Chapitre 10 : Le pouvoir

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Eugène regardait autour de lui

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Eugène regardait autour de lui. Il se demandait ce qu'il faisait là. Pourtant, c'était désormais sa place, parmi les rangs de l'armée. Aligner proprement, fixant le balcon, ils attendaient. Le temps s'écoulait lentement selon la nouvelle recrue. Un léger poids s'installait sur ses épaules. Il appréhendait cet instant depuis que les résultats des élections étaient tombés. Il retint un soupir, en vain. Son supérieur le remarqua et lui fit les gros yeux. Il se redressa, ne voulant pas s'attirer davantage ses foudres. Weselton pouvait être effrayant par moment. Son costume militaire proprement présenté, chacun fit un geste de salut. Il arrivait.

Eugène fixa le balcon. Il fronça légèrement les sourcils. Il fut étonné de voir la silhouette de cet homme si petite contrairement aux paroles élogieuses qu'il a pu entendre de lui. Lui, leur nouveau chancelier, à la moustache si évocatrice, Hitler. Il a été élu il y a peu. Sa prestance donnait déjà froid dans le dos au jeune homme. L'armée l'acclama et l'écouta avec attention. Son discours était clair. Ses deux idées étaient de défendre la grandeur de l'Allemagne et de donner du travail à tous les Allemands de « Pure race ». Eugène fronça les sourcils d'incompréhension face à cette expression.

- Il veut dire par là que tous les Allemands, blond aux yeux bleus de préférence, sont supérieurs aux autres. Murmura son voisin à son oreille.

- Mais pourquoi faire une telle distinction, si on a la nationalité ? questionna-t-il sans comprendre.

En guise de réponse, son voisin souleva les épaules. Il n'en savait pas davantage. D'une carrure imposante, ce soldat valeureux aux cheveux et à la barbe blonds tente de porter le costume avec fierté. Mais le fond de ses pupilles laissait transparaître ses véritables pensers. Il se tourna vers Eugène avec un fin sourire.

- Au fait, je m'appelle Phoebus, et toi ?

- Eugène, enchanté. Sourit-il d'un mouvement de tête respectueux pour ne pas se faire remarquer.

- Tu es nouveau ?

- Oui.

- Tu apprendras vite qu'il est important de savoir s'entourer.

Eugène eut un rictus aux dernières paroles de cette nouvelle connaissance. De quoi voulait-il parler ? Le jeune homme se concentra à nouveau sur le discours du récent chef de l'État allemand.

- J'ordonne à chaque commando nazi de brûler le Reichstag. Face à la situation d'urgence de notre pays, je me donne les pleins pouvoirs. J'accuse les communistes et ferai arrêter tous mes opposants.

Eugène écarquilla les yeux face aux propos de leur nouveau chef. Phoebus jeta un coup d'œil à ce jeune soldat encore inexpérimenté qui croyait avoir pris la meilleure décision en se convertissant dans l'armée. Cependant, il n'avait pas choisi le plus mauvais moment pour le faire. Eugène vit quelques commandos exécuter déjà les ordres en brûlant le premier ancien emblème de l'Allemagne. Il voyait le modèle de toute une démocratie partir en fumée sous ses yeux, sans pouvoir agir. Que pourrait-il bien faire ? Les arrêter ? Faire opposition ? Mais il serait tué sur-le-champ. Craignant pour sa vie, Eugène n'avait pas le choix. Il ne pouvait que suivre le troupeau tel un mouton, assistant à la fin de la démocratie de son pays.

Les bruits de l'horloge du bureau venaient perturber le silence de la pièce

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Les bruits de l'horloge du bureau venaient perturber le silence de la pièce. Les papiers des candidats étalaient devant lui. Hans les feuilletait d'un regard las. Il espérait que le physique de l'une d'entre elles ferait l'affaire. Il était heureux de pouvoir enfin remplacer la vieille peau qui lui servait de secrétaire. Elle n'avait aucun atout, aucun charme qui aurait pu lui faire regretter un tant soit peu sa disparition. Hans était quelqu'un d'ambitieux. Il voulait atteindre la perfection et le pouvoir. Il était devenu le directeur adjoint de la compagnie en tant que fils du dirigeant. Cependant, il comptait faire ses preuves pour lui prouver qu'il était meilleur que son frère, autre adjoint de la compagnie, pour lui succéder.

Il se cachait sous les traits juvéniles de ce qu'on pourrait appeler « le gendre modèle ». Pourtant, il était méchant, farouche et manipulateur pour arriver à ses fins, en perpétuelle concurrence avec son frère. Chacun remontant mutuellement dans l'estime de leur géniteur qui au final ne se décidait jamais. Les derniers événements avaient donné une idée au père de famille. Il voulait pousser ses fils à se marier afin d'assurer la descendance de l'entreprise familiale. Le premier à engendrer un enfant sera le successeur.

Dans ce but, Hans voulait que sa nouvelle secrétaire ne soit pas que bonne à taper à la machine. Mais aussi jolie et propre sur elle, avec une certaine prestance et un caractère docile. Sans oublier qu'elle ne devait pas être déjà mariée. Il avait déjà trié au préalable les candidatures en fonction des qualités qu'il reconnaissait chez les candidates. Il n'attendait plus qu'à les voir face à lui pour juger s'il est prêt à leur mettre la bague au doigt. De la même façon qu'il voyait la vie, il voulait obtenir le meilleur pour faire jalouser ses voisins. Un premier cognement sur la porte venait de résonner en même temps que les huit coups de l'horloge, annonçant 8 h 00.

- Entrer.

Sa voix froide et sans émotion fit perdre toute la confiance à la jeune femme, qui avait eu toutes les peines du monde à la rassembler. En pénétrant dans la pièce, elle cacha ses mains tremblantes dans son dos et se redressa pour ne pas faiblir face à son éventuel patron. Ce dernier n'avait même pas levé les yeux vers elle, voulant paraître occupé, le nez dans ses papiers qui paraissaient plus importants. Face à son mutisme, la nouvelle arrivante fit résonner pour la première fois sa voix entre les quatre murs du bureau.

- Bonjour. Je suis ici pour l'annonce de secrétaire.

Le ton doux et assurer à la fois interloqua le directeur adjoint. Il voulait finalement mettre un visage sur ce son si mélodieux. Ses prunelles croisèrent celles de son interlocutrice. Il cacha sa surprise. Il ne s'attendait pas à faire face à une telle beauté. En une fraction de seconde, il jura pour lui-même de n'avoir pas fait attention à la jeune fille avant cet instant. Elle titilla nerveusement sa tresse qui retombait sur son épaule gauche. Son visage parfait tel une poupée le faisait rêver. Il secoua la tête pour enlever les mauvaises pensées qui prirent déjà place dans son esprit.

- Pardonnez-moi pour mon manque d'attention. Quel est votre nom ?

- Elizabeth. Elizabeth Darendelle.

Il déglutit. Son regard s'encrait dans celui azur de la jeune fille. Elle semblait plus jeune que lui de quelques années. Mais cela lui importait peu. Sa jeunesse l'avait vraisemblablement rendue naïve. Il observa sa main gauche et n'y vit aucune alliance. Les choses ne devraient pas être trop difficiles.

- Pouvons-nous commencer l'entretien ? s'impatienta-t-elle, mal à l'aise.

- Bien entendu. Prenez place, je vous pris ! sourit-il en coin.

Hans sauva l'apparence et fit dérouler l'entretien dans les normes. Pourtant, au fond de lui, il savait déjà. Son ego se gonfla à l'idée de l'avoir à son bras. Il réussirait à la séduire, coûte que coûte. Se serra-t-elle, et personne d'autre.

La Force de t'aimerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant