Chapitre 53

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Je n'arrivais pas à croire ce que je m'apprêtais à faire. J'avais encore l'impression d'être comme dans un rêve. Alors que c'était encore cette putain de réalité. Tout se passa tellement vite, j'avais l'impression de ne plus être dans mon corps. Je n'étais pas au top de ma forme, mais il y avait cette boule qui remontait de mon estomac jusqu'à ma gorge : je ne pouvais pas perdre. Pour Brook, pour moi, et même si tout est embrouillé dans ma tête, pour Abraham, Clarissa, Vicky, Léo, Kyle ... Même pour Anthony après tout !

Mais la volonté ne fait malheureusement pas tout.

- Plus si féroce la novice, t'abandonnes ? me dit-il alors que j'avais du mal à me relever, après qu'il m'ait jetée contre un des arbres de la propriété.

Je sentais que ça n'allait pas le faire. Je sentais au plus profond de moi que c'était le moment pour que ma rapidité me serve à quelque chose. Je respirai un instant, avant de foncer jusqu'à la maison. Je renversai deux ou trois de ses sbires sur le passage.

- Sors de là ! Aucune lâcheté chez nous !

Mais j'étais déjà de retour. Le sang coulait encore le long de ma gorge, alors que je me sentais invincible. Depuis combien de temps est-ce que je ne m'étais pas nourrie ? Trop longtemps. Mon corps me le faisait bien comprendre.

- Tu abandonnes alors novice ? Je suis déçu. J'ai beaucoup entendu parlé de toi, et même si je savais que c'était bien trop exagéré, je m'attendais à mieux. Comme quoi, même après 300 ans, on peut toujours être déçu par les jeunes.

- Je vais te montrer moi si c'était exagéré, lâchais-je avant de foncer tête baissée.

Je le reversai à terre, est-ce qu'il m'avait vu venir ?, en tous cas il n'en eut pas l'air. Je sentis qu'il eut le souffle coupé. Je plaçai mon pied sous son menton, en appuyant modérément. Pour commencer.

- Alors ?

Il essaya de se relever, mais je savais que j'étais plus forte que lui dorénavant. Et il le savait aussi.

- Je n'abandonnerais pas, cracha-t-il.

- Alors tu vas mourir.

Je n'avais plus aucune état d'âme. Depuis Brook, après ce qu'il lui avait fait, sa vie qu'il avait mit en danger, qu'ils avaient tous mit en danger, je n'allais pas l'épargner. Peut-être que plus tard j'aurais des remords, ou pas, l'important c'est de venger ma sœur. Rien d'autre n'a d'importance, et surtout pas celui qui l'a peut-être tuée.

Je le soulevai par le col, et le trainait derrière moi.

- Où est-ce que tu m'emmènes salope ? cria-t-il

- Là ou ta place appartient.

Il essayait de se débattre, mais je n'allais pas le laisser partir. Pour rien au monde.

- Lâche-moi ! Le conseil te tueras pour m'avoir défiée.

- Prépare-toi à avoir un petit coup de chaud.

Ils avaient allumés ces feux de leur propre chef, ils ne pouvaient s'en prendre qu'à eux-mêmes.

- Non ne fait pas ça ! cria-t-il lorsqu'il comprit ce que je voulais dire.

Mais je ne pouvais pas retourner en arrière. Il était le seul à pouvoir décider de son déstin.

- Soit je te balance là-dedans, soit vous déguerpissez et tu tiens tes engagements suite à ma victoire triomphante.

- Vas brûler en enfer !

- On s'y reverra alors, lâchais-je alors que je le suspendit au-dessus du feu.

- Non ! C'est bon, c'est bon, je ... tu as gagnée, je tiendrais mes engagements ! Je le jure !

Je le balançai sur le sol. Il s'éloigna du feu en rampant. Mais où était passé ce vampire sans vergogne, qui avait presque égorgée et poignardée ma sœur ? Soudain cela me frappa : les vampires sont exactement comme les Hommes, à quoi est-ce que je m'attendais ? En position de pouvoir, ils sont impitoyables, mais lorsque les situations s'inversent, ils sont à genoux à supplier qu'on les laisse vivre.

- C'est toi le lâche, crachais-je avant de marcher jusqu'à la maison.

Ils s'écartèrent tous sur mon chemin. Ils avaient intérêt. 

- Vous avez deux minutes pour déguerpir si vous ne voulez pas que je me fasse un feu de joie avec vos cadavres.

Je rentrai dans la maison, et fermai la porte.

Je viens vraiment de faire ça. Les vingt dernière minutes me frappèrent de plein fouet. Je l'ai ... Et j'ai ... Oh mon dieu. Qu'est-ce que je suis devenue ? Ce n'est pas moi, cette fille impitoyable et méchante. Mais je ne peux combattre le feu qu'avec le feu. La méchanceté qu'avec la méchanceté. C'est ce à quoi je suis réduite aujourd'hui. 

L'ElueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant