Anne avait les bras chargés des derniers dossiers médicaux. Elle les lâcha sur le bureau de sa supérieure, éclairé d'une simple lanterne. Elle passa une main sur son front, transpirant à cause des efforts de la journée. Elle observa la silhouette de madame Blanche, dos à elle. Elle tentait de faire du tri dans ses tiroirs remplis des dossiers des innombrables patients qui étaient passés entre ses mains pour être soignés. Puis, un cri d'un des malades la fit sursauter.
- Termine le travail des dossiers ! Se tourna-t-elle vers Anne, elle poursuit en partant. Je vais voir ce qu'il veut.
- Bien sûr.
Anne regarda sa supérieure s'éloigner vers le lit de Christophe. Ce dernier lui adressa un rapide et discret clin d'œil. Il avait agi volontairement pour qu'Anne se retrouve seule dans le bureau. Bien que la jeune fille ne veuille pas l'impliquer dans ses recherches, il avait tenu à exécuter ce plan. La cadette Darendelle avait quelques minutes devant elle. Elle ne perdit pas de temps et chercha ce qui l'intéresse. Les dossiers étaient triés par nom de famille. Elle s'arrêta volontairement à la lettre « N » pour Noelson. Le cœur battant, elle lit chacun des noms sans trouver celui qu'elle cherche. Anne referma le tiroir, frustré.
Elle se tourna vers le bureau. Un dossier épais trônait à côté du téléphone. Une croix chrétienne était dessinée dessus. La jeune femme déglutit. Ce dossier répertoriait le nom des patients ayant succombé à leurs blessures, autrement dit, les morts. Les doigts tremblants, elle l'ouvrit après avoir jeté un coup d'œil vers la porte. Madame Blanche ne revenait pas encore. Elle commença à lire les noms commençant par « N ». Un soupire de soulagement passé ses lèvres.
Il n'y figurait pas non plus. Des bruits de pas gâchèrent son moment de joie. Elle ferma promptement le dossier qu'elle vient d'ouvrir. Elle empoigna ceux qu'elle devait ranger. Elle tenta de prendre une posture naturelle. Puis, ses prunelles se posèrent sur une pile de lettres déposée la surface en bois d'une commode. Elles étaient entassées dans une boîte étiquetée : « À envoyer ». Mais ses iris émeraude furent intrigué par le nom et l'adresse inscrite sur la lettre au sommet : « Mme Elizabeth Noelson 17 rue de l'Abreuvoir 75000 Paris (18e Arrondissement) ».
Anne écarquilla les yeux en reconnaissant le nom de sa sœur aînée. Sans réfléchir, elle empoigna l'enveloppe et la cacha dans la poche de son tablier sous le son des souliers de Mme Blanche. Elle se retourna vers la porte du bureau par où sa supérieure réapparaît.
- Tu n'as pas encore fini ?
- Heu, je ne suis pas très doué en ordre alphabétique. Sourit-elle bêtement.
- Oh ! Anne, tu ne serais jamais faite pour les métiers à hautes responsabilités.
- Sûrement ! Se moqua-t-elle d'elle-même.
Anne laissa sa supérieure se charger de sa tâche. Contrairement à ce que madame Blanche pouvait penser, Anne effectuait déjà un métier à responsabilité. Elle avait des vies entre ses mains. Sur la pointe des pieds, la cadette Darendelle retrouva son complice.
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La Force de t'aimer
Fanfiction1932, Paris. Dans une atmosphère d'euphorie, de plaisirs et d'inégalités sociales, les rues de Paris sont marquées par une aspiration nouvelle à la liberté et une crise économique qui entraîne la France dans l'instabilité. C'est à cette époque que...