1943.
- Elsa' ? Tu as une minute ?
Timidement, Anne se glissa dans le bureau de son aînée. Depuis leur arrivée en Angleterre, elle passait son temps entre ses quatre murs, pencher sur des photos, des lettres, des papiers. Elizabeth s'y penchait dedans, les relisant, des milliers de fois. De temps en temps, elle se perdait dans ses souvenirs en fixant le cadre photo où pose l'image de son mariage avec Jakob. Cela allait faire 9 ans que ce jour avait eu lieu. Anne se souvint encore du bonheur sur le visage de son aînée. Un bonheur qui n'avait fait que grandir avec l'arrivée de leurs deux enfants. Cependant, tout a disparu depuis son départ. Anne ne l'a plus jamais vu sourire.
Dans le fond, elle avait conscience qu'elle avait besoin d'elle. Elsa' avait besoin de se sentir épaulée et entourée, malgré son comportement renfermé. Cependant, elle ne pouvait aller contre son propre bonheur. Cela faisait un an qu'ils étaient arrivés sur les côtes britanniques, dans les terres campagnardes à l'abri des bombes. La jeune femme s'était fiancée à Christophe, se promettant de se marier à la fin de la guerre. Jour après jour, son envie de vivre leur propre vie la tiraillait.
Elle savait que son futur époux désire avoir une indépendance. Ils aspiraient à fonder leur propre famille, réaliser leur propre rêve. Mais Anne ne pouvait se résoudre à laisser sa sœur, reculant l'échéance de lui faire part de ses projets. Son cœur se serrait entre les deux personnes qui lui sont le plus chères. D'autant que Christophe avait de plus en plus de mal à supporter le comportement d'Elizabeth. Il voulait tourner la triste page du souvenir de son ami disparu. Mais il ne le pouvait jamais avec la présence de cette jeune mère qui n'arrive pas à oublier son défunt mari.
La corde au cou, Anne devait se décider. Elle se remémora le discours qu'elle s'était forgé dans son esprit, soignant le moindre mot pour ne pas la blesser. Mais lorsqu'elle referma la porte du bureau derrière elle et fit face à la silhouette de son aînée, les mots se perdirent dans le fond de sa gorge. Elizabeth leva à peine les yeux de ses papiers. Anne déglutit avant de se décider à ouvrir la bouche.
- Elsa', j'aimerais te faire part d'une décision importante.
- Laquelle ? soupira-t-elle.
- Avec Christophe, nous avons décidé d'emménager dans notre propre chez nous.
- Quoi ? Mais vous êtes ici chez vous ? questionna-t-elle sans comprendre.
- On en a conscience. Mais, tu comprends, on aimerait avoir notre propre chez nous afin de fonder notre famille, réaliser nos projets, vivre ensemble. Comme toi, tu l'as fait avec Jakob.
- Je vois. Anne, tu n'es pas obligée de prendre des pincettes avec moi.
- De quoi parles-tu ?
- Je sais que Christophe ne me supporte pas parce que j'évoque sans cesse le souvenir de Jack'.
- Oh Elsa' ! Je t'assure que ce n'est pas la raison principale.
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La Force de t'aimer
Fanfiction1932, Paris. Dans une atmosphère d'euphorie, de plaisirs et d'inégalités sociales, les rues de Paris sont marquées par une aspiration nouvelle à la liberté et une crise économique qui entraîne la France dans l'instabilité. C'est à cette époque que...