Monsieur Novska

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                      Je me réveille surexcitée : aujourd'hui je sors enfin! J'ai trop hâte! Je descends de mon lit en vitesse, le redresse (même si ce sont des domestiques qui sont chargés de le faire) et m'habille. J'essaie de prendre des vêtements chauds et descend les escaliers en courant, manquant de renverser quelques femmes en tenue de bonne. J'arrive dans la grande cuisine toute excitée et emporte mon petit déjeuné dans la salle à manger, où se trouvent déjà les jumeaux blonds.

- Et bien, on dirait que tu voles dans les airs! Que t'arrives-t-il petite française? Rigole Eden en me voyant sautiller autour de la table pour venir leur dire bonjour.

- Je sors enfin aujourd'hui!

Ils se regardent sans comprendre.

- Stan te laisse sortir seule?

Je fronce les sourcils (je crois que je vais finir par avoir un plis entre les deux yeux si ça continue)

- Non, je sors avec Aleck.

Evie glousse et je me rends compte de ce que je viens de dire.

- Eh! Non je ne sors pas avec... Enfin on est pas en couple hein! Il m'a juste promis de m'emmener en balade pour visiter et changer d'air.

Eden lève un sourcil moqueur.

- Ah ouais, et t'as fais quoi pour qu'il accepte? Notre frère n'est pas le genre de mec à se préoccuper des envies de n'importe qui.

- Et bien alors je ne dois pas être n'importe qui alors. 

- On dirait bien... chuchote Evie.

Je réfléchis une seconde.

- Ca vous dirait de venir avec nous?

- Moi j'y vois pas de probl...

Eden s'interrompt lorsque sa sœur le regarde d'un œil assassin.

- Ouais nan, finalement ça va pas être possible...

J'hausse les épaules et me dépêche d'engloutir mon chocolat chaud et un pain au chocolat que Madame Novska a gracieusement fait préparer par un pâtissier français. Cette femme est un ange.  Je remonte, non sans avoir saluer les jumeaux et passe par la salle de bain avant de redescendre avec une paire de basket. A 10h45 je suis devant la porte d'entrée, prête à sortir (je n'ai par contre toujours pas de manteau). A 11h00 pile je vois enfin Aleck arriver. Je ne peux pas m'empêcher de lui sauter dans les bras. Il me rattrape et étouffe un rire.

- Et bien, si c'est pour avoir un tel accueil, je suis prêt à aller me balader tous les jours s'il le faut.

- Tu peux pas savoir à quel point je suis heureuse de sortir de cette maison! 

Il me repose délicatement et me tend une grosse parka avec de la fourrure rose. Sérieusement?

- T'as rien trouvé de plus flashy? 

Il hausse les épaules.

- C'est ce que j'ai trouvé de plus chaud dans ta taille alors tais-toi et enfile le avant que je ne change d'avis et qu'on ne sorte pas.

Je décide de la boucler (pour une fois) et enfile l'immonde vêtement. Il me regarde avec son éternel sourire en coin.

- Moi j'aime bien, c'est mignon, on dirait une petite fille.

Je ne sais pas comment je dois le prendre. Je décide de jouer à son propre jeu.

- C'est plutôt cool, au moins je sais que tu ne pourra spas m'emmener dans une ruelle sombre pour me violer, sous peine de passer pour un psychopathe pédophile.

Il ouvre grand la bouche, choqué. Je lui sors un sourire colgate et ouvre la porte pour me précipiter dehors. De l'air! Enfin je vais voir autre choses que les murs du manoir!

- Hey, attends!

Alors que je cours vers les grilles, deux gardes m'arrêtent et me prennent chacun par un bras. Je me débat, détestant lorsque l'on utilise la force avec moi. 

- Lâchez moi bande de mollusques sans cervelles!

Il raffermissent leur prise et je vois Aleck se rapprocher de nous.

- Lâchez la, c'est un ordre.

Ils me lâchent prestement et s'inclinent maladroitement devant lui.

- Nous sommes désolés Monsieur Novska, mais votre frère ainé a demandé à ce qu'elle ne sorte sous aucun prétexte.

Il attrape ma main et me ramène proche de lui.

- Elle sort avec moi, il n'y a aucune fuite à craindre. 

- Bien Monsieur.

Je me rend compte que je suis hyper surveillée. Bin oui ma vieille, ici c'est la mafia russe, tu t'attendais à quoi....

- Selena?

C'est la voix d'Aleck qui me réveille.

- Oui?

- Tu avais l'air ailleurs, ça va?

- Oui, t'inquiètes.

Il me sourit et m'entraine vers une grosse berline noire aux vitres teintées (le clichéééééééé) qui attend devant les grosses grilles. Un chauffeur nous ouvre les portes et je regrette que ce ne soit pas le ruscoffe agaçant qui conduise. J'aurais aimé pouvoir discuter avec lui sans avoir quelqu'un d'étranger dans la voiture. Il m'aide à monter et entre à ma suite. Il doit voir que je tire la tronche parce qu'il pose une main sur ma cuisse.

- Un problème?

Je vire sa main et m'éloigne de lui. J'aime pas vraiment le fait qu'on se rapproche de plus en plus, aussi bien mentalement que physiquement. Je ne suis pas dans une histoire fictive là, c'est la réalité et je peux pas vraiment me permettre de me rapprocher d'un mec que je ne verrais plus jamais une fois rentrée chez moi. Même si j'avouerai que, ce n'est pas du tout le même type qu'Aleksey et qu'il est beaucoup plus mignon que le personnage que j'ai créé.

- Selena...

S'il continue de prononcer mon prénom comme ça avec son accent sexy je jure que je vais ouvrir la portière et sauter... Soudain deux mains m'agrippent et je me retrouve à deux centimètres d'un visage carrément magnifique. Ses yeux gris me scrutent et s'ancrent aux miens. Si je ne sors pas rapidement de là je ne répondrais plus de mes actes...

- Tu ne veux vraiment pas me dire ce qu'il se passe? Je sens bien que tu boudes. 

Je me mords la lèvre inferieur. Je lui dis ou pas? Au pire si je ne réponds pas il va se lasser et laisser tomber. Je me contente juste de le fixer sans rien dire. Ses yeux s'assombrissent. Je sens qu'un orage se prépare.

- Quand je te pose une question, ce serait bien de me répondre. Je ne pensais pas que les français étaient aussi mal polis!

Hein? Il pose deux doits sous mon menton et me force à le regarder dans les yeux.

- Tu vas me rendre fou.... Pourquoi me cherches-tu comme ça?

J'hésite à le taquiner. Bon tant pis, si je meurs ce sera en restant moi.

- Ca fait plus d'une question Monsieur Novska.

Il hausse un sourcil (comme d'habitude) et son fameux sourire vient étirer ses lèvres. J'ai peur. Et j'ai raison car une seconde après je me retrouve sur genoux. Je ne comprends plus trop là.

- Tu n'aurais jamais dû m'appeler monsieur.....

Gloups.

Yeux Gris Et Roulette RusseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant