Voulant parler à mon frère en toute intimité, je me rendis à la salle de bain. Je my enfermai, rabaissai le couvercle de la toilette et m’y assoya. J’avais peur. J’étais même terrorisée. Je ne pouvais m’empêcher d’imaginer le pire des scénarios et de le multiplier encore et encore. Je craignais qu’il ne me repousse alors que j’ai besoin de lui plus que jamais. J’appréhendais plus que tout la rencontre entre Liam et mes parents et j’avais besoin qu’il me réconforte.
Prenant une grande respiration, j’empoignai mon téléphone et composai ce numéro que je connaissais par cœur : celui de son portable. Je me rongeai les ongles un peu plus forts à chaque sonnerie qui retentissait dans mon oreille.
<<Allô?
-…
-Bonsoir?
-…
-Hého?
-Sammy…, chuchotais-je.
-Alexia, c’est toi?
-Oui. Écoute, je suis désolé. Je sais que je n’aurais pas dû te mentir sur mon heure de départ et que j’ai agis comme une enfant gâtée, mais je…, commençais-je, les sanglots dans la voix.
-Lexi, calme-toi, d’accord?
-Tu m’en veux, n’est-ce pas?
-Mais bien sûr que non! Et moi aussi, je suis désolé. Je sais bien que je n’aurais jamais dû te dire toutes ces horreurs, mais je l’ai fais et je regrette amèrement.
-Mais t’avais raison, j’ai été égoïste. J’aurais dû penser un peu plus à toi et pas juste à Liam. T’es mon frère, t’es là pour moi depuis 17 ans! Mais…c’était comme si ces 17 ans avaient été effaces. Comme si…ma vie avait commencé lorsque Liam est arrivé et c’est injuste pour toi.
-C’est ton premier amour, choupinette.
-Je sais… Et moi qui croyais en avoir fini avec ce surnom débile, dis-je en riant.
-Quoi? Jamais ! Il te suivra jusqu’à ta mort, choupinette.
-J’ai bien fait d’emmener Liam finalement…
-Je te déteste.
-Je me déteste aussi.
-Arrête de t’en vouloir parce que moi, je ne t’en veux pas.
-D’accord… Tu vas donc venir me voir à Noël?
-Promis! Comme si j’allais venir pour les parents…, marmonna-t’il. >>
Il a toujours entretenu une relation, disons…très mauvaise avec les parents. La mienne n’était pas tout le temps rose, mais la sienne l’était encore moins. Il était en pleine crise adolescence et il avait besoin d’eux, mais ils sont partit. Il se cherchait et la présence d’un model masculin aurait pu lui être bénéfique, mais mon père n’était pas là. Son cœur s’est envenimé de colère à leur égard. Dès qu’ils revenaient à la maison, c’était la crise, comme une espèce de guerre où l’on est sans arrêt sur nos gardes. Lorsque la bombe explosait, les cries retentissaient pendant une heure, des fois plus. Moi, pendant ce temps, j’étais déchirée. Je voulais que ma mère et mon père cessent de se disputer avec mon frère. Je voulais que mes parents reviennent à la maison afin que l’on puisse vivre normalement et sans nounou. Je voulais une vie normale.
Évidement, mon souhait ne s’est jamais exaucé. C’est là que la balance a perdu l’équilibre. Mon cœur s’est mit à tourner vers mon frère davantage que vers mes géniteurs. Il était à présent mon seul repère et l’est encore. Il le sera toujours. Je n’ai jamais aimé les nounous qui avaient été engagées. Elles se prenaient toutes pour ma mère et essayait de la remplacer dans mon cœur. Elles n’ont jamais réussi, car ma mère est devenue une inconnue pour moi. Une femme qui revient parfois à la maison, souvent après des mois d’absence. C’est comme les vieilles tantes que l’ont voit peu souvent et qui, pourtant, se croient très proches de nous alors qu’elles ne savent absolument rien sur ce que nous sommes. La seule différence est que, dans mon cas, c’est ma mère qui joue ce rôle. Celle qui m’a portée pendant des mois et qui m’a aimée et cajolée est maintenant une presque étrangère. La triste réalité…
Je fus interrompue par les bruits de coups résonnant sur la porte, me faisant oublier le fil de mes pensées.
<<Lexi, ça va?, lança Liam.
-J’arrive dans 2 secondes. >>
Je jetai un coup d’œil à l’image que le miroir me renvoyait. J’y voyais une jeune fille aux yeux rouges bouffis par des larmes qui avaient coulé sans qu’elle ne s’en aperçoive. Ses cheveux étaient en bataille suite aux quelques heures passées dans l’avion. Bref, si je sors comme ça, je perds mon chum. Il se sauvera en courant probablement.
J’essuyai le mascara qui avait salit mes joues avant de replacer mes cheveux, au maximum de mes capacités, afin de ne pas avoir l’air d’une morte-vivante. Une fois que je fus présentable, je sortis de la salle de bain et allai rejoindre Liam. Je retournai m’asseoir en silence. Après un moment et réalisant que je ne commencerais pas la conversation, il se mit à me questionner.
<<Alors?
-Il ne m’en veut pas.
-Mais encore?
-Je me suis excusée et il m’a demandé pardon.
-Ensuite?
-Il s’est foutu de ma gueule, ce connard.
-Et comment la discussion s’est-elle terminée?
-Il m’a promis de venir me voir à Noël. >>
Cette dernière phrase, j’admets l’avoir dite en souriant. Je ne suis plus en guerre contre personne, donc tout va bien. Je peux enfin recommencer à respirer normalement. La vie peut enfin reprendre son cour.