Ykhar[Partie I]

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Je n'ai pas la poitrine d'Alajéa, l'intelligence de Miiko, ni la bonté d'Eweleïn.
Et je ne suis donc pas aussi intéressante que l'humaine.

Pourtant, j'ai toujours fait de mon mieux. Finalement, mon destin sera de passer une vie normale.
Seulement... Seulement si je n'aimais pas un grand homme à la peau halée, aux cheveux blancs et à la musculature effrayante.

Il était mon extrême opposé.
Je débitais cinq phrases par seconde, lui, il ne causait qu'une fois tous les cinq ans.
Elle passait inaperçue, il attirait bien du monde-surtout des femmes.

Et puis, elle n'était qu'une gardienne, parmi tant d'autres et Valkyon était un chef parmi deux autres. Ils n'étaient que bons amis. Ni plus, ni moins.

*

Elle entra dans le bain féminin, en tenue d'Eve, attachant ses cheveux en un chignon mal fait, quelques mèches s'échappant de par et d'autres. Il n'y avait personne, étrange. A cette heure-ci, bien du monde se trouvait ici, bataillant pour un baquet.

Elle ressortit de l'eau, son corps entier dégoulinant d'eau, ses hanches que personne ne remarquait, ondulaient, et ses longs cheveux trempés par la vapeur d'eau collait le long de son corps.

Une présence se fit sentir, elle leva la tête, et se figea.
Il était là, l'homme qu'elle aimait, qu'elle admirait. Le premier geste qu'elle fit fut de couvrir son sexe.

Il la regarda de bas en haut, avalant sa salive de travers, sa serviette autour de la taille ne cachait plus son érection. Que faisait-elle dans le bain des hommes?

"Que fais-tu là?
-Je suis dans le bain des femmes, pardi! Et toi, que fais-tu là?! T'es-tu perdu?! Ou..."

Elle se tut, le regard triste. Tout en le contournant, elle dit, d'une voix lasse, mais rauque à la fois

"Es-tu venue pour une femme, en particulier?" Sa question était emplis d'érotisme, de sensualité. Et pourtant, elle savait bien que ce n'était pas pour elle qu'il était là.

Alors, lorsque deux mains rugueuses se déposèrent sur ses hanches, qu'elle se fit retourner pour lui faire face, et qu'une paire de lèvres rencontra avec force la sienne, elle ne put qu'hoqueter de surprise, avant de se laisser submerger par le désir de ne faire qu'un avec cet homme.

Son baiser n'était pas doux. Au contraire, elle gémissait de douleur, et, telle une couleuvre, se tortillait dans tous les sens pour se retirer de son étreinte, alors qu'elle sentait la serviette de l'Obsidien glissait et tombait au sol, son sexe caressant le pubis de la jeune femme.

Jamais encore, il n'avait fait l'amour avec cette violence inhabituelle et qu'il n'essaya même pas de comprendre le pourquoi du comment.

Il était hors de lui, emporté par son instinct primitif, celui de la bête où la haine et le désir se mélangeaient, envers cette femme qui l'avait tentée, et de la colère envers lui-même le prenait à la gorge, fasse à sa lâcheté, à son impuissance, à ne pas avoir réussi à résister face au corps sans pudeur de cette femme.

Mais il se rendait compte bien vite que sa brutalité était loin de déplaire,car la jeune brownie, tendue comme un arc, les yeux noyés et les joues inondées de larmes, râlait sous l'assaut mais hâtait de toute son ardeur une conclusion dont la violence les jeta presque à l'eau.

Un moment plus tard, tandis qu'il reposait sur elle, l'enveloppant de ses bras musclés, son coeur battant lourdement contre la gorge d'Ykhar, elle se mit tout doucement à lui caresser le dos d'une main étrangement timide, comme si elle craignait de réveiller le démon endormi en lui : puis, posant tout doucement sa bouche contre la sienne :

"Brute" chuchota-t-elle d'un ton câlin, démentant ainsi l'injure. "Tu m'as fait mal, tu sais? Est-ce là une façon de traiter une faible femme?"

Il s'écarta d'elle, brusquement que si elle l'avait brûlé, plantant dans ses yeux son regard glacé où rien ne subsistait de l'amoureux délire.

"Etait-ce la faible femme?" siffla-t-il. "Je n'ai vu qu'une chatte des rues en chaleur, une simple manola à la recherche de son instinct. Que ferait-elle sinon dans les bains des hommes? Et puis, comme c'était celle-là même dont j'avais envie depuis longtemps..."

Un silence se fit. Il avait envie d'elle depuis longtemps? Elle recula, d'un pas lent, la tête baissée.

"Tu n'as plus envie de moi?" bredouilla-t-elle. Il l'interrogea du regard: que voulait-elle dire. "Et bien, tu as formulé ta phrase au passé donc je..."

Le démenti fut instantané. Il l'embrassa, caressant le corps dénudé de son amante. Celle-ci le stoppa du regard.

"Dépêches-toi, je ne suis pas femme tendre dans ce genre d'affaires." fit-elle, de sa voix mielleuse.

S'en suivit une bataille acharnée, longue et érotique. Leur union dura trois heures. Trois heures qui furent sans doute les épuisantes que le Chef eût jamais vécu. C'était la première fois qu'il avait affaire à une nymphomane et force lui était de constater que l'appétit d'Ykhar une fois éveillée, elle était parfaitement insatiable.

Epanouie et heureuse, Ykhar se releva. Il l'avait rassasiée. Elle était comblée.
Valkyon la regarda, le regard épuisé.

"Mon bel étalon, je crois que tu me conviens parfaitement. Et que tu sauras me nourrir convenablement pour les jours à venir. N'est-ce pas? Car vois-tu, lorsque je trouve une chair délicieuse, je ne la lâche plus. Nos nuits seront longues et mouvementées, mais je te crois capable de les tenir. Tu es Valkyon, n'est-ce pas? Chef des Obsidiens et Obsidiennes? Bon, j'imagines que le jour, tu ne seras pas au meilleur de ta forme, mais, je m'en contre fiche à un point."

Elle parlait toujours aussi vite, et beaucoup trop. Il la fit donc taire d'un baiser, s'enroula, lui et sa maîtresse dans une serviette, et il partit dans sa chambre à lui. Pour profiter des quelques heures qui lui restaient avant le lever de l'aube.

Mais il semblait que la lapine ne soit pas du même avis. Il fallait dire que la brownie était une chaude lapine... Surtout avec l'homme qu'elle aime.

RecueilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant