1.1 Le Tombeau

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Plus droite que jamais, plus forte toujours

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Plus droite que jamais, plus forte toujours. Les yeux grand ouverts, remplis de larmes peut-être, mais pas des larmes de faiblesse.  Il pleuvait à verse autour d'elle, quelle drôle de couleur que cette pluie. Mieux valait l'imaginer éclatante de transparence, fraîche comme une douche froide. Mieux valait ignorer cette âpre tiédeur qui suintait en coulées rougeâtres le long de son visage. 

La terre était en haut, le ciel en bas, tout allait bien, tout allait bien. C'était la faute du monde. La faute de la nature. On se battait contre elle, ce n'était pas la faute de l'homme, il ne pouvait en être autrement. Il ne restait plus personne, à part elle. 

N'était-elle pas forte, pas courageuse ?  Elle était la meilleure, mais elle aurait voulu que ça s'arrête. N'avait t-elle pas gagné ? Les fouets s'étaient calmés, tout paraissait vide à présent. Etait-ce la nuit qui passait ? On la laissait ainsi, dans une sorte de torpeur, voguant à des lieues de là. Le jeu avait assez duré. C'était fini, maintenant! Elle fut debout à nouveau, à la fois forte et faible. Quelqu'un vint la voir.

— Comment as-tu fait pour tenir tout ce temps ?

— Ce n'est pas moi qui ai tenu. C'est les autres qui étaient pas assez forts.

L'autre la regarda avec un air complètement ahuri et rit en s'éloignant.

— Elle ira loin celle-là, je vous dis, qu'elle ira loin !

L'épreuve était terminée. Elle ne savait pas quoi faire maintenant. Il fallait qu'on lui dise où aller, quelle était la prochaine épreuve.

— Va te nettoyer petite, tu dégoulines.

D'accord, elle y alla immédiatement. D'abord, c'était logique, elle était poisseuse de sang et elle puait la mort. Et puis, on le lui avait dit, et tout ce qu'on lui disait, elle le faisait. Mais elle eut beau frotter au savon, elle était toujours aussi rouge qu'avant, puisque le sang continuait de couler de multiples plaies. C'était très embêtant. On lui avait dit, si tu saignes à mort, va à l'infirmerie dans l'heure qui suit, sinon la suivante tu seras morte. L'heure était presque passée, vite, elle y alla en courant.

— C'est pas beau tout ça, lui fit un homme en remuant des braises. D'où tu sors ?

— De l'épreuve de l'équilibre, Gardien.

— Bah ! Qu'est ce que tu piailles là ? Elle est finie depuis hier, ton épreuve.

— Pas pour moi, Gardien.

— Va pas me faire croire que t'as tenu toute la nuit la tête en bas ! En plus, les fouetteurs ont fini le boulot comme d'hab', vers vingt heures je dirais.

— Moi, j'avais pas fini.

— T'es une dure toi, je te le dis ! Non mais regarde-toi ! T'es trouée de partout. Et puis ça continue à parler en plus. C'est quoi ton numéro ?

Au sortir du TombeauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant