Yeux Gris Et Roulette Russe

Le diner.

                          C'est comme ça que je me suis retrouvée dans une chambre aussi grande que mon salon, dans mes pensées. Un voyage linguistique... Et puis pourquoi pas un road trip dans un des pays qui m'attire le moins du monde...

Un bruit attire mon attention.

- Hey, salute.

Je relève la tête et mes yeux croisent un regard de la même couleur qu'un ciel d'orage. Je reste figée devant le jeune homme aux cheveux ébènes qui vient de passer le pas de la porte. Il paraît aussi stupéfait que moi, sauf que moi je sais pourquoi je suis dans cet état : j'ai rarement vu un garçon aussi séduisant. Il parle français avec un accent russe que je trouve soudainement hyper mignon.

-  Je suis Aleksei, mais tu peux m'appeler Alec. Je suis celui qui doit t' apprendre le russe.

Il sourit mais son visage reste de marbre, passé son expression de stupeur lorsqu'il m'a vu. Je sais que mon look peut surprendre, mais sans doute qu'en Russie, les filles aux cheveux rouges ne courent pas les rues. Il a dû me prendre pour la petite sirène.....

-  Hum, salut, je suis Selena. Enchantée.

Je me lève précipitamment et tend ma main. Maintenant que je suis debout, il me reluque de la tête aux pieds et hausse les sourcils en voyant mon short et mes collants noirs.

- Toutes les filles portent ce genre de chose en France ?

- Pas toutes, juste celles qui aiment ça.

- Alors tu vas devoir changer. Maintenant que tu es sous la responsabilité de ma famille, il va falloir changer certaines choses, à commencer par ta tenue vestimentaire.

Je le trouve déjà beaucoup moins attirant.

- Personne n'a à me dicter comment je dois m'habiller.

Il hausse les sourcils de nouveau.

- Je ne te demande pas ton avis. Si il faut que je vienne t'arracher moi même tes vêtements pour que tu mettes quelque chose de convenable pour une jeune fille, je le ferais.

Et il dit ça tranquillement, sans sourciller. C'est une blague ?!

- Bref, je venais te dire que le dîner sera prêt dans une heure, donc je te prierais d'aller te laver, et t'habiller convenablement.

Je lui lance un grand sourire.

- Je vais...
- Ne pense même pas à remettre les guenilles que tu porte, tu ne mangeras pas tant que tu porteras ce genre de choses. Tu as tout ce qu'il te faut dans la penderie.

Je reste bouche bée devant son ton égal.
C'est officiel. Je l'aime pas.

Je me retrouve seule devant cet immense dressing. Des robes de toutes les formes et de toutes les couleurs sont accrochées par des ceintres. Sérieusement ? Je soupire lourdement. Aller, au hasard. Plouf plouf. Une robe d'un gris glacé, près du corps. Le même gris que les yeux du glaçon. Génial. Il va croire que j'ai fais exprès. J'ai bien envie de tous les envoyer se faire voir et de garder mes vêtements mais après ce long voyage, je ne pense pas que ce soit une bonne idée. Je trouve des sous vêtements et je rougis devant autant de dentelle. C'est une blague.... Je choisis l'ensemble le moins osé et part en direction de la salle de bain. Je prend une longue douche chaude qui détend tous mes muscles et ne peux m'empêcher de chantonner.

Je suis habillée, et une dame en tenue de bonne est venue me maquiller et me coiffer. Je me demande si c'est réellement un dîner lambda ou si ces gens reçoivent du monde. Je me regarde une dernière fois dans le miroir. La robe met mes courbes en valeur. Ma taille fine fait ressortir mes hanches et mes fesses voluptueuse et je regrette de ne pas avoir changer de robe. Sans doute que ça sera trop osé pour un simple repas ? Ils avait qu'à me laisser porter des vêtements normaux.... Je remonte au niveau de ma tête et peine à me reconnaître sous le maquillage que Ivanochka à appliqué sur mon visage. Ma peau normalement parsemée de tâches de rousseur est d'une blancheur de lait. Mes yeux noisettes sont soulignés de noir et ma bouche est peinte d'un bordeaux faisant ressortir mes cheveux rouges qui ont été bouclés au fer et lâchés dans un amas de boucles sur mes épaule. J'avance avec difficulté vers la porte, mes escarpins (je ne sais pas marcher avec des talons) et ma robe m'empêchant d'aller plus rapidement. Je souffle un bon coup avant de passer la porte.

La descente des escaliers à été un enfer, mais deux domestiques m'ont quand même bien aidés. Ils me guident jusque devant deux grandes portes (celles de la salle à manger ?) et l'un d'eux me fait même un sourire réconfortant. Respire Selena. J'ouvre l'une des portes et me retrouve devant une immense table autour de laquelle se trouve une dizaine de personnes. Et actuellement, toutes ont les yeux rivés sur moi. En observant les femmes attablées, je me rend finalement compte que ma robe n'est pas si excentrique que ça, comparée à certaines... Je croise le regard de Nikolaï qui me salue discrètement de la tête. Mes yeux s'ancrent ensuite dans ceux du glaçon (#Aleksei) qui me regarde avec des yeux approbateurs.
Nina jesaisplusquoi porte une robe jaune poussin avec un décolleté faisant remonter son opulente poitrine. Donc ça va, je suis pas la pire. 

- Tu es enfin présentable. Je savais que Layla avait fait les bons choix en terme de tailles et de formes.

- Je peux voir que tu es toujours aussi chaleureux le glac... Aleksei.
Il fronce les sourcils.

- Je t'ai gardé une place avec les femmes.

C'est quoi cette famille ? Les femmes d'un côté, les hommes de l'autre ? C'est pas très moderne.... Je m'assois donc entre Nina-la-folle et une jeune femme aux cheveux bruns. Ils parlent tous en russe et je comprends kedal. Je n'ouvre donc pas la bouche du repas et reste le nez baissée dans mon assiette. Les femmes piaillent et les hommes s'expriment dans un russe dur. À moins que ce soit le russe normal. Je ne sais pas. Quand je vois tout le monde se lever, je me lève aussi, et tous se saluent. Personne ne prend la peine de me saluer moi, et j'en profite donc pour sortir de table. Ce repas m'a mise extrêmement mal à l'aise. Personne ne m'a parlé, et je commence à croire que je faisais juste partie du paysage. Je m'avance le plus rapidement possible vers l'escalier, mais le glaçon m'attend devant et me barre le passage. Génial.

- Je tenais à te dire que tu étais très jolie ce soir.

Je le regarde de haut en bas.

- Depuis quand t'as décidé d'être gentil avec moi ?

- Bonne nuit.

Ah d'accord. Il coupe court aux conversations comme ça lui. Il me tend la main mais je passe devant lui en l'ignorant complètement. Il me tire violemment le poignet pour que je le regarde dans les yeux.

- Arrêtes ce genre de comportement. Nous ne sommes plus dans la cour de récréation depuis longtemps.

- Malheureusement pour toi, je suis encore au lycée, donc je connais encore les joies de la cour et des amitiés qui s'y forment. Si tu veux être seul, froid et entouré de ta famille de mafieux, et bien tant mieux pour toi. Mais moi j'ai rien demandé, je n'ai jamais cherché à venir ici et encore moins à être en contact avec un glaçon comme toi. Si je ne me suis pas encore barrée, c'est uniquement parce que je veux m'assurer que la petite ne risque rien. Ce n'est, et ne sera jamais pour ce pays ou pour l'un d'entre vous.

Il me lâche enfin, et je peux remonter dans ma chambre. J'en ai marre de ces talons et de cette robe, et c'est juste parce que je sais que monsieur est encore en bas des escaliers à surveiller mon dos (ou mes fesses) que je ne cède pas à l'envie de les enlever. En tous cas, super ce diner....