22. Le bal

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Une fois de plus, la salle du trône était bondée

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Une fois de plus, la salle du trône était bondée. Des centaines d'invités parés de leurs plus beaux atours formaient une haie d'honneur depuis la porte jusqu'au trône, tournant le dos aux fenêtres démesurées qui donnaient sur la cour aux dragons. Les femmes avaient revêtu des robes multicolores et des coiffures impressionnantes rivalisant avec les nœuds de papillon étincelants des hommes. 

Sur la dernière marche, devant l'unique mur opaque de la salle, l'Empereur Néal trônait sur son fauteuil massif couleur bleu azur. Sa barbe rousse détonait de façon surprenante avec son manteau blanc et sa couronne argentée. Quelques degrés plus bas, trois rangées de Maquellans se tenaient debout, mains croisées sur les reins, éblouissants dans leurs tuniques claires. Roland, le plus jeune fils de l'Empereur, occupait une place privilégiée auprès de son père et lançait des coups d'œil moqueurs sur les invités. 

Tout en bas des marches, des dizaines de serviteurs étaient postés de part et d'autre d'un immense buffet regorgeant de coupes de champagne, de caviar et de biscuit à la truffe. Un invité à l'embonpoint imposant portant un turban sur la tête avait déjà commencé à se servir des tartines. Enfin, à l'extrémité de la haie d'honneur, un degré en dessous des Maquellans, Malo attendait. Il abhorrait une tunique sobre rehaussée par des fils d'or qui lui saillaient les épaules.

— Que le bal commence, s'exclama Néal avec bonhomie du haut de son fauteuil. Faisons entrer nos chères demoiselles.

Un orchestre perché sur un balcon entonna un air solennel. Salomé fut la première à parcourir la haie d'honneur, très sophistiquée dans sa robe pailletée qui lui descendait jusqu'aux chevilles. Malo lui prit la main pour l'aider symboliquement à gravir la dernière marche. La demoiselle exotique avait un peu forcé sur le parfum des senteurs de sa région et Malo retint un éternuement à son approche. La jeune fille à la stature de gorille avait opté pour une combinaison noire plutôt qu'une robe, mais qui ne parvenait pas à affiner sa silhouette.

A chaque fois qu'une demoiselle passait, les invités poussaient des soupirs d'attendrissement et déposaient des fleurs sous ses pieds. Lorsque le tour de Yana arriva, le sol était donc jonché d'épines en tous genres qui rendaient la progression périlleuse. Sa robe était simple et reposait délicatement sur ses épaules. Elle était composée d'un tissu aérien bleu pâle qui laissait deviner ses courbes de femme.

Yana s'avança posément dans la salle du trône, avec l'air caractéristique que Malo lui avait déjà vu de celle qui a préparé un mauvais coup. Et il allait bientôt savoir pourquoi. Au fur et à mesure que la jeune fille s'enfonçait dans la haie d'honneur, des cris étouffés s'élevaient depuis les rangs du fond et les invités portaient leur main à la bouche, horrifiés. Malo ne comprenait pas ces réactions étranges et jugeait pour sa part que Yana était ravissante quelle que soit la situation. 

Son regard caressa doucement la natte blonde élégamment relevée en diadème sur son front, les lèvres pâles étrangères à tout sourire qui témoignaient d'un passé tourmenté, la ligne sinueuse et blême de ses cicatrices épousant la forme de son cou délicat et de sa gorge. Malo la voyait forte et vulnérable, implacable et tendre à la fois. Il tint entre ses doigts sa main brûlée et l'accompagna jusqu'à sa place, prolongeant le contact un peu plus longtemps qu'avec les autres prétendantes.

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