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Mon radio réveil s'enclenche, me tirant brutalement du sommeil profond et sans rêve dans lequel j'étais plongée.

Je grogne doucement et me frotte les yeux. L'alarme stridente résonne dans la chambre tandis que je sors à contrecoeur de mon lit douillet.

J'enlève le grand t-shirt que j'utilise pour dormir et fonce me doucher.

Il est 6h15 du matin et je suis attendue en réunion à 8h30. J'ai le temps de me laver les cheveux alors je m'attèle à cette tâche. Sous l'eau chaude et apaisante, je récite intérieurement mon emploi du temps de la journée. Bien entendu, c'est cette fichue réunion qui me préoccupe; en effet, je vais rencontrer plusieurs PDG de grosses entreprises semblables à la mienne, dans le cadre d'un investissement commun en Afrique.

Ce n'est pas un projet qui me tient particulièrement à cœur, bien que d'y participer augmentera la renommée de ma boite (ce dont je n'ai pas vraiment besoin car elle est déjà étendue à l'échelle mondiale). Mais puisque mon bras droit, Steven Cold, me supplie de m'y rendre depuis plusieurs mois, je vais y aller -par pitié pour lui.

Je sors de la douche et me sèche distraitement les cheveux. Ce que je n'aime pas, dans ce genre de conférence, c'est le fait d'être toujours bien plus jeune que les autres intervenants. Être une femme, avoir 23 ans et être dans les affaires n'est pas toujours facile à vivre, surtout lors de ce genre d'événements où je ne suis entourée que de vieux fripés et imposants.

Être milliardaire, en revanche, cela aide. Cette fortune, je l'ai acquise en développant l'entreprise de mon père à sa mort, lorsque j'avais 19 ans. Je sortais tout juste de Harvard à l'époque.

J'entre dans mon énorme dressing et attrape une robe tailleur bleue marine. Je me saisie ensuite un assortiment de sous-vêtement en dentelle noirs ainsi que des collants . J'enfile le tout et m'empare d'une paire d'escarpins bleus haut d'une dizaine de centimètres.

Par dessus mes vêtements, je mets un manteau long, puis file me maquiller et me coiffer. Mes longs et épais cheveux châtains foncés m'arrivent au milieu du dos. Je les rangent en un élégant chignon décoiffé, souligne mes yeux d'un trait de colt et colore mes lèvres d'un rouge très mat.

Mes ongles sont parfaitement manucurés de la même couleur. Je sais que pomponnée ainsi, je vais faire sensation et c'est le but. Je vais devoir m'imposer pour pouvoir en placer une, pendant la conférence.

J'attrape mon sac, fourre mon ordinateur dernière technologie dedans puis le pose sur mon épaule. C'est un Louis Vuitton en cuir marron de style vintage avec une anse si large qu'elle pend le long de ma cuisse.

Lorsque je passe dans mon salon disproportionné (tout le côté droit est constitué de baies vitrées), madame Stailer, ma gouvernante, m'interpelle ;

-Mademoiselle Grey ? Vous ne mangez pas ?

Je lui adresse un sourire rassurant et lui réponds :

-Non, Abigail. Je mangerai après ma réunion.

Je tourne sur moi-même puis demande :

-Suis-je assez intimidante ?

Un sourire maternel s'épanouit sur le visage de la femme ronde et voluptueuse.

-Bien sûr, madame. Vous êtes très élégante.

Je hoche la tête, lui souris et file. Je vais finir par être en retard. J'habite dans l'Upper East Side, le quartier le plus huppé de Manhattan et je dois me rendre dans le Financial District, à l'autre bout de la ville.

Il est 7h47.

Ros, mon garde du corps, hoche la tête dans ma direction lorsqu'il m'aperçoit et murmure un "Madame" respectueux.

L'ascenseur s'ouvre et il me fait un geste en l'indiquant.

-Après vous, madame.

Nous descendons tous deux aux sous-sols, dans le silence le plus total.

-Ros ?

Le grand homme aux cheveux bruns coupés en brosse se tourne vers moi.

-Oui, madame ?

- McLaren ou Ferrari ?

Il réfléchit quelques instants.

-McLaren, dit-il finalement catégorique. La rouge et noir.

Je souris.

-Oui. Elle est élégante, c'est approprié.

L'ascenseur termine sa descente et s'arrête. Les portes s'ouvrent sur une large pièce en béton. Mon garage privé. Une vingtaine de voitures de luxe sont entreposées ici, certaines sous des bâches, d'autres non.

Ros s'avance vers le siège conducteur du véhicule choisi mais je l'arrête aussitôt.

-Donnez moi les clés, Ros. Je veux conduire.

-Bien sûr.

Il me les lance et je les attrape au vol. Je me glisse derrière le siège conducteur puis glousse. Mmmm... conduire un bolide en talon aiguille, voilà qui est très excitant.

Néanmoins, lorsqu'il s'installe à mon côté, je me suis recomposée un visage. Je fais vombrir le moteur et sors en trombe du garage.

Beaucoup pensent que les voitures sont les jouets des hommes.

Mais moi, j'adore ça.

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Que va t'il se passer, à cette réunion ? Qui va t'elle rencontrer ?
Avis en comms 😉😉

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