Ezarel

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Une terrienne prostituée atterrie à Eldarya, et y a élu domicile depuis deux mois.

(T/p) marchait tranquillement, vêtue de son kimono. Elle se languissait, plus personne ne faisait appel à elle, pour la nuit.

Elle se décida à aller embêter Ezarel-voir à le mettre dans son lit.
Il fallait dire que c'était le seul à l'avoir résisté parmi les trois chefs de garde. Nevra était venu dès sa premier nuit à Eldarya, et Valkyon, au bout d'une semaine.

Pourtant, Ezarel, lui, l'évitait. Il était tout le contraire.

Elle était tactile. Lui, non.
Elle était de bonne humeur. Lui, non.
C'était une exhibitionniste. Lui, non.
Elle était dotée d'une très grande bonté. Il avait la langue facile.

Elle entra dans le laboratoire, et le vit, la tête plongée dans ses parchemins.

"Mon beau Ezarel..." roucoula-t-elle. "Que fais-tu?
-J'étudie. Tu le vois bien? Ou tu es aveugle? Comme tous les hommes qui tournent autour de toi?
-Méchant. Ne les critiques pas. Ils n'ont fait que succomber à mon charme...
-Ou en décidaient de jouer avec ton corps."

Elle se leva, déçue de ses paroles. Elle s'assit en face de lui, le regard vide.

"Ezarel, je t'aime.
-Bien sûr." ricana-t-il. Ce n'était pas la première fois qu'elle lui disait ça. Il ne l'avait jamais prise au sérieux. Elle le disait tellement de fois en rigolant, devant tout le monde, qu'il avait l'impression qu'elle se moquait de lui.

Elle se leva, contourna la table et se retrouva au côté du chef de l'Absynthe. Elle lui prit les mains et le força à se tourner vers elle, puis lui prit le visage entre ses mains.

"Je ne mens pas. Je t'aime, comme une femme envers un homme peut aimer. Et bien plus encore."

Elle semblait si sincère, qu'Ezarel douta un instant. Il fixa ses lèvres, mais se figea.

Cette bouche... Elle avait vu d'autres lèvres, goûté d'autres peaux. Elle avait de l'expérience, et lui pas. Il paraitrait pour un novice, et sa fierté ne le permettait pas. Qui plus est, si elle l'aimait vraiment, pourquoi continuait-elle d'aller vers d'autres hommes?

Il reprit son visage froid et mauvais.

"Tu peux arrêter de faire semblant de m'aimer? Je sais que tu veux te taper les trois chefs de garde, il ne manque que moi. T'as vu que la séduction, tes manières de catin ne marchent pas, alors tu veux jouer avec des sentiments. Sympa le plan. T'es nymphomane ou quoi? Vas en voir d'autres, et laisses-moi en paix. Pour gagner ma vie, je vends pas mon corps moi, et en ce moment même, tu m'déranges."

Elle l'embrassa sur le front, et quitta le laboratoire, sans un mot. D'habitude, elle aurait dit quelque chose, pour lui prouver le contraire. Mais là, elle s'était tue, comme si elle était résignée.

Il ne pencha pas sur le sujet et se remit à ses potions.

*

Depuis ce jour-là, elle n'était plus jamais revenue le voir. Elle n'allait plus vers lui, elle l'avait laissé. Elle discutait avec tout le monde, et s'il n'allait pas vers elle, et qu'il n'entamait pas la discussion, alors elle ne pipait mot et ne lui envoyait aucun regard. Il n'existait plus à ses yeux.

Il la croisait, rarement, lorsqu'elle était attablée à leur table, lors du dîner et du déjeuner. Mais à part ça, il ne la voyait plus. Il avait entendu des ragots, par-ci par-là.

RecueilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant