J'ouvre les yeux très difficilement. Le temps que je retrouve mes esprits, je sens mon crâne me lancer d'une manière désagréable mais presque familière. Je cligne plusieurs fois des paupières avant de me rendre compte que ça ne sert strictement à rien : j'ai une sorte de sac sur la tête, où du moins quelque chose qui me cache la vue sans pour autant me bloquer les yeux. J'entends des bruits tout autour de moi, mais ils me semblent loin, vraiment très loin. Je décide de la fermer pour pas attirer l'attention sur ma petite personne. J'essaie de bouger lentement mes jambes que je sens hyper engourdies.
- Eh les gars, la belle au bois dormant se réveille!
Et merde... Et moi qui voulait faire profil bas... Je ferme fort les paupières lorsque je sens une présence se rapprocher de moi. La lumière traverse la peau fine, et instinctivement, j'ouvre grand les yeux, cherchant autour de moi comme la fille désorientée que je suis actuellement. Des visages m'apparaissent, flous d'abord, puis bien nets. L'homme qui a du m'enlever le truc qui me cachait la vue se tient debout devant moi, qui suis assise, ou plutôt ligotée, sur une chaise de métal glacée. Super. Ils sont au moins quatre (de ce que je peux voir) et tous me reluquent comme un putain de bout de viande.
- Alors poupée, bien dormis ?
Et ils se marrent tous comme si c'était la blague la plus marrante du monde. Ah oui, je me tord de rire, vraiment. Heureusement que mes cheveux (en bataille, bordel je vais avoir un mal de chien à les démêler) cachent un minimum mon corps seulement couvert par un (minuscule riquiqui) short en jeans noir déchiré et un corset en dentelle. Je hais le métier de strip teaseuse... Le con a m'avoir appelé "poupée" se penche vers moi pour attraper mon menton. Mon mouvement de recul sec a du l'énerver, parce qu'une minute plus tard, je me retrouve avec les cheveux tiré violemment vers l'arrière par un autre de ces cons. Obligée de regarder celui qui se trouve en face de moi, j'en profite néanmoins pour bien lui faire comprendre tout le mépris que je ressens pour lui et ses compatriotes. Ça ne l'attendrit pas mais a au moins le mérite de le faire grincer les dents d'agacement.
- Ecoute moi petite traînée, tu vas faire exactement tout ce que l'on te demandera de faire, sinon je ne donne pas chère de ta peau.
J'hausse un sourcil moqueur.
- Ecoute moi bien vieux chnoque (bon il est pas si vieux que ça, mais déjà assez plus que moi pour pouvoir être mon père donc bon), je sais exactement que tu vas rien faire du tout. Je doute que je ne sais combien d'hommes se cassent le cul pour venir récupérer une nana qui débarque de nul part si j'avais pas un rôle digne de Kate Winslet dans Titanic dans votre plan à la con.
J'entends un gars derrière moi murmurer : "Putain, elle est pas conne la gogo", suivit d'un : "Ta gueule Ryan!". Je soupire, je suis vraiment en présence d'êtres à l'intelligence réduite... Et! Mais ces idiots parlent français bordel de cacahuète! Ce qui veut dire que...
- Nous sommes en France, n'est-ce pas?
- Mais quelle déduction, Mademoiselle Mitalis.
J'essaie de tourner la tête, mais la voix provient de derrière moi.
- Laissez nous seuls.
Les toutous s'en vont tête baissée et queue entre les jambes, sûrement par peur de pas recevoir de susucre de leur maître. Pfff, bande de poules mouillées.
- Alors, enfin, nous nous retrouvons en tête à tête.
Je peux apercevoir le corps qui va avec cette voix de stentor. Et putain la vache, je pensais pas me retrouver face à un tel physique. Le mec, qui doit pas avoir plus de 35 ans fait quoi, un petit 1.70m? Ça se trouve je suis plus grande que lui. Bref en plus d'avoir une taille de minimoy, il arbore une casquette des Chicago Bulls avec un costard et des Nike Air Max. Je sais pas ce qui me fait le plus bader. Cette tenue WTF où le fait que se soit hyper stylé sur lui?
- Je vois que nous en sommes aux contemplations... J'avoue que je ne suis pas déçue ma très chère Selena...
Alors comme ça, il connait mon prénom...?
- Tu dois te poser un milliard de questions ma belle... Mais d'abord, as-tu apprécié ton petit séjour en Russie tout frais payé? Plutôt sympathiques comme vacances, n'est-ce pas?
Je ne suis pas sûre de tout comprendre, là.
- Si tu ne veux pas parler, ce n'est pas grave, je le ferais pour nous deux, petite perle.
Il commence à vraiment me les briser avec ses surnoms à la con.
- Bon alors, vous voulez que je parle? Ok, je vais parler, aucuns problèmes. Déjà, arrêtez avec vos surnoms débiles s'il vous plait, puisque vous connaissez mon prénom, autant qu'il serve à quelque chose. Ensuite, mon "séjour" en Russie, je pense pas qu'on puisse vraiment considérer ça comme des vacances tellement c'était épuisant. Et puis, c'est pas comme si j'y étais allée de gaieté de cœur...
Il hausse un sourcil avant de disparaître puis de revenir s'asseoir en face de moi avec une chaise.
- Pourtant, tu avais l'air de bien t'entendre avec un des fils Novksa... Aleck si je me souviens bien?
Je grogne en entendant son prénom. Mon dieu, Aleck... Je ne sais pas dans quel état tu dois te trouver en ce moment, mais je donne pas chère de la peau de Stan...
Pendant ce temps, en Russie, chez les Novska...
PDV Aleck
Je crois que je vais péter un putain de câble...
- BORDEL, ELLE EST OU, MERDE!
Adrian essaie de me calmer par tous les moyens, mais rien ne m'arrête. Tout y est passé: chaises, tables ou meubles en tous genre. J'ai la haine. Je m'élance vers Stanislas pour le choper par le col.
- C'était ton idée espèce d'enflure! Maintenant elle pourrait être aux mains de n'importe quel taré!
Me repoussant, Stanislas lisse son costume trois pièces, ce qui ne fait que m'agacer d'avantage.
- Tu crois vraiment que je ne suis pas inquiet, peut être? Je suis mort de trouille à l'idée que l'un de nos hommes nous annoncent que l'on a retrouvé son corps dans une poubelle! Je fais tout ce qui est en mon pouvoir pour la retrouver depuis ce matin!
Je frissonne lorsque mon esprit s'imagine son petit corps frêle nu abandonné dans une ruelle. Mon corps se crispe et les larmes menacent de couler à tout instant. Je frappe le mur qui me fait face de toute mes forces, jusqu'à ce qu'un trou commencent à se former.
- Aleck, arrête, à part abîmer notre belle demeure, tu ne fais que brasser de l'air! Cesse donc!
Je me retourne vers ma mère qui vient d'entrer dans la pièce. Pour la première fois de ma vie, je la vois démaquillée, les cheveux lâchés sur ses épaules et pas coiffés, des cernes sous ses beaux yeux bleus. Je sais qu'elle est aussi très affectée par la disparition de Selena et qu'elle s'inquiète énormément.
- Je venais vous dire que l'on a enfin retrouvé sa trace. Une prostituée qui se trouvait sur le trottoir juste en face du club a vu deux berlines noires aux vitres teintées sortir de la ruelle qui borde un côté du Russian Roulette. C'est d'ailleurs dans cette ruelle que se trouve la porte de secours du club. Je pense donc qu'ils ont dû l'enlever par ici. Elle a réussit à relever une plaque d'immatriculation, j'ai fais vérifier l'information, et il s'agit bien du modèle de voiture qu'elle a décrit.
Ni une ni deux, je me précipite à la "batcave" comme je l'appelle. C'est un immense bureau au sous sol (il y avait une cave à vin avant, mais Stanislas avait insisté auprès de Père pour y installer un bureau ultra sécurisé) où se trouvent tout un tas de machines informatiques, dont exactement celle que je cherchais : l'œil de Dieu (NDA: pour ceux qui connaissent la référence ;)). Je vais les trouver ces salopards.
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Yeux Gris Et Roulette Russe
Ficção AdolescenteUne lycéenne française, banale et sans histoire, Une petite blondinette égarée, Deux parents déterminés à retrouver leur trésor le plus précieux, Et un jeune homme aussi froid que son pays. Tout cela mêlé à un soupçon de mafia et de romance...