Chapitre 19 : La lumière dans ses yeux

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L'horizon était calme et apaisant

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L'horizon était calme et apaisant. Les rayons de la pleine lune tamisaient le jardin. Pas une brise de vent ne venait perturber l'atmosphère reposante. De légers bruits de hiboux s'étouffaient dans la pénombre. Toutefois, Jakob ne les perçut pas. Des cris en continuent perçaient la nuit, le faisant frémir. Il serra les poings en sachant d'où ils proviennent. Il tenta de continuer à fixer l'astre lunaire en espérant pouvoir calmer son impatience et ses nerfs à fleur de peau. En vain. L'islandais se redressa subitement, faisant les 100 pas.

Dans l'encadrement de la porte, Harold observait son ami. Les choses étaient dures pour lui en cette nuit spéciale du mois d'avril 1935. Cependant, il avait conscience qu'il se sentait tout aussi impuissant face aux cris de douleur d'Elizabeth. Astrid apparut aux côtés de l'ouvrier. Harold tourna son regard vers elle. Ils se sourirent, comme pour s'encourager. Chacun attendait avec impatience que ce mauvais moment se termine.

Dans la maison, Anne s'activait, courant dans tous les sens. De l'eau bouillait sur la gazinière de la cuisine, tandis qu'elle empilait des draps. En voyant, l'eau qui commençait à s'échapper de la grande casserole, elle coupa le gaz d'un geste vif. La cadette de la fratrie était désormais âgée de 15 ans. Elle se sentait capable de pouvoir aider sa sœur durant ce triste instant à passer. Malgré sa maladresse, elle réussit à remplir la bassine. Elle déposa le récipient sur le tas de linge propre. L'adolescente voyait à peine ses pieds. Elle manqua à plusieurs reprises de laisser tout tomber. Elle se pinça la lèvre inférieure pour garder sa concentration. Elle ne devait pas faiblir, pas maintenant. D'un coup de coude, elle fit ouvrir la porte de la chambre de son aînée.

Les hurlements remplissaient la pièce. Le visage d'Elizabeth dégoulinait de sueur. Elle tentait de prendre une respiration régulière, mais ce fut peine perdue. La douleur la tiraillait de toute part, tirant ses muscles, la faisant grimacer. Elle s'agrippait à son ventre rond comme pour supplier l'enfant de la délivrer de ce martyre. Anne se mit à réfléchir s'il n'était pas plutôt préférable que l'accouchement est lieu à l'hôpital. Elle aurait fait des économies s'il le fallait. Tout ce qu'elle souhaitait, c'était que sa sœur n'ait pas à autant souffrir.

Toutefois, cela n'était pas une si bonne idée. L'hôpital n'était qu'au balbutiement des maternités et les conditions y étaient encore très précaires. L'enfant n'a pas de prix, il est précieux pour la population française, plus précieux qu'une mère à l'agonie. Une fois à l'intérieur tout n'y était pas rose. Elles étaient systématiquement déshabillées, lavées et rasées, par crainte de la vermine et des poux : "les gens sont sales", disait le personnel hospitalier. L'accouchement se déroulait souvent dans une totale solitude, car tous les étrangers au service étaient systématiquement refoulés au nom des règles de l'hygiène. La femme restait seule avec son angoisse et sa douleur.

De plus, même si Elizabeth l'a voulu, elle n'a pu payer les frais d'une hospitalisation. Pour stimuler la natalité, l'État avait créé une loi appelant à aider les salariées sur le point d'être mère qui est moins payée : elles avaient droit à une prise en charge forfaitaire des frais d'accouchement, au versement pendant douze semaines d'une indemnité égale à la moitié du salaire et à des allocations mensuelles d'halètement.

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