21. Expérience de citadins

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— Vous êtes sûrs que vous voulez rester ?

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— Vous êtes sûrs que vous voulez rester ?

C'était le jour du départ. Le clan entier s'était retrouvé au début du chemin qui grimpait à flanc de montagne. Yann portait sur les épaules un sac à dos volumineux rempli de livres, de feuilles et de crayons. Il avait insisté pour emporter toute sa collection d'encyclopédies sans laquelle, affirmait-il, il ne pourrait de toute façon pas survivre. 

En apprenant cette résolution, Shaure leur avait prêté un âne robuste qu'elle avait copieusement engraissé en prévision du voyage. Yana, quant à elle, ne s'était pas embarrassée de bagages et s'était contentée de passer sa serpe Kholê et deux couteaux à sa ceinture. Paul et Bert discutaient avec elle, à l'écart du groupe.

— Sûrs et certains, 423, assura Bert. On en a assez des aventures et des combats. On veut vivre dans le calme pendant au moins quelques années.

— Sois prudente, dit Paul. La ville recèle bon nombre de dangers. Et si cet imbécile de Yann se montre désagréable avec toi, botte-lui les fesses de ma part.

— C'est une idée tentante, admit 423.

— Reviens vite, ajouta Bert en lui adressant un clin d'œil. Dès que tu te seras débarrassée de ton frère.

423 esquissa l'ombre d'un sourire et se tourna vers son compagnon de route, prête à partir. Mais Yann n'avait pas encore fini de dire adieu à sa famille adoptive et se trouvait pour l'instant enseveli dans l'étreinte de Shaure. La jeune fille les observa avec curiosité, car les démonstrations d'affection lui étaient étrangères.

Finalement, Yann essuya ses larmes et ils purent commencer l'ascension du chemin, lui ployant sous son sac, elle légère et énergique devant lui. Ils marchèrent ainsi pendant des heures sans que le paysage ne daigne changer. Les montagnes se dressaient autour d'eux telles des sentinelles surveillant leur progression. Leur marche était ponctuée par la respiration sifflante de Yann qui peinait visiblement à l'arrière. 

423 jetait de temps à autres des coups d'œil par dessus son épaule pour vérifier qu'il suivait toujours. Elle le laissa s'éreinter toute la journée sans lui accorder de pause, et lui, bridé par son amour propre aussi sûrement qu'une mule, ne se plaignit pas. Le soir, ils s'arrêtèrent aux abords de la plaine et 423 confectionna un feu de bois. La jeune fille s'éloigna furtivement du camp, sans toutefois perdre de vue son frère allongé dans l'herbe, et abattit deux lapins. Elle les fit cuire à la broche sous le croissant de lune et en déposa une part à côté de Yann. Celui-ci, affectant un sommeil profond, ignora le morceau de viande et lui tourna le dos. 423 haussa les épaules et mangea seule, l'estomac étrangement vide.

Le voyage se poursuivit ainsi pendant plusieurs jours sans qu'aucune ou presque amélioration ne soit visible concernant le comportement du garçon. Lorsqu'ils arrivèrent en vue de la ville, la bibliothèque ambulante de Yann s'était réduite de moitié face aux râles inquiétants de l'âne, que le jeune garçon avait finalement chargé avec son propre sac à dos. 423 en avait profité pour emprunter subrepticement quelques ouvrages à son frère afin de pouvoir les lire en cachette. 

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