L'aigle

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                  Je le regarde d'un œil mauvais.

- Je ne vous connais pas mais je sens déjà que nous n'allons pas nous entendre Monsieur Aleck Novska.

Je ronchonne. S'il s'approche encore il peut dire adieu à sa descendance de mafieux.

- Et bien demoiselle, je vois que l'on sort les griffes. Je pourrais sortir les miennes également, cela risquerait de devenir bien plus intéressant. 

Je pense qu'il plaisante, vu le regard amusé qu'il me lance. Dieu qu'il est beau.... Une beauté froide et implacable. 

- Tu pourrais au moins me remercier ma belle. 

De?

- De?

Il s'approche toujours plus de moi et se penche pour souffler dans mon cou, mais ne me touche sous aucuns prétextes.

- La chemise que tu portais, d'ailleurs tu la portais très bien, c'était la mienne. Je n'avais aucuns pouvoirs sur la rage de mon frère mais je pouvais au moins te faire vêtir quelque chose. C'est le seul vêtement que mon frère m'a autorisé à t'apporter.

Alors c'était lui qui avait ramené cette chemise que j'ai trouvée près de moi un matin. Je peux bien le remercier, parce que rester seins nus devant les abrutis qui m'apportaient ma "nourriture" et pendant les interrogatoires aurait été bien plus qu'humiliant.

- Merci beaucoup, elle m'a été très utile... Je la laverais et vous la rendrais dès que possible.

Un fin sourire étire ses lèvres.

- Tu peux la garder, je serais plus qu'heureux d'avoir une autre occasion de la voir sur toi...

Je vois qu'il ouvre la porte juste à côté de nous puis s'efface pour que je rentre tout en tenant la porte. Quel gentleman.

- Et voici la chambre de la demoiselle.

Elle est juste whouah. J'ai pas d'autres mots... C'est incroyable comme je suis passée d'une cellule miteuse à une chambre de princesse! Il y a tout ce qu'il faut : lit à baldaquin, coiffeuse, dressing, tout!

- A en voir ton visage, je pense qu'elle te plait.

J'hoche la tête sans vraiment le regarder, j'avance dans la chambre magnifique. Il comprend que j'ai besoin d'être seule et s'apprête à partir.

- Nous te ferons appeler pour les repas et pour tout le reste ne t'inquiète pas, Stanislas t'expliquera le moment venu.

- D'accord, merci beaucoup.

- De rien demoiselle... Oh une dernière chose, tu as encore des traces de mon odeur sur toi, c'est assez exaltant qu'une jeune française toute mignonne la porte...

Je dois être rouge pivoine....

- A ce soir princesse.

Mais il va arrêter lui!

*****

           Trois coups retentissent à la porte, me sortant du sommeil dans lequel j'étais confortablement plongé. Dieu, qu'est-ce que les lits m'avaient manqué! Je sors péniblement de ma montagne de couvertures et me traine jusqu'à la porte que j'ouvre lourdement. Une dame minuscule se trouve de l'autre coté avec un énorme paquet dans les bras (sans mentir je suis sûre qu'il est plus gros qu'elle). Elle passe à côté de moi en vitesse et le dépose sur le lit avant de ressortir aussi vite qu'elle est arrivée non sans m'avoir adressée un petit signe de tête en guise de salutations. Je referme la porte, toujours la tête dans le pâté et me dirige vers l'énorme boite. Oh et puis crotte de bique ça attendra, j'ai qu'une envie c'est de me recoucher. 

*****

          BOUM!BOUM!BOUM!

- Mademoiselle Selena! Si vous n'ouvrez pas de suite, Igor sera obligé de défoncer la porte pour vérifier que vous allez bien! Vous auriez du descendre il y a plus d'une demi heure! Tout le monde vous attend!

Hein? 

VLAN! La porte vient de céder sous les coups de ce Igor. La petite dame de tout à l'heure se précipite dans la chambre avec un air paniqué. Elle semble jurer en russe et s'active tout en dégageant le molosse qui a ouvert la grande porte pour repousser cette dernière et la refermer prestement. Elle me tire de mon cocon sans ménagement et je suis trop ensommeillée pour comprendre ce qu'il m'arrive. Elle semble totalement paniquée et me secoue dans tous les sens avant de m'entrainer vers la salle de bain. Elle me débarbouille très rapidement avant de s'occuper de mes cheveux et de me maquiller comme une princesse. Une fois finis elle me pousse vers la chambre et me fait asseoir à la coiffeuse avant d'ouvrir le paquet au pied du lit. Je l'avais totalement oublié celui là! Elle en sort plusieurs cartons dont une boite à chaussure et un écrin carré. Une magnifique robe couleur nuit que je n'aurais jamais imaginé porter un jour accompagne le tout. Il y a avec cela un ensemble de lingerie gris perle qui me fait rougir. Elle me tend l'ensemble et je vais le mettre dans la salle de bain. Je reviens fagotée comme une Victoria'Secret'Angel et je me sens tout sauf bien. Elle me passe la robe et me l'attache. Je n'aurais jamais cru être aussi belle un jour... Elle me met les chaussures tandis qu'elle me presse d'enfiler les bijoux de l'écrin que j'ouvre délicatement pour en sortir une chaîne à laquelle pend une émeraude verte tirant sur le bleu turquoise simplement magnifique. J'attache les boucles d'oreille assorties et la petite dame me tire précipitamment vers la sortie, si bien que je manque de me rétamer avec les talons et la robe moulante. On descend les escaliers quatre à quatre et je ne comprends toujours pas où nous nous rendons mais bon, j'ai décidé de la suivre vu le miracle qu'elle vient d'effectuer sur moi. Plus on se rapproche de la plus grande porte que j'ai jamais vu et plus du bruit de la musique et des rires se font entendre. C'est quoi ce cirque. Deux gardes ouvrent les portes et j'ai maintenant sous mes yeux une salle de réception gigantesque. Plein de gens, des hommes élégants dans leurs costumes sur mesure et des femmes toutes dignes d'être dans des magazines se tournent vers moi. C'est par où la sortie s'il vous plait? Mais les portes claquent derrière moi et les regards dévient vite pour reprendre leurs danses charmeuses sur les personnes du sexe opposé. Je soupire lourdement. Allez Sel, essayes de pas te rétamer dans les escaliers devant tout le monde... Je commence ma descente en maudissant les cieux de m'avoir foutue ici avant de sentir un regard insistant sur mon être. Je relève la tête et croise des yeux gris aciers. Des yeux d'aigle. Je le maudis lui aussi, surtout quand je vois le sourire en coin qu'il affiche alors qu'il sirote tranquillement une coupe de je ne sais quel alcool entouré d'autres jeunes hommes malheureusement pas aussi beaux que lui. Je crois que le karma m'est revenu en pleine tronche parce que je loupe la dernière marche et m'affale sur le sol dans un bruit de baleine faisant un plat...

Yeux Gris Et Roulette RusseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant