Valkyon[Partie IV]

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"Nous venons vous quémander votre aide, Ô Gardiens et Gardiennes d'Eel." dis-je, en déposant un genou au sol.

Le vieil homme, qui avait établi notre pacte de paix, nous observait, méfiant.

"Qu'avez-vous?
-Nous aimerions user de votre savoir-faire, afin d'apposer un sceau ou de faire ingurgiter une potion sur le nouveau-né, fruit de l'union de Miiko, ex-Chef de la Garde Etincelante et d'Ashkore, Roi de notre peuple."

Je leva la tête, attendant une réponse. Je fis agiter la menace de mes Kagunes.

"Veuillez accepter. Vous savez, vous pourriez gagner quelques connaissances sur notre peuple.
-Lequel?
-Oh, notre reproduction, ou bien, la composition de nos armes."
dis-je, en agitant mes Kagunes. "Mais, en échange, à chaque demande de potion ou de sceaux, vous devrez nous répondre par la positive."

Il hocha la tête.

"Amenez Miiko." dit-il. Je fis signe au garde de faire entrer Miiko, celle-ci assise sur un trône, porté par des goules. Elle avait les yeux, bandés par un tissu, qui lui, était trempé de sang.

"Que lui est-il arrivé?
-Lorsque il y a union entre une goule et un être d'une autre race, la femme portant l'enfant se retrouve démunie de sa vue. Quand bien même, elle est une goule."

Il ne fallait surtout pas qu'il comprenne qu'un borgne est mille fois plus puissant qu'une goule normale. Ashkore et moi, nous sommes goules à trois quarts de notre sang. Le quart restant étant humain. Nous sommes donc supérieurs aux goules pures. Mais les borgnes sont encore plus puissantes.

"Nous acceptons. (T/p1)? Nous aurions une demande à formuler auprès de vous.
-Je vous écoute.
-Nous aimerions que l'un de nos Chefs de Gardes enfante l'une de vos goules femelles.
-Pourquoi?"

Il voulait nous étudier, ce connard. Qu'il crève, jamais il n'aurait l'un des nôtres. Et surtout pas une borgne! Voulait-il notre perte? Question stupide... Bien sûr!

"Oubliez ma demande... Vous pourrez loger ici, jusqu'à votre départ. Décidez donc de la date qui vous conviendra, nous vous offrons le gîte et le..."

Il ne pouvait pas dire "couvert".

"Ne vous inquiétez pas, nous avons amené de quoi nous nourrir. Nous vous remercions, pour votre aide, Ô combien généreuse. Mon peuple vous remercie de la grâce que vous lui offrez, en lui permettant de perpétuer sa descendance, à travers le Sublime Ashkore."

Je me leva, me courba, et sortit de la pièce, Miiko à ma suite.

*

Une semaine que nous sommes là, et je remarque que bien des choses ont changé. Les rations ont augmenté, les règles sont bien plus strictes. Miiko est au milieu de son neuvième mois, son ventre est énorme pour un enfant. Et cela me fait peur. S'il y en avait deux ou plus, cela allait s'avérer bien plus dure. Accoucher d'un borgne, emporte la mère, à cinquante pour cent des cas. Alors, deux ou plus, doublait ou plus les chances de mourir.

Les Chefs de Garde ont renoué discrètement avec Miiko, celle-ci s'en réjouit. Moi aussi. Si elle va bien, alors moi aussi. Bien qu'elle m'ait légèrement délaissée. Pas grave. Autant la laisser profiter.

Je mangeais dans ma chambre, et non dans le réfectoire, je savais que je n'avais pas ma place ici. Je me douchais, souvent en dehors des horaires autorisés, car je sais que là-bas n'en plus, je ne suis pas la bienvenue.

Allongée sur le toit du palais, je fixais les étoiles. Si revenir en arrière m'était possible, je l'aurais fait.
Rigoler avec les Gardiennes, séduire mon Chef, être promu major de ma promotion...

Je secouais la tête, les larmes coulants silencieusement.

Une présence se fit sentir, je me leva, agitant mes Kagunes. Ce n'était autre que Valkyon. Celui-ci regardait droit devant lui.

"Avant aussi, tu venais ici. Je me demandais comment. Maintenant, je comprends."

Je le fixa, que voulait-il? Il ne voyait pas que je pouvais le tuer. Il s'assit, non loin de moi, me dévisageant. Le temps passa, je me remis à la contemplation du ciel de la nuit, mes larmes dévalaient encore plus vite. Je sais qu'il ne ferait rien pour me consoler, il ne savait pas comment faire dans tous les cas.

Au loin, je vis... Une goule? Elle agitait ses Kagunes, je me jeta donc dans le vide, et atterris sur un toit. Valkyon me regarda faire, sans un mot, sans un geste.

Que faisait cette goule ici? Je courrais le plus vite possible, et arriva, face à elle. Elle fit les gros yeux, devant moi. Elle était trempée par le sang.

"Que se passe-t-il?!
-Ils m'ont attaqué, Princesse! Je vous cherchais! Ils vont s'en prendre à la femme du Roi!"

Je ne perdis pas une seconde et retourna dans le palais, coléreuse. Ils m'ont jouée un tour. Ils allaient payer.

Je fracassas toutes les portes, je détruisis les colonnes. Je vérifias chaque pièce, transperçait chaque gardien ou gardienne que je vis.

Je ne la trouva pas. Je retournas à la Salle des Portes, et le vieil homme semblait m'attendre, le sourire aux lèvres.

"Où est-elle?
-Elle accouche.
-Où?"

Il secoua la tête, et me fit signe de le suivre. L'on montâmes des escaliers, et entrâmes dans une pièce, où Ezarel, Eweleïn et d'autres Absynthes s'affairaient autour de la kitsune. Je pus respirer.

"Elle vient de mettre au monde, deux magnifiques enfants... borgnes." Je déglutis. "Pouvez-vous nous l'expliquer? Nous leur avons fait boire une potion, qui, limitera leur puissance.
-Certaines choses ont mieux fait de rester secrètes que d'être divulguées au premier venue."

Des Obsidiennes entrèrent, armes à la main. Miiko respirait faiblement, l'équipe autour d'elle regardait, effarée, cette faction.

"Nous aimerions étudier votre race, et si vous pouviez nous donner l'un de ses nouveau-nés..."

Je transperça sa gorge, il fit les gros yeux, avant de tourner de l'il. Les Obsidiennes se lancèrent sur moi, je les transperças, elle aussi. Enveloppant chaque nourrisson dans l'un de mes Kagunes, ceux-ci les réchaufferont, et Miiko avec le troisième, je me rua dehors.

Je n'ai jamais couru aussi vite de toute ma vie. Il fallait que j'atteigne la porte, afin d'appeler les miens. Je sentais mes ennemis derrière moi.

Quitte à perdre la vie, il fallait que je sauve ma nièce et mon neveu, ainsi que ma meilleure amie.
Dépassant la porte, j'hurla aussi fort. De suite, deux goules apparurent, l'un enveloppa Miiko, l'autre, les nouveau-nés.

"Je vais les retarder, mais sauvez-les." Ils hochèrent la tête, et détalèrent. Je me tournas vers mes ennemis.

Ils devaient être une centaine... Non, un bon millier. Ils étaient donc prêt à tout pour nous étudier comme des cobayes.

Mes Kagunes allongeaient au maximum, mes sens aiguisés à leur paroxysme, je me jeta dans ce combat, tel David, faible adolescent contre Goliath, chevalier immense et puissant. Sauf que cette fois-ci, le faible n'en sortirait pas vivant, il en était certain.

RecueilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant