Le Croissant de Lune - Livre 1 La Nouvelle Constellation [Terminé]

Partie 5

-  Je suis passé à la boutique de mon grand-père cette après-midi. Quand je suis arrivé la livraison avait déjà été rangée. Il était assis sur le canapé, un livre entre les mains. Je me suis assis à côté de lui, fâché et lui ai demandé pourquoi il ne m'avait pas attendu pour la ranger, il s'est alors mis à rire et m'a regardé les yeux brillants. Il marque une petite pause. Et il m'a dit que tu étais passée et que tu l'avais aidé. En voyant ma tête il s'est mis a rire de plus belle. Le garçon s'arrête net.

-  Tu rougissais ?

-  Euh. Oui, dit-il très gêné.

- Tu es empourpré, j'en déduit que tu as dû avoir la même réaction.

-  Nous nous sommes éloignés depuis si longtemps et tu me connais comme si nous ne nous étions jamais quittés. Son regard bleu topaze se plonge dans le mien.

-  J'ai un bon sens de déduction, c'est tout.

-  Je lui ai aussi demandé ce que tu était venue chercher ; juste par curiosité hein ! Il s'est tout de suite arrêté de rire, et m'a demandé de ne plus y penser ; il s'est remis à lire, la figure sévère. En revenant, j'ai eu dans l'espoir que toi, tu me répondrais

-  Ton grand-père à raison, tu ne devrais pas y prêter attention. Je le regarde, le visage de glace.

-  Vous me cachez des choses. Son visage doux se tire par la contrariété.

-  Ce n'est pas ce que tu crois.

-  Comment tu peux savoir ce que je crois ou non.

  Il tire sur un brin d'herbe et un cri strident se met à résonner puissamment dans mon crâne. Crispée de tout mon corps j'appuie fortement sur mes oreilles afin d'atténuer le cri. Il arrête de tirer sur le filament vert en s'inquiétant de me voir plié en deux.Il saisit mes poignets et me regarde droit dans les yeux.

-  Qu'est ce que tu as ? Désemparé, il se rapproche.

-  Ça vient de partir. Le cri arrêté, l'enlève mes mains de mes oreilles.

-  Qu'est ce qui vient de partir ?

-  Un hurlement aigu. Quelqu'un de normal aurait eu les tympans explosés !

-  Quelqu'un de normal ? Je peux t'assurer que tu es normal. Je le regarde avec désapprobation.

-  Tu ne me connaît pas, tu ne peux pas savoir.

-  Il y a un lien avec mon grand-père ?

-  Je n'en sais rien.

  Il me lâche et se redresse avant moi. Il m'aide à me relever.

  Dans ma chambre, je tâte la poche de mon pantalon. Il n'y a plus la sphère. J'ouvre le tiroir et m'empresse de saisir la boule de fumée opaque. Ses vibrations apaisantes me calment.

Plaqué contre ma cage thoracique, je serre le journal de ma mère aussi fort que je le peux, puis, je l'appelle dans un murmure.

"  Toi qui serait le signe qui me confirmerait que je ne suis pas folle, qui m'affirmerait que ce monde magique existe. Je te supplie d'apparaître. 

  Je suis perdue, on me parle de choses extraordinaires sans que je n'ai la certitude de leur existence. Je peux voler. J'entends le vent chanter et l'herbe crier. Alors si ce monde existe réellement je t'invoque, au nom de la fille de Mélusine Etoile.