Sammy est partit en claquant la porte. Ma mère se dirigea vers la porte, suivant ses pas.
<<Tu…vas quelque part?
-Je vais parler à ton frère.
-T’es pas bien ou t’es pas bien? S’il s’en va, c’est qu’il a besoin d’une pause. Une pause de vous, précisais-je.
-Lui, est-ce qu’il va bien?
-Il avait l’air d’aller bien, selon toi?
-Qu’est-ce qui se passe avec lui?
-T’as écouté ce qu’il t’a dit? Il ne vous considère même plus comme ses parents! Je suis désolé de te l’apprendre, mais je crois que c’est une cause perdu.
-C’est vrai qu’il l’a toujours été, déclara mon père.
-Quoi?
-Ce n’est pas ce que tu veux dire?
-Non! La cause perdue, c’est vous. C’est votre rôle de parent qui est une cause désespérée. C’est votre relation avec celui qui a été votre fils et qui, maintenant, ne l’est plus.
-Il restera toujours mon bébé. Je l’ai porté pendant 9 mois!
-Et tu l’as abandonné après 9 ans. >>
J’avoue…que j’ai été un peu dur avec elle. C’est sortit tout seul, je n’ai pas pu m’en empêcher! Sammy m’a appris à dire ce que je pense, alors… La prochaine fois, j’essayerai de tourner ma langue 7 fois avant de parler. Ce serait mieux si je l’avalais en fait.
<<Qu-quoi?
-Désolé, c’est…
-Non, tu as raison. Revenir était une mauvaise idée, je m’en rends compte. Je crois que ton père et moi devrions rentrer à la maison.
-Mais vous êtes à la maison!
-Elle ne l’est plus, Alexia. Ce n’est plus la nôtre, désormais, mais la vôtre.
-Alors, tu…Tu m’abandonnes encore?
-Je ne t’abandonne pas, allons!
-Pourquoi tu parles de repartir alors hein?!
-Parce que notre présence…ne plaît pas à tout le monde.
-Affronter la vérité en face est trop difficile, alors vous préférez l’éviter, c’est ça? Vous vous enfuyez comme des lâches devant vos responsabilités?
-Alexia, ne parle pas comme ça à tes parents!, intervint mon père.
-Ce n’est que la vérité pourtant! Vous esquiver le problème au lieu de lui faire face, ce n’est pas un secret pour personne.
-Pourquoi réagis-tu de manière si enfantine? Je croyais que tu avais grandis!
-Je ne réagis pas de manière enfantine, mais avec colère! Qu’est-ce que tu sais de ma croissance de toute façon hein? Tu n’étais pas là! Tu n’étais pas là et, maintenant que tu y es, tu parles déjà de ne plus y être! >>
Énervée et plus blessée que jamais, j’empoignai la lampe qui se trouvait à ma droite et la balançai contre le mur de toutes mes forces. Ce geste m’avait défoulé, mais ce n’était pas assez.
**PDV Sammy**
Après avoir quitté la maison, je me suis dirigé vers le bar le plus près de chez moi. Là, je me suis mis à boire. J’ai bus ver après ver afin de ne plus penser. J’ai essayé de noyer ma souffrance dans l’alcool, mais ça n’a rien changé. Au contraire, ma colère n’en était que plus attisée. Ils m’ont abandonné. Ils m’ont refilé à plusieurs nounous qu’ils ont à peine pris le temps de connaître. Ils sont partis en me laissant derrière. On était une famille; on n’abandonne jamais sa famille. Eux, ils l’ont fait. Ils l’ont fait, et ça fait toujours aussi mal. Ma douleur cognait en moi afin de sortir par tous les moyens. Je devais faire sortir tout ce que j’ai toujours retenu.
Après avoir bu mon neuvième ver- ou était-ce le dixième?-, je suis rentrée chez moi. Mes idées étaient étonnement clairs, nets et précises. Mes pas étaient rapides et droits. J’étais déterminé à en finir.
Lorsque je suis arrivé devant chez moi, j’ai entendu du bruit. En jetant un coup d’œil discret par la fenêtre, j’ai vu Alexia balancer un album de famille contre le mur. J’ai vu les deux adultes qui se tenaient dans un coin, les larmes coulant sur les joues de la femme calée dans les bras de l’homme. Ils semblaient attendre que la crise passe, ne sachant que faire d’autre. À vrai dire, je n’ai jamais vu ma petite sœur comme ça. Si elle l’est, c’est probablement leur faute et ça, je ne tolère pas.
Encore plus enragée que je l’étais, j’empoignai l’objet caché derrière une brique de la maison avant d’entrer de façon précipitée. Je me dirigeai vers Lexi, cachant l’objet dans mon jean. Je lui pris le vase qu’elle tenait avant qu’elle ne le lance à travers la pièce. Je le reposai avant de la prendre dans mes bras, caressant ses cheveux d’une main et entourant sa taille de l’autre. La voir dans un tel état…
<<Lexi, ma puce, qu’est-ce qui ne va pas? Pourquoi t’as tout balancé par terre?
-Une fois, ce n’était pas assez pour eux. Ils vont encore…, commença-t-elle avant que sa voix ne se brise.
-Qu’est-ce que vous lui avez fait?, haussais-je en direction de ceux qui ont été mes parents.
-Ils veulent à nouveau partir, Sammy. Abandonner leurs enfants une première fois, c’était bien, mais il leur en faut une deuxième, dit Lexi en sanglotant. Ils parlent déjà de repartir en Afrique!
-Chut, pleure pas ma puce, je suis là, chuchotais-je en la serrant un peu plus contre moi. Tout ira bien, d’accord? Je serrai toujours là pour toi.
-Je ne veux plus jamais les voir, dit-elle tout bas.
-Je vais t’arranger ça, c’est promis. >>
Doucement, je me décollai d’elle. J’essuyai les larmes sur son visage avant d’embrasser son front. J’enroulai ensuite un bras autours de son épaule avant de me tourner vers ces faux-parents qui n’avaient presque pas bougé.
<<Comment avez-vous osé la blesser? Putain! Vous ne voyez donc pas qu’elle est fragile? Regardez ce que vous lui avez fait! Durant toutes ces années, je ne l’ai jamais vu dans un état semblable. C’est votre faute! Ça l’est toujours, d’ailleurs. Vous n’aviez pas le droit de la faire pleurer. Personne ne fait pleurer ma petite sœur sans en payer les conséquences. >>
Avant qu’ils n’aient le temps de dire quoi que ce soit, j’empoignai l’objet caché dans mon jean et le pointait vers eux. Tout à coup, ils cessèrent de respirer. Tous retenaient leur souffle. Alexia me regardait, surprise, étonnée et effrayée. Je lui ai promis qu’elle ne les reverrait plus, et je compte bien tenir cette promesse.