L'appel du cœur

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                   Après être sortis de ce petit bain improvisé, je quitte Aleck pour retourner dans ma chambre et me préparer. Une vingtaine de minutes plus tard je ressors avec un gros pull beige et un jean noir, heureuse de retrouver des vêtements qui sont plus ou moins les miens. Je ne suis même pas surprise de trouver mon russe préféré sur le pas de la porte. 

- Je crois que je vais finir par m'y habituer... 

Un sourire étire ses lèvres et je regrette presque de n'avoir rien tenté dans la baignoire tout à l'heure...  Ce mec est beaucoup trop sexy pour exister. En fait je me rends compte que quasi tous les mecs que j'ai croisé jusqu'ici dans ce pays sont canons. Pourquoi on a pas plus de beaux gosses comme ça en France?! Et si je le kidnappais avant de rentrer en France? Comme ça je le séquestre arrivé là-bas et j'ai un beau gosse pour moi toute seule. Johanne risquerait de vouloir lui mettre le grappin dessus et comme elle est dix mille fois plus jolie que moi, c'est mort.... Que c'est triste d'être moche. Je ne sens pas le regard interrogateur du russe sur moi.

- Tu as l'air en pleine réflexion, veux-tu que je te laisses y aller seule? 

Je redescends sur Terre et le regarde avec de grands yeux.

- Dis Aleck, tu crois que ça veut dire quelque chose le fait que nos routes se soient croisées? 

Il hausse son fameux sourcil.

- Hein?

- Bah ça aurait pu être n'importe quelle fille. Je suis tellement banale et j'avais une vie tellement loin de tout ça... 

- Il faut croire que c'était surement le destin. 

Il se mord la lèvre et je pense qu'il cherche réellement à me provoquer ce petit con.

- On est fait l'un pour l'autre, il faut croire.

- Rêves pas trop chéri.

Il écarquille les yeux.

- On est d'accord, tu viens de m'appeler "chéri" là?

Je lève les yeux au ciel.

- T'es désespérant, tu le sais ça?

Il se rapproche doucement de moi, et je commence à me dire qu'à chaque fois qu'on se retrouve seuls, il faut à tout prix que l'on joue au jeu du chat et de la souris. Ca me plait bien d'un côté, parce que contrairement à ce que l'on pourrait croire, ce n'est pas tout le temps lui le chat... Mais là, à cet instant précis j'accepte volontiers d'être la souris... Il s'arrête à quelques centimètres de moi, me dominant de sa taille.

- Moi je pense qu'au fond de toi tu m'adore, tu es juste trop orgueilleuse et fière pour l'admettre devant le magnifique mec que je suis.

- Ca va les chevilles mon petit?

- Qui est petit, madame la minimoye? 

- Qui tu traites de minimoye, lardon?

Il se met à rire et m'attire vers lui. Je sens mes pieds quitter le sol. Bizarrement, la panique ne monte pas. Je lui fais confiance, il ne me lâchera pas. Mes mains viennent trouver ses cheveux bruns et son regard cherche le mien. Je tente de regarder partout sauf ses yeux mais il voit pertinemment que je cherche à le fuir.

- Selena, s'il te plait...

- Oui, c'est moi?

- Je suis sérieux...

Mes yeux se fixent soudainement aux siens et ce que j'y vois me coupe le souffle. Ce mélange de tendresse et de peur, je ne l'avais encore jamais vu dans ses yeux. Qu'est-ce qui lui arrive? Je vois qu'il veut dire quelque chose mais qu'il se ravise. Il me repose assez brutalement par terre et s'en va. Je reste coite. Qu'est-ce qu'il vient de se passer là? Il s'arrête en plus milieu du couloir et me lance sans se retourner :

- Stan et Adrian t'attendent, je pense que tu devrais te dépêcher.

Il manque pas de culot lui! Si je suis en retard, c'est de la faute à qui! Il part et je n'ai pas le temps de le rattraper...  le salaud... J'en ai pas finis avec lui. Il va m'entendre! En essayant de me calmer, je me dirige vers le bureau où naissent toutes les magouilles de mafieux dans lesquelles je me suis fourrée jusqu'aux oreilles. Enervée, j'y rentre sans frapper, surprenant les deux hommes en pleine discussion. Ils me regardent de haut en bas.

- Et bien ,nous avons là une demoiselle énervée. 

Je lui lance un regard mauvais.

- Non, tu crois?

Stan semble surpris que je lui réponde sur ce ton. Il semble pourtant ne pas le prendre en compte.

- Il me semble que tu as une bonne heure de retard, ma petite.

- Je ne me souviens pas que nous avions convenu d'une heure précise.

Il se frotte le menton puis se tourne vers son mari, qui, fidèle à lui-même, hausse les épaules.

- C'est peut être vrai, peut importe, au moins tu es là.

- Oui, et qu'on en finisse j'aimerai bien aller voir Mihna. 

Nouveau haussement de sourcil.

- J'en connais un qui va être jaloux...

- Ne me parlez pas de cet abrutit, s'il vous plait.

Ils lèvent tous les deux les mains en l'air, signe d'innocence.

- C'est d'accord, donc parlons de ce pourquoi tu es là.

Je leur raconte alors ma soirée, sans omettre aucuns détails, et Stanislas prend des notes, consciencieux comme jamais. Une fois finit, je m'apprête à me lever et à quitter la pièce quand j'entends Adrian prendre la parole.

- Merci Selena. Vraiment, je ne pensais pas que tu prendrais autant de risques pour nous aider après l'enfer que l'on t'a fait vivre au sous-sol. Encore désolé... Tu sais, pour moi, à cette heure, tu fais partie intégrante de la famille, et s'il faut que l'on te protège, on le fera comme si tu étais notre sœur, parce que c'est comme cela que je te vois désormais. Nous nous battons pour une cause commune, et je trouve que ce que tu fais pour nous est incroyable. Je tenais donc encore une fois à te remercier, même si aucuns mots ne pourront suffire à t'exprimer ma gratitude.

- NOTRE gratitude. Tout cela est vrai, je te remercie vraiment Selena, et j'espère vraiment qu'on ne t'as pas trop traumatisé que ça, et que tu reviendras tout de même nous voir de temps en temps dans le futur...

Ce qu'ils ont dit m'a beaucoup touché.

- C'est moi qui vous remercie d'être encore en vie, même si je suis loin de chez moi, que j'ai perdu au moins 8 kg et que je suis dans un monde qui n'est absolument pas le mien. Je ne vous laisserais pas tomber. Nous allons la retrouver, et je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour pouvoir vous aidez. 

Après un dernier sourire, je sors du bureau à temps pour ne pas les voir se sauter dessus (c'est pas que ca me gêne mais voir mes "patrons" en quelques sortes, s'embrasser et faire zigzig c'est pas vraiment ce dont j'ai envie, là maintenant). Je retourne dans ma chambre pour récupérer mon téléphone que j'ai oublié avant d'aller à la recherche de Minha. J'ouvre la porte et tombe sur le salopard. Il me veut quoi, lui? Je prends un air énervé et m'avance vers ma table de nuit mais il se lève d'un bond et se dirige vers moi comme une furie. Qu'est-ce qu'il lui prend? Ses mains viennent agripper mes joues et avant que j'ai pu faire part de quoi que ce soit il pose doucement ses lèvres sur les miennes. Alors que mon cerveau s'indigne, mon cœur soupire de soulagement, comme s'il "avait retenu son souffle" pendant trop longtemps. 

Enfin... C'était pas trop tôt....


Yeux Gris Et Roulette RusseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant