I lov... hate you!

4.4K 423 10
                                    


             Une fois la porte d'entrée passée je sens l'air emplir de nouveaux mes poumons en passant par mes lèvres bleuies et gercées. Je n'avais vraiment pas conscience du froid quand je suis sortie.... Aleck retire son lourd manteau et grince des dents en voyant mes mains et mes lèvres presque violettes.

- Tu n'aurais pas du sortir comme ça, regardes dans quel état tu es... Tu vas être malade et Stan va être furieux.

Je le regarde avec un sourire.

- Dis plutôt que ça te fait quelque chose le fait d'imaginer ne plus me voir pendant quelques jours.

Il s'esclaffe et m'ébouriffe les cheveux... Un geste qui ne me rappelle que trop mes frères... Mon regard se voile. Je n'ai pas le temps de dire quoi que ce soit que j'atterris sur l'épaule du russe terriblement canon qui ressemble au personnage de mon histoire....  Il me donne une petite claque sur les fesses et je commence a m'exclamer:

- Eh mais tu te calmes toi? Tu t'es cru chez mamie?

Il se marre tout en resserrant sa prise sur mes jambes. Je gigote pour essayer de me sortir de là.

- Reposes moi! Tout de suite!

Il commence à partir vers les escaliers et je le frappe au niveau du dos pour qu'il me lâche. Il est plus robuste qu'il n'y parait apparemment.... Je finis par abandonner, voyant que mes efforts sont totalement vains.

- C'est bon petit vers, tu t'es résolu à arrêter de bouger dans tous les sens?

- Toi, je te parle même plus....

Je me mets à bouder et il rigole de plus belle. Cette complicité s'est créée tellement rapidement.... J'ai rien vu venir. Je ne pensais pas que ce type savait rigoler, et encore moins s'amuser à m'embêter. Mon corps arrête d'être secoué, signe qu'il s'est arrêté. Je m'attends à ce qu'il me dépose sans ménagement, mais il me refait passer devant lui, si bien que je dois m'accrocher pour pas me péter la figure. Mon visage face au sien, mes bras agrippés fermement à ses épaules (je suis à deux doigts de m'accrocher à son cou) et mes jambes ancrées autour de sa taille, je dois ressembler à un bébé koala sur sa mère.

- Bon maintenant que tu m'as bien ridiculisée, je peux descendre musclor?

Sourire en coin.... D'ici, je peux voir qu'il n'a pas une, mais DEUX fossettes, la deuxième dissimulée à chaque fois à mes yeux par les plis de son sourire....

- Moi j'aime bien comme ça, pas toi?

Je détends une de mes jambes pour voir si je touche le sol et me rend compte que non. Il est si grand que ça? Je décide de me laisser glisser le long de son corps, mais monsieur en a décidé autrement et ses mains rattrapent mes cuisses pour les soulever à nouveau, m'obligeant à m'accrocher à son cou. Cette situation est plus que gênante.... Je garde les yeux baissés de peur de croiser les siens.

- Tu es devenue bien muette d'un seul coup....

Je me risque à redresser la tête mais je crois que je n'aurais pas du. Le voir aussi proche me donne des idées.... Et le pire c'est qu'il a l'air de capter parce qu'il passe lentement sa langue sur ses lèvres. Je ne sortirais jamais d'ici vivante..... Il se remet pourtant en marche mais dépasse la porte de ma chambre. 

- Hey Roméo, ma chambre est de l'autre côté!

Il fait exprès de faire un pas plus grand pour que je perde l'équilibre et me raccroche à lui.

- C'est normal Juliette, je ne comptais pas t'emmener dans ta chambre.

- Si tu comptes m'emmener dans la tienne, tu peux rêver.

- Oh quel dommage, c'était pourtant ce que j'avais en tête.

J'ai vraiment envie de le frapper là....

- Je rigole, je trouve que tu passes beaucoup trop de temps enfermée toute seule, je comptais t'emmener dans une pièce qui compte beaucoup pour moi. 

Je soupire de soulagement.

- Merci...

Il hausse un sourcil.

- Pour?

- Te soucier de moi.... Personne ne s'était posé la question du pourquoi je reste dans ma chambre tout le temps.... La vérité c'est que je ne sais pas quoi faire d'autre, ni où aller sans risquer de déranger ou de croiser des gardes armés...

Ses sourcils se froncent.

- Ma mère a dit que tu étais ici chez toi, tu vas et fais ce que tu veux. Tu peux même demander à des domestiques de t'indiquer où je me trouve, certains parlent anglais. 

J'hésite à poser la question qui me brule les lèvres.

- Dis moi Aleck, est-ce que j'aurais le droit de sortir?

- C'est à dire?

- Je ne sais pas moi, aller visiter?

Il grogne légèrement.

- Ca te ferait plaisir?

- Bah j'en ai marre d'être enfermée, c'est pour ça que je suis sortie tout à l'heure....

Il souffle. 

- Bon d'accord, ça te dirait de venir te balader avec moi demain? Avec un manteau cette fois-ci....

J'accepte la pique, après tout je l'ai méritée.

- Avec plaisir.

Pour la première fois de ma vie, je me sens presque intimidée. Ca ne m'étais jamais arrivé à ce point, même pas avec Harry.

- Et bien sois prête demain pour onze heure, je t'emmène toute la journée. 

Il s'arrête devant une porte et me dépose (enfin) sur le sol. 

- Tu vas voir, c'est l'endroit le plus magique de la maison. Mon père l'a offert à ma mère pour leurs vingt ans de mariage.

Je suis totalement impatiente de voir ce qu'il se cache derrière cette porte tout à fait banale. Il l'ouvre doucement et s'efface pour me laisser rentrer. J'entends un bruit puis la lumière s'éteint brusquement. Je relève la tête et suis totalement émerveillée par le spectacle qui se passe au dessus de ma tête : la voie lactée, en entière, plus vraie que nature, brille de milles feux. Je sens Aleck se rapprocher de moi.

- Ca te plait?

Je n'arrive même pas à lui répondre tant je suis bouche bée. Je ne réagis pas lorsqu'il prend ma main et entrelace nos doigts.

- Tu es la première personne en dehors de la famille a voir cela...

Je me tourne vers lui et ne peux empêcher mes larmes de couler. Son regard est étrangement remplis d'émotion et je la partage sans peine. Je pose doucement ma main sur sa joue et me penche pour l'embrasser sur la joue.

- Merci beaucoup, vraiment. Tu n'es finalement pas aussi prétentieux que je le pensais....

- Petite peste va.



Yeux Gris Et Roulette RusseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant