Rétablir la vérité

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                                Ah.... Vous y avez cru? Tant mieux parce que c'est dix fois moins pourri que la réalité. Ah oui, la réalité... Vous voulez vraiment la connaître? En réalité il n'y a jamais eu de gentil Nikolaï, de gentille Layla ou de quelconque baiser avec un beau jeune homme qui m'apprendrais le russe et dont je tomberai amoureuse. Non la vérité c'est que ça fait plus d'un mois que je suis enfermée dans une pièce moisie avec à peine un matelas pour dormir. Tous les jours c'est une vieille femme aigrie qui  m'apporte un repas. Ce que vous pensiez être ma vie en temps réel n'est juste qu'une invention romancée pour éviter de briser vos rêves concernant mon histoire. Je suis sûre que vous pensiez que ça se passerait comme ça, comme dans tous ces romans à l'eau de rose que l'on retrouve dans toutes les chambres d'adolescentes en quête d'amour. La vérité s'arrête au moment où j'ai été capturée. Je vous passe les interminables séances d'interrogatoires concernant la petite. Et non je ne serais pas restée avec ces barges de russes juste pour retrouver une petite fille que j'ai vu pendant deux heures. Ne vous méprenez pas, je suis loin d'être parfaite. La seule chose à laquelle j'aspire est de rentrer chez moi en un seul morceau. 

Repliée dans un coin de la pièce avec pour seul vêtement une chemise (qui soit dit en passant sent l'homme) et une culotte, j'attends. C'est comme ça depuis plus d'un mois. Je pense que je vais finir par devenir folle. Tiens la porte s'ouvre... Je ne crois pas que ça soit l'heure. Deux ombres apparaissent devant moi. Je ne sais même plus si je dois me battre pour sortir de ce merdier ou si rester impassible est la meilleure option. 

- Tu vois, elle est plutôt jolie. 

- Un peu rondouillette mais c'est vrai qu'elle à l'air d'avoir un joli visage. J'aimerais d'ailleurs le voir... Demoiselle?

Ca fait plus d'un mois que j'ai qu'un seul repas par jour et il ose dire de moi que je suis " un peu rondouillette". Lui je vais me le faire! Je lève la tête et lui adresse un regard ombrageux. 

- Redis encore une fois que je suis "rondouillette" et je t'étouffe avec "ma graisse" connard.

Oui ce séjour est en train de me rendre vulgaire. Mais j'en ai clairement rien à faire la tout de suite maintenant.

-Elle a du mordant... Dommage qu'elle ait des chances de mourir après ça...

Je le sens très, très mal. S'il vous plaît...  Laissez moi au moins finir l'histoire où je finirais heureuse avec un Aleksey imaginaire... 

- Aller ma cocotte, lèves toi, je dois t'emmener voir le boss.

Je me lève sans broncher, mais me défait du bras du mec qui a dit de moi que j'étais " rondouillette". Oui je suis rancunière et oui encore une fois j'en ai rien à faire.

Nous avançons dans le couloir sombre qui mène à mon espace de vie. Je suis particulièrement mal à l'aise de devoir être seule avec deux hommes seulement avec deux vêtements sur le corps. D'ailleurs je sais que mister "rondouillette" n'en rate pas une pour se rincer l'œil...

- Je croyais que j'étais grosse.

Il lance un "Hein?" d'incompréhension à son compatriote.  

- Oui c'est à toi que je parle, pauvre naze. Arrêtes de me reluquer sale pervers. 

Il en prend pour son grade et accélère le pas. Bien. Nous arrivons enfin au rez de chaussé de l'immense manoir que possède ces tarés. Cette pièce je l'ai déjà vue une bonne dizaine de fois. Mais jamais plus qu'elle et la salle d'interrogatoire. Là c'est un tout nouveau chemin qu'on emprunte. Ils m'emmène vers une sorte de salon je dirais. Il y a déjà une dizaine de personnes installées sur divers sofas et canapés. Et bien je suis attendue on dirait.

- Bien. Leonard, Guy, vous pouvez nous laissez, dit un homme en anglais.

Leonard, Guy? C'est pas des prénoms russes ça. C'est aussi peut être pour ça qu'ils  parlent en anglais. Tous les regards sont maintenant posés sur moi. Je ne sais plus où me mettre... La femme à côté de l'homme qui vient de parler me lance un regard doux. Elle dit quelque chose en russe et une dame en tenue de bonne arrive en trottinant et me tend une couverture. Je mets du temps avant de comprendre que c'est pour me couvrir. Je la remercie du regard et m'enroule dans la couverture. Je prends le temps d'observer tout le monde. On peut déjà voir apparaître les couples :

- La "gentille dame" et l'homme qui a parlé sont les plus âgés. L'homme dégage d'ailleurs une certaine prestance. Ce sont, je pense, les "Mr et Mme Marvorshka" de la vraie vie.

- Sur leur droite se trouve un autre couple tout à fait singulier. Il s'agit de deux jeunes hommes, d'une trentaine d'années je dirais? Par contre eux, je ne vois pas du tout à quels personnages de ma petite histoire les associer. Layla et Anton? Nina et Nikolaï?

- Un autre couple, beaucoup plus jeune se trouve sur un canapé à part. La jeune fille doit à peine avoir mon âge. L'homme qui se tient à ses côtés, par contre, parait plus vieux qu'elle. La vingtaine sans doute. Serait ce Tasha? Ou Layla?

- Là ce n'est plus un couple, mais des jumeaux si on s'en tient à leur ressemblance. Ils ne doivent pas avoir plus de 15 ans, je dirais.

Lorsque mes yeux croisent ceux du garçon assit à part sur un fauteuil, je sais que je viens de trouver "Aleksey". Je ne sais pas ce qui m'étonne le plus, le fait qu'il ait également les yeux gris ou le fait qu'il lui ressemble presque à l'identique? 


Yeux Gris Et Roulette RusseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant