela, je ne me sens pas particulièrement fatiguée, c'est vraiment très agréable, ça soulage de toute cette fatigue accumulée.


  La fatigue à repris ses attaques dès le lendemain matin ; jours après jours, son poids me devient de moins en moins supportable et gérable. Les pics de Nora et du professeur Rondomp me blessent plus que d'habitude, je m'énerve sans parvenir à l'extérioriser. Le point positif est donc que je leur donne l'impression d'une indifférence totale et réelle. Les gens me regardent bizarrement,j'ai des cernes violettes et mon visage blanc et blasé me rend fantomatique.

  Le cours terminé, les étudiants se lèvent en silence. Pour une raison qui m'échappe encore car ce n'est pas dû à ma fatigue, je mets plus de temps à ranger mes affaires. Till m'attend à la porte.

Il ne reste qu'une petite dizaine de personnes dans la salle quand je me retourne pour regarder le professeur. Je ne sais pas pourquoi non plus, mais j'avais besoin de voir son visage ; non pas que je l'affectionne particulièrement, mais il y a un détail qui a retenu mon attention.

Le Croissant de Lune - Livre 1 La Nouvelle Constellation [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant