Étape 51 : Le Bastion du Savoir

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          La route en terre sur lequel évoluait le groupe ne cessait pas de s'étendre et s'incliner. Voilà bien une heure qu'ils cheminaient dessus et la pente croissait à chaque pas. Fael et Sana, habituées à ce genre d'exercice menaient, mais toutes les autres personnes avec elles traînaient de plus en plus. Particulièrement les deux apprentis mages et Nexrim qui portait Aela, bien qu'elle ait essayé de l'en dissuader.

– On arrive quand ? se plaignit Yvain pour la centième fois.

          Personne ne daigna lui répondre. La majorité se concentrait sur sa respiration et l'autre sur le chemin. Au second embranchement, l'absence de panneau dérouta Fael et Sana qui se tournèrent vers l'arrière pour fixer Meregrin.

– Connaissez-vous la route, Maître Nain ? demanda l'elfe avec obligeance.

          Depuis leur rencontre, leur rapport avait bien évolué. S'ils restaient froids l'un envers l'autre, un accord tacite de cordialité et de politesse régnait à présent.

– À droite, je sens de la pierre travaillée non loin...

          Fael approuva en silence et entraîna le groupe encore plus vers les hauteurs. Depuis leur sortie du souterrain d'A'Shen'Kra, ils marchaient depuis une bonne journée et le soleil déclinait à l'horizon lorsqu'ils arrivèrent en vue d'une montagne sculpté afin d'abriter un bâtiment immense. Véritable forteresse dans le style nain, son entrée grandiose en pierre taillée relevait de l'unique élément travaillé sur la façade. Ils s'arrêtèrent tous pour mieux contempler cet endroit dissimulé aux yeux du monde.

– Le Bastion du Savoir... C'est une blague, hein ? marmonna Sheer, visiblement mal à l'aise.
– Tu rigoles ? Ils ont peut-être des livres précieux sur la magie temporelle ! s'extasiait un Huren surexcité.
– Du calme, les gosses ! On n'entre pas dans une forteresse naine sans l'accord du propriétaire, grommela Meregrin.
– Il a raison, essayons d'être reçus, déjà, acheva Sana.

          Cette dernière se rapprocha de la porte sculptée qui la surplombait. La pensée éphémère que même un Norvan pourrait pénétrer sans avoir à baisser la tête la fit frissonner malgré elle. Sharm à ses côtés paraissait aussi calme que l'eau d'un lac, ce qui la rassura quelque peu.

– He ho ! Y'a quelqu'un ? cria-t-elle d'une voix forte.

          Seul un petit vent aigre descendu des cimes lui répondit. Meregrin poussa un lourd soupir avant de se rapprocher à son tour pour examiner la porte dans un silence absolu. Lorsqu'il se redressa, ce fut pour hocher la tête négativement.

– C'est une très vieille bâtisse naine... Elle ne s'ouvrira ni via mot magique, ni par clair de lune, ni par incantation quelconque...
– Aela, essayons ton médaillon, déclara Nexrim.

          Avec délicatesse, il aida Aela à descendre de son dos puis se rapprocha avec elle des immenses blocs de pierre qui verrouillaient l'entrée. Là, la jeune fille détacha le bijou offert par Pandrose, la prêtresse du Savoir et chercha un emplacement susceptible de représenter une serrure. Meregrin qui les observait avec curiosité comprit rapidement et leur indiqua une fine entaille dans la rainure de la porte.

– Insérez-le ici.

          Elle hocha la tête et fit glisser le médaillon avec délicatesse entre les deux blocs massifs. Un léger déclic confirma qu'ils avaient trouvé la solution avant qu'un lourd bruit de rouage ne vînt le remplacer. Les dalles de pierre grincèrent sur elles-mêmes et de la poussière chuta sur les visiteurs.

– Reculez !

          Le nain leur fit de grands gestes impérieux et tout le groupe prit de la distance avec la porte. Cette dernière vibra plus fort lorsque la puissance de son mécanisme la força à s'ouvrir. Durant une bonne minute, toute la montagne résonna du frottement des lourdes pierres sur le sol. Meregrin semblait être le seul à observer tout cela d'un œil humide.

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