C'était une magnifique journée de printemps. Les cocons des papillons venaient juste de s'ouvrir et on les voyait voleter par centaines au ras des coquelicots et des violettes. L'herbe, brillante de santé avec les pluies récentes, ondulait doucement sous la brise légère du vent. A l'orée du bois, profitant de la fraîcheur de l'ombre, deux enfants jouaient. Le garçon, des mèches noires tombant sur son front trempé de sueur, tenait une balle cabossée à la main. La fille, ses cheveux blonds attachés en une queue de cheval, courait après lui en criant à tue-tête.
Assis en tailleur sur un grand rocher, insensible au soleil qui tapait, un vieil homme à la longue moustache blanche les observait, perdu dans ses pensées. Il tressaillit un peu quand les hurlements perçants de la fille atteignirent ses oreilles, réajusta son chapeau de paille et leur tourna le dos en souriant. Il pouvait bien les laisser s'amuser encore quelques minutes, se dit-il, la chaleur de la journée ne se prêtait de toute façon pas trop aux leçons de géographies.
Soudain, alors que rien ne semblait pouvoir troubler la quiétude de la forêt, un banc de hérons s'envola brusquement dans le ciel en piaillant. Avec un geste vif pour son grand âge, Féliko se leva et scruta les frondaisons. Son instinct lui disait que ce qui venait de se passer n'était pas naturel. Et son instinct le trompait rarement.
— Les enfants, appela-t-il en sautant agilement du rocher, venez tout de suite !
— On reprend déjà la leçon, se plaignit Yann, traînant des pieds. Laissez-nous jouer encore une minute, Féliko !
Féliko entra en trombes dans la maison et farfouilla fébrilement dans les étagères et les armoires. Il jeta pêle-mêle sur le sol les livres et les feuilles gribouillées, avant de trouver enfin ce qu'il cherchait.
— Je ne savais plus où je les avais rangées, dit-il avec un soupir de soulagement.
Il étala sur le sol un grand sac en toile à l'aspect miteux et fit glisser l'ouverture. A l'intérieur, il y avait des armes en acier de toutes sortes et de toutes tailles. Il mit un petit sabre au pommeau de cuir dans les mains de Yana et introduit un couteau dans la ceinture de Yann.
— C'est un peu plus lourd que du bois, alors il faut y mettre toutes ses forces, conseilla-t-il aux enfants. Mais sinon, c'est le même principe.
— Des bandits arrivent ? demanda Yana en soupesant le sabre.
— Non, pas des bandits, répondit Féliko, jetant un coup d'œil rapide par la fenêtre. Ecoutez-moi attentivement, maintenant, tous les deux. Vous vous souvenez sans doute des guerriers sombres, qu'on a vus pendant les leçons d'Histoire. Vous savez que j'ai eu une petite dispute avec eux il y a quelques années de cela. Il se trouve que plusieurs d'entre eux sont actuellement en chemin jusqu'ici.
— Oh, fit Yann en plaquant sa main sur sa bouche.
— Tais-toi et écoute, dit sèchement sa sœur qui regardait intensément Féliko.
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Au sortir du Tombeau
ParanormalCachée au fin fond du Tombeau, Yana n'a eu aucun mal à devenir une terrible tueuse. Mais lorsqu'elle émerge enfin à la lumière du dehors, ses crimes ne peuvent plus être ignorés de personne. Alors, comment mentir à Malo, l'héritier de l'Empire qui l...