Chapitre 4 : froufrou, paillette et Cancan

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Harold écrasait une énième cigarette

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Harold écrasait une énième cigarette. Ces deux amis s'extasiaient devant la devanture du plus grand cabaret parisien. Leurs comportements puérils firent lever les yeux aux ciels de l'ouvrier. Il replaça son masque sur son nez. Mais son geste fut coupé par une jeune personne qui vient de le bousculer. Il se retourna, prêt à en découdre. Pourtant, il se ravisa en reconnaissant la jeune fille. Un demi-sourire prit place sur ses lèvres, contaminé par celui affiché sur le visage de son interlocutrice. Elle riait à gorge déployée et s'était cramponnée à son bras pour se donner une meilleure allure.

- Vous ne comptiez pas faire votre entrée sans moi ?

- Non, pas du tout Odette.

La jeune fille, du même âge qu'Harold, gloussa. Son jeune cavalier lui proposa son bras afin d'imiter les couples de la haute société. La dénommée Odette ce pli au jeu avec excitation. Elle aimait les défis et le goût du risque. Faire irruption incognito dans cet illustre bâtiment en faisait partie. Sa condition de fille de joie, vivant en maison close, ne lui permettrait pas de franchir le seuil de l'entrée. Cependant, le masque changeait tout. Elle pouvait prétendre être quelqu'un d'autre, dansé avec qui elle le souhaitait sans que personne ne devine la vérité.

Odette était une extravagante. Elle usait de colorations chimiques de façon courante. Sa favorite ? Le blond platine afin de ressembler aux stars de cinéma de l'époque. Ses tenues plus élégantes les unes que les autres étaient habituellement agrémentées de chapeau et autres accessoires en plume. Mis de côté sa condition, on la surnommer « la fée » grâce à son talent de couturière. Elle était réputée parmi les pauvres. La jeune fille donnée de son temps afin de raccommoder et créer leurs vêtements pour quelques pièces. Ce furent son tempérament généreux et son énergie débordante qui plut à Harold.

Elle fut l'unique femme dans son entourage à ne pas avoir succombé à ses avances. Ce n'était pas faute d'avoir essayé. Après tout, le jour de leur rencontre, l'ouvrier avait franchi la porte de la maison close dans l'espoir de satisfaire son besoin de chaleur humaine. Il s'était tourné vers elle. Mais une fois entre les quatre murs de la chambre, plutôt que de se laisser succomber aux désirs, ils avaient passé la nuit à discuter et faire connaissance tels de simples amis. C'était ce qu'ils étaient devenus.

- Oh, j'oubliai, merci pour ses tenues !

- Ce n'est rien ! Tu me connais, je suis toujours partante pour ce genre de chose !

Les prunelles d'une étrange couleur violette de la jeune fille scrutaient avec émerveillement les couloirs sous son masque aux multiples couleurs. Tapissés d'un rouge bordeaux, les murs étaient décorés d'innombrables peintures, relatant la popularité du lieu depuis son inauguration en 1889. Ses talons martelaient les longs tapis rouges recouvrant les escaliers et le tissu vert pomme de sa robe décolletée en « V » traînait derrière elle. Une ceinture jaunâtre marquait sa taille alors qu'un ruban bleu entoure son crâne, surélevé par une plume mauve sur le côté gauche. Un long collier de perle blanche ornait son cou.

La Force de t'aimerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant