L'atmosphère dépressive ne pesait pas essentiellement sur la France. L'Allemagne, grande perdante de la Première Guerre mondiale, payait le prix fort de ses actes. Les réparations sont lourdes et coûteuses. Le pays fut endetté. Une situation qui en vint à diviser la population. D'un côté, il y avait une part grandissante qui ne souhaitait pas se soumettre à leurs anciens ennemis. Ils se jugeaient humilier, haïs et ignorer. Cela fit germer l'idée de défendre la grandeur passée de l'Allemagne. Ils en étaient convaincus. Ils étaient les seuls à être au-dessus des autres, dominant ce qu'ils qualifiaient de « race aryenne ». Des rêves et des envies qualifiables de vengeance. Croyant de plus en plus à ses idéologies, ce fut sans surprise que le parti nazi remporta les élections législatives de 1932.
Puis, d'autres Allemands, comme Eugène Fitzherbert, pensaient qu'ils méritaient leur sort. Pourtant, même s'il n'adhérait pas aux gouvernements au pouvoir, il n'avait d'autre réel choix que de suivre le troupeau. Vous le jugerez peut-être d'attarder, de fou. On connaît l'histoire, le destin de cette Europe détruite. Cependant, qui sommes-nous pour réellement juger ce qu'on n'a pas vécu ? Qu'aurions-nous réalisé à sa place ? Quelque chose de pire, ou de mieux ? Nous serions incapables de trouver ces réponses. Eugène pensait bien faire. Ses papiers d'identité refaits à neuf à la main. Il voulait simplement se rendre utile, trouver de quoi assoiffer son envie d'aventure et surtout, de quoi raviver la flemme de vie dans ses yeux. Il avait souffert des méandres de cette grande guerre. Il garda la tête haute, assurer d'avoir trouvé un but au reste de son existence.
Il fixa et détailla l'allure du général attablé à son bureau en face de lui. Les médailles accrochées à son costume militaire pouvaient faire rêver. Ses cheveux et sa moustache blancs, bien brossés laissaient imaginer au jeune homme toute l'expérience militaire que son interlocuteur a pu amasser. Ce dernier leva ses prunelles bleutées des papiers d'identité qui sont déposés entre ses mains, tout en rajustant ses lunettes rondes. Il fronça les sourcils tout en observant la carrure d'Eugène. L'air séduisant, musclé, les cheveux châtains, un bouc dessinant son menton et des yeux marron. Oui, il pourrait faire l'affaire. Il jeta néanmoins un dernier coup d'œil au carnet de santé.
- Vaccins à jour ?
- Oui.
- Aucune maladie descellée ?
- Oui.
- On vous fera tout de même passer des tests physiques pour juger vos aptitudes, ainsi qu'une visite médicale.
- Merci. Souffla Eugène, soulagé.
- Signez-la. Ordonna le grader en lui désignant son contrat.
Le jeune homme lie en diagonale les papiers remplis d'encre noire. Il empoigna le stylo que lui tendit le vieil homme. Sans une once de regrets ou d'hésitation, son poignet se mouvait, faisant apparaître les lettres de son nom de famille en bas du contrat. Le général se leva de son fauteuil après avoir rangé la paperasse.
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La Force de t'aimer
Fanfic1932, Paris. Dans une atmosphère d'euphorie, de plaisirs et d'inégalités sociales, les rues de Paris sont marquées par une aspiration nouvelle à la liberté et une crise économique qui entraîne la France dans l'instabilité. C'est à cette époque que...