Étape 84 : Ancien monde, Nouveaux Dieux

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          Un souffle léger s'échappa de la cosmothèque, se renforça à travers le long couloir en verre et s'emplit encore à son arrivée sous la tour au centre du palais de cristal. Toute la construction se mit alors à briller de mille feux : l'Idélis, la « gemme-fleur-de-magie » qui permettait de connaître l'état de santé de la magie en Valdoria se transformait en une étoile étincelante...

          Dans le ciel, assez loin de l'Île de Verre, les pirates de Sinégale continuaient d'observer, de loin. Ils virent d'abord s'enfuir un dragon rouge qui passa assez proche d'eux pour qu'ils puissent percevoir également les éclairs qui zébraient tout son corps. Une puissante détonation, ainsi qu'un vortex de magie plus tard et il disparaissait... La seconde d'après, tous les regards retournaient vers le palais scintillant, car de l'édifice central, aussi haut qu'une montagne, une forte lumière grandissait à vue d'œil. Ce qu'ils prenaient tous pour un joli joyau coloré qui flottait au milieu de colonnes enrubannées devint un véritable soleil. Dès son apparition, sans en comprendre trop la raison, ils se sentirent soulagés d'un poids immense ; comme s'ils perdaient une chape de plomb de leurs épaules.

– Capitaine ! Est-ce que cela signifie qu'ils ont réussi ? s'enthousiasmèrent quelques matelots.

          Le visage sombre, Elga Tonnefoudre devait bien être la seule à ne pas arborer un air extatique sur son visage. Mais aucun autre n'était lié à Pelthiar, sinon elle... La main sur la garde de son sabre, elle fixait l'horizon et ce point brillant surtout pour oublier son cœur déchiré en deux.

« Mon amie, j'ai trouvé mon combat et ma raison d'être. Pardonne-moi de ne pas pouvoir venir te revoir une dernière fois. Mon compagnon veillera sur Sinégale à ma place, désormais. À travers lui, je serai toujours à tes côtés, Elga. Et si je renais, je prie pour être ton enfant. »

          Les dernières paroles de son dragon, avant la rupture définitive de leur lien, tournoyaient dans sa tête.

– Capitaine ? Vous allez bien ? s'inquiéta soudain Orik.

          Les yeux sombres de sa supérieure se fixèrent dans les siens, farouches. Il comprit immédiatement de quoi il en retournait : seul le dragon de cette femme forte et brave pouvait la réduire à l'état de petite fille triste et malheureuse.

– Appareillez ! Cap à l'Est ! Tous les sorts de défense actifs ! Nous partons rapidement de là ! Personne ne devra se reposer avant notre arrivée !

          Dès que sa voix de stentor brisa l'air, tous les matelots quittèrent leurs postes d'observation afin d'obéir sans rechigner. Aucun n'oserait poser de question. Si la capitaine ordonnait de partir, ils s'en iraient.

          L'expression brisée d'Elga échappa donc à tout le monde, sauf Orik, alors qu'elle lançait un dernier regard déchiré vers l'immense palais de glace...

          Ofelia et Huren, planqués derrière la porte de la cosmothèque, n'avaient eu que le temps de se rabattre contre les baies vitrées lors du passage du dragon rouge au corps zébré d'éclairs

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          Ofelia et Huren, planqués derrière la porte de la cosmothèque, n'avaient eu que le temps de se rabattre contre les baies vitrées lors du passage du dragon rouge au corps zébré d'éclairs. Le léger cri de la silf, lorsqu'il détruisit les parois en verre, s'estompa juste après en un « oh ! » d'étonnement : un souffle de magie rattrapa tous les morceaux afin de les recoller ensemble avant de bifurquer pour mieux disparaître vers le centre du palais. Les deux individus, incrédules, échangèrent un regard aussi perplexe qu'émerveillé, avant d'oser s'aventurer à l'intérieur de l'immense salle face à eux.

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