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Lorsque il dort, Peter a un air paisible.

La pression se relâche, et son visage se détend.

C'est vrai que, lui aussi, il est PDG.

Il est si beau que c'est éblouissant.

Et ses yeux, mon dieu, ses yeux, on dirait deux lacs immenses, limpides, cristallins et purs. Je pourrai m'y perdre des jours entiers.

Je me rends alors compte que je ne sais rien de lui.

Tout comme lui ne connais rien de moi.

Je n'ai aucune idée de ce qu'il a vécu dans le passé, de quels sont ses projets d'avenir.

C'est étrange ; j'ai vécu ce dernier mois comme dans un rêve, au jour le jour.

Moi qui ai passé ma vie à tout faire à desseins...

Ce côté de ma personnalité, je l'ai échopper de mon père.

Les gens normaux vivent leur vie en quatre phases :

La petite enfance, l'enfance, l'adolescence, et la maturité.

Dans la mienne, il n'y en a eu que deux ; la petite enfance, et la maturité.

J'ai appris à lire à trois ans, à parler français et espagnol à cinq, et à jouer du piano et du violon à six.

À neuf ans, j'entrais dans le collège le plus prestigieux de Boston, et à onze, j'en sortais. Mon lycée n'a duré qu'un ans. J'ai d'abord suivit un cursus à Yale, pendant deux, puis je suis entré à Harvard. J'y ai passé cinq ans, avant d'en sortir et de succéder à mon père au post de PDG de la Grey T.D Company.

J'ai comme l'impression de me rattraper maintenant : je vis enfin une période insouciante.

Soudain, une sonnerie stridente retenti. Elle me tire brutalement de ma rêverie, et sort Peter de sa somnolence.

Il me jette un coup d'œil, désorienté, avant de m'informer, d'une voix rocailleuse :

-Il faut que je réponde, c'est ma mère.

Oh, sa mère ! Tiens, j'aimerai bien la rencontrer, cela me permettrai d'en savoir plus sur Peter.

Il s'empare du téléphone tandis que je m'écarte un peu du lit, pour lui laisser un peu d'intimité.

Je saisie mon propre portable, tandis qu'il décroche.

-Maman, marmonne t'il, l'air grognon. Non non, maman, je sais...

Je ne peux m'empêcher de tendre l'oreille.

-Eh, je n'ai plus seize ans, je sais ! Oui maman.

Il prend une voix penaude, presque soumise.

Je ne peux m'empêcher de pouffer.

Qui aurai cru que le grand Peter Clarke, PDG d'une des plus grandes boîtes en informatique du pays, serai un fils à maman ?

Il ne remarque pas mon hilarité, mais je m'exil tout de même dans la salle de bain, au cas où.

Aussitôt, le fou rire me tord les tripes. Une fois remise, je prête de nouveau attention à la conversation téléphonique qui se déroule dans la pièce d'à côté.

-Je n'ai pas oublié... Maman...

Cette fois, sa voix se fait gênée. Il soupire.

-Bisous, à ce soir... Moi aussi...

Only You Où les histoires vivent. Découvrez maintenant