Only You

•4•

N'y tenant plus, je m'empare de me téléphone, posé sur mon bureau.

Depuis de matin, je tourne comme un lion en cage, enfermée au 72ème étage de la Grey T.D Company, dans les 130 mètres carrés que font mon bureau.

Je compose un numéro.

-Katherina !, dit une voix rieuse et surprise, depuis l'autre bout du fil. Tu es malade ? Tu ne m'appelle jamais en journée !

J'éclate de rire.

C'est pour ça que je l'adore.
Elle sait me redonner le sourire.

- America, il faut absolument qu je te raconte !

- Ah bon ? Quoi ? Attends, ne dit rien, je suis tout près, j'arrive.

L'impatience s'insinue en moi. J'ai hâte qu'elle soit là. C'est un tel scoop !

-Ok. Dépêche !

Je raccroche, m'approche de la baie vitrée et observe les gens qui se pressent, 72 étages plus bas.

Ma conscience et mon égo, toujours en étroite collaboration, me réprimandent :

Mon dieu, mais c'est de pire en pire, Katherina ! Maintenant, on dirait une ado !

Une petite demie heure plus tard, Amercia, ma meilleure amie, débarque en trombe dans la pièce.

-Alors ?! Que se passe-t-il ?

Elle retire ses escarpins noirs, les envoyant valser dans un coin d'un coup de pied, et se jette sur le canapé d'angle qui meuble mon lieu de travail.

Elle est magnifique, comme toujours. Vêtue d'un jean bleu troué sur des bas résilles noirs, ainsi qu'un t-shirt rouge et d'une veste en jean. Le tout lui sied à merveille.

-Hum... Et bien...

Je m'arrête et vais m'installer sur un fauteuil, les jambes passées par dessus un accoudoir, le dos contre l'autre.

Je fais exprès de faire durer le suspens, pour la faire mariner.

-Kat?! Alors ?!

Je saisie mon ordinateur sans un mot, en lui adressant un petit sourire mystérieux.

Je tape « Clarke » dans le moteur de recherche, puis clique sur une photo de lui, pour qu'elle s'affiche en plein écran.

Je tourne l'ordinateur vers elle. -Ceci est la raison de mon S.O.S.

Elle manque de s'étrangler, écarquille les yeux comme des soucoupes, puis m'arrache presque l'appareil des mains.

-Waouh ! Putain, il est beau !

Je la vois pianoter sur le clavier.

Je grimace.

— Tu parles ! Je me suis retrouvée coincée avec lui pendant 32 étages !

Un gloussement lui échappe.

— Ahhh... qu'est-ce qu'il s'est passé ? C'était quand ?

Elle me regarde comme si j'étais une créature de zoo.
En effe, cela doit être tellement étrange de m'entendre moi, parler d'un garçon.

-Ce matin. J'avais une réunion avec quelques autres PDG, dont lui. Il était assis en face de moi.

- Et ?

Je fronce les sourcils à l'évocation de ce souvenir.
America, elle, semble trouver ça drôle. En vérité, elle est morte de rire.

-Il n'a quand même pas osé faire une réflexion à la grande et impitoyable Katherina Grey !