Chapitre 29 : Gardien

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Les tonalités allemandes remplissaient l'appartement bourgeois

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Les tonalités allemandes remplissaient l'appartement bourgeois. Alice soupirait, frustrée de ne rien comprendre. Sa tutrice s'évertuait à faire la conversation avec leur nouveau pensionnaire. La jeune fille n'était pas idiote. Elle savait que sous son sourire, Gothel cherchait par l'intermédiaire du soldat à se rapprocher du gouvernement germanique dont elle partage les idées. La jolie blonde accéléra le pas pour regagner sa chambre en levant les yeux aux ciels. Une fois entre ses quatre murs d'intimité, elle se massa les tempes. Entendre une autre langue dont elle ne comprend pas le moindre mot lui donnait la migraine.

Alice se laissa tomber sur le tabouret de sa coiffeuse. La cohabitation était difficile. Personne ne pouvait le nier, surtout pas elle. Cela faisait à peine deux mois qu'elle croisait à longueur de journée l'officier Fitzherbert. Il était un personnage rustre et froid qui ne donne pas envie de faire la conversation. Mais la jeune fille était bien contrainte de reconnaître que son côté mystérieux attiser sa curiosité. Elle soupira à nouveau, perdue dans ses pensées.

Elle déposa ses joues entre ses mains et ses coudes sur le rebord de la coiffeuse. Ce fut à ce moment que Pascal toqua et fit son apparition dans la chambre. Il portait une pile de draps propre où entre eux, il avait déposé les vêtements de sortie de la demoiselle. Sachant ce que signifiait sa venue, Alice se redressa pour le rejoindre et prendre possession de ses biens.

- Personne ne t'a vu ?

- Ils étaient bien trop occupés à faire la conversation.

- J'ai donc la voie qui est libre.

- Tout à fait... Mais vous devez faire attention.

- Pourquoi ?

- J'ai cru comprendre que notre soldat prévoyait une sortie avec certains de ses homologues. Je n'ai aucune idée de la destination. Mais au risque que vous le croisiez sur votre route, faites attention à vous !

- Ne t'inquiète pas pour moi Pascal ! Je suis une grande fille !

Son sourire ne détendit que légèrement le major d'homme. Alice pouvait paraître encore innocente et naïve. Toutefois, il savait qu'elle ne louperait pour rien au monde une seule de ses représentations. Elle attendait impatiemment la fin de journée pour goûter à son soupçon de liberté interdit.

Qui serait-il pour le lui en priver ? Il l'aida à passer par la rambarde de la fenêtre et maintien la corde, qui faisait glisser le corps frêle de la jeune femme. Une fois au sol, elle leva les yeux vers son compère de toujours pour lui adresser son plus beau sourire. Il accepta son signe de reconnaissance, qu'il lui rendit, avant de la voir détaler tel un lapin cherchant à regagner son terrier.

La jeune danseuse courait dans la nuit, oubliant déjà les avertissements de son protecteur. Elle avait empoigné ses talons afin d'accélérer le pas jusqu'au Moulin le plus célèbre de France. En arrivant devant l'entrée des artistes, elle prit un temps de pause afin de reprendre son souffle et rechausser ses chaussures. Son souffle saccadé fit virevolter quelques mèches rebelles. Elle poussa finalement la porte et entra dans les coulisses du cabaret. Tout le monde s'affairait légèrement plus bruyamment que d'ordinaire, mais Alice ne s'en formalisa pas.

La Force de t'aimerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant