la Sauver ou la Laisser?/// Shinichi Kudo/Edogawa Conan x Ran Mouri

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Il attendait, sous sa forme enfantine, l'arrivée d'une de ces femmes en "Noires". Celle-ci, selon ses enquêtes, était le nouveau bras droit du chef de cette mafia.
Autour de lui, des tableaux où des visages de femmes qui hurlaient silencieusement lui faisaient face.
Il y avait peu de lumière, rendant l'endroit austère.

A sa gauche, un alcoolique redemandait un verre au bar, affaissé sur celui-ci. A sa droite, une vieille peau se vendait, ou essayait. Mais son maquillage coulait déjà de ses anciens clients, la rendant semblable à ses femmes sur ses peintures.

Le barman essuyait ses verres machinalement.

Un tomba. Conan sursauta. Ses mains étaient moites, il croulait sous la chaleur. S'essuyant les mains sur sa serviette, tête basse, il ne vit pas la jeune femme qui rentrât.
Ses talons martelèrent le sol ; le peu de personnes présents dans la salle leva la tête.
-Un verre d'eau je vous prie.
Le serveur s'empressa de faire s'asseoir la demoiselle, et lui amena le verre en moins de temps qu'il n'en fallait, comme si sa vie était en jeu.
-Merci.
Sa voix était glaciale, douce. Elle but à petites gorgées, un calme serein l'entourait.

S'appuyant sur le rebord du lavabo des toilettes, il s'observa dans le miroir.
Cette jeune femme... Ran Mouri... Son amie d'enfance... Que faisait-elle là, bon sang?!
Mauvais endroit à mauvaise heure... Malchance! Il fallait la faire sortir de là. Et le plus vite sera le mieux.
Il revint à sa place, mais elle n'était plus là. Il soupira, soulagé.
Il pouvait donc mener à bien son enquête.

-Kudo, calme-toi!
Haibara essayait en vain de calmer Shinichi. Celui-ci avait lancé un vase contre un mur, à la suite de la lecture d'un document que lui avait fourni Hattori Heiji.

Cette femme en "Noires" qu'il avait attendu désespérément jusqu'à la lueur de l'aube et qu'il n'avait pas vu venir, c'était Ran. Ran Mouri. Son amie d'enfance.

Il ne comprenait plus. Qui était cette femme? Grandissait-elle tout ce temps en face de lui, portant un masque? Jouant le rôle de la fille niaise, idiote, de bonne volonté, et qui usait de son karaté pour le corriger?

Et surtout, savait-elle qui il était? Lui, Shinicho Kudo et non Conan Edogawa?

Il s'assit sur un fauteuil, passant inlassablement ses mains sur son visage.
Haibara s'approcha, timidement, non habituée à ce genre de débordement de la part du détective.
Elle s'accroupit face à lui, ils se fixèrent.
-Il y a sûrement quelque chose, ça ne peut pas être vrai.
Elle le fixa. Lui qui ne disait la vérité, et ne voyait que ça, il se retrouvait aveugle face à celle-ci?
-Ne mens pas. Nous avons lu et tout correspond. Crois-tu que ça me fasse plaisir de me dire que c'est vrai? Ran est comme ma soeur. Et pourtant, ses mains... Ses mains baignent dans le sang Kudo.

Une larme coula, il l'essuya furtivement. Haibara, elle, ne se tint plus. Le choc de la nouvelle et cette larme de Kudo, lui qui ne pleurait jamais, l'acheva. Elle éclata. Des sanglots la prirent.
Il la prit dans ses bras.

-C'est moi!

Elle déposa ses courses sur le plan de travail, essoufflée, les joues rouges.
Elle souriait, tout en s'approchant d'eux.
Shinichi se plaça entre elle et Haibara.
-N'avance plus!
Elle s'accroupit face à lui, et lui pinça les joues. Haibara sortit du dos de Shinichi.

-Shinichi Kudo, depuis le début, je sais tout. N'essaye même pas de me mentir. De même que pour toi, Shiho Mayano.

Shinichi recula. Alors...Avait-elle un rôle dans tous ce qui leur était arrivé?

-Heureusement que j'étais là, sinon Gin vous aurait tués vous deux, depuis belle lurette.
Elle se releva, et leur fit demi-tour. Dans la cuisine, elle ouvrit le robinet, faisant couler à flots l'eau froide. Elle prit un verre, l'emplit et le but.
-Vous en voulez?
Aucun ne répondit.
-Tant pis. Bon, venez vous asseoir. Il faut que l'on parle. Après, il sera trop tard.

Ils s'assirent, silencieusement, autour de l'îlot.
-Tout d'abord, ce n'est que lorsque Shinichi a disparu, que je me suis retrouvée avec eux. Ils m'ont dit que si je voulais te retrouver, il fallait que je travaille pour eux. Et c'est ce que j'ai fais. Ne me demandez pas quoi. Tenez, attrapez.
Elle leur balança à chacun d'eux, une petite pilule.
-C'est le remède à votre poison.

Rêvaient-ils ou allaient-ils bien pouvoir reprendre leur forme de départ?
Ils s'empressèrent de l'avaler. Dans la seconde qui suit, ils étaient nus, essoufflés, transpirant de part et d'autres
-Haibara... Non, Shiyo, tiens.
Shiyo prit la couverture que lui tendit la jeune femme. Shinichi avait déjà disparu.
-Pourquoi en les quittes-tu pas maintenant que tu as retrouvé Shinichi?
"C'est beau, les rêves..." songea Ran, tristement.
-Tu sais mieux que moi que les quitter, c'est impossible... A moins de rejoindre les cieux.

Shinchi entra, vêtu d'une chemise et d'un pantalon bien trop larges pour lui, appartenant à Kogoro, le père de Ran. Celle-ci pouffa en voyant le jeune homme flottant dans une masse informe.
-Tu es si mignon...
Elle le murmura tout bas, mais Shiyo l'entendit. Et se dit qu'elle ferait tout pour que cette jeune femme vive. Non comme sa soeur qui décéda en voulant quitter ces hommes...

Elle se sentit soudain lasse, le sommeil lui venait. Shinichi se rattrapa à l'accoudoir du fauteuil, et s'affala dessus. Shiyo entendit Ran murmure un "désolée" avant de sombrer elle aussi.

Elle n'était plus. Ils avaient lus la lettre ensemble.

"Je n'ai aucune formule pour débuter cette lettre. Je ne sais pas trop quoi vous dire.
Simplement, mes actions m'en emportaient, c'était le prix à payer pour te retrouver.
Je t'aime. Et cela ne s'arrêtera jamais, quand bien même je me retrouverais en train de brûler vive dans les flammes de l'Enfer.
Vous ne savez rien, vous n'avez rien vu.
Avec ma mort, ils vous laisseront en paix, ne vous inquiétez pas. J'avais certaines pièces en main pour les mener par le bout du nez jusqu'au bout.
Que dire de plus? Vivez. Profitez pleinement. Vous êtes libre maintenant.
Mon seul souhait serait que vous ne m'oubliez jamais. Parlez à vos enfants de moi comme Tata Ran.
P.S: Prenez soin de vous, de mes parents, de mes amis et de l'équipe des Petits Détectives. Ils sont importants pour moi."

  Venait-elle vraiment de sacrifier sa vie pour eux?
Ils feraient tout pour ne pas rendre ce sacrifice inutile. Maintenant, il fallait vivre, mais avec elle à leurs côtés, comme un petit ange qui retranscrit tous nos actes bons.
Ils devaient être, maintenant, ce qui transmettraient son souvenir à leurs futurs descendances.

RecueilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant