Partie 24

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  Les cours terminés, je m'installe dans la bibliothèque. La lampe sur la table éclaire de sa douce lumière jaune, les pages de mon manuel de mathématiques.

-  Oh ! mais voilà la petite peste ! Nora et les sangsues s'assoient en face de moi.

-  Et elle étudie, comme une bonne petite fille. La voix grinçante de Victoria siffle dans mes oreilles.

-  Elle aura beau faire ce qu'elle veut, jamais elle ne sera ni intelligente, ni jolie. Nora ricane.

-  Tu devrais ouvrir ton esprit Nora. Elle ricane de nouveau à mes mots. Ce n'est pas une fracture du crâne tu sais, l'ouverture d'esprit, ce n'est qu'une élévation intellectuelle.

  Je continue de lire mon livre, elle s'arrête brusquement de rire, se lève et pose avec brutalité sa main sur les pages de papier.

-  Je ne te permets pas de me parler de cette manière sale petite peste ! Rugit-elle.

-  Je te le répète, car pour qu'une notion soit acquise chez les imbéciles, il faut la leur répéter de nombreuses fois : tu devrais ouvrir ton esprit, et l'ouverture d'esprit n'est pas une fracture du crâne.

-  Pour qui tu te prends ? La colère monte en elle, et ses joues rougissent. T'es personne alors arrête de te prendre pour une princesse ! Tu crois que tu es intelligente mais tu ne l'es pas ; tu crois que tu es aimées mais tu ne l'es pas non plus !

  Elle élève la voix, ce qui gêne Mademoiselle Romence qui lève les yeux de son roman.

-  Nous ne sommes pas amie Nora.

-  Non mais tu plaisantes, là ! Qu'est ce que tu crois, je ne passe mon temps avec des gens comme toi.

-  Des personnes comme moi ? Développe je t'en prie.

-  Des pestes qui se croient tout permis par ce qu'elles sont ''intelligentes'' alors qu'en réalité elles ne font preuve de rien du tout. Des personnes qui se prennent pour des reines, et qui croient qu'elles vont pouvoir renverser les autres. Mais je t'en prie, tu es ridicule, quoi que tu fasses, quoi que tu penses, de qui que tu t'entoures tu ne fera rien de ta misérable vie !

  Mademoiselle Romence commence sérieusement à perdre patience, nous sommes dans une bibliothèque, et le silence est d'or.

-  C'est toi qui est d'une bêtise sans fond. Je reste calme, elle me fait rire plus qu'autre chose ; elle est rouge cramoisi. Tu dis que tu ne passes pas tout ton temps avec des personnes comme moi, mais puis-je te rappeler à qui tu t'en prends depuis le début de l'année ? Qui te fait peur à ce point ? Hein ? Qui te fait bouger de ton pied d'éstale, sans même t'effleurer ? Tu es instable, tu es faible, bien plus faible que moi. Et tu crois que tu vas réussir à me détruire ? Non, je suis solide, plus que tu ne le seras jamais. Et je vais continuer ; continuer à m'endurcir. Je vais grandir, je serai si haut que je ne verrais bientôt plus jamais ta tête de gamine capricieuse. Alors, je t'en prie, continue à manipuler ceux qui t'entourent, brise leurs rêves, crache sur leurs capacités, détruit leurs personnes, mais saches que jamais tu ne parviendras à me briser, jamais tu m'entends ! J'en ai connu des filles comme toi, des donzelles stupides qui passent leur vie à magnifier leur beauté extérieure, mais elles ont tendance à oublier le plus important : l'intérieur. Là où c'est pourri, pourri jusqu'à l'os ; mais je te le dis, en toute sympathie, l'intérieur finit toujours par ressortir, tu m'entends ? Toujours ! Rugis-je à mon tour.

-  Ah ! tu ne perds rien pour attendre toi !

  Elle hausse tant la voix, que mademoiselle Romence sort de ses gonds et se lève avec rapidité. D'un pas léger elle s'avance, sa longue jupe qui vole au rythme de son pas.

Le Croissant de Lune - Livre 1 La Nouvelle Constellation [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant